4 mars 2017

Le paradoxe du cosmopolitisme

Par Richard Dessens

 

Les idées les plus généreuses en apparence ont souvent des effets pervers qui provoquent des dégâts collatéraux bien plus graves que les maux qu’on était censé détruire.

Il en est ainsi des deux grandes idées directrices des sociétés occidentales. La première est l’interdiction de distinguer des races humaines puisqu’il n’existe idéologiquement et donc légalement qu’une seule Race Humaine. Il convient de mixer à toute force les cultures, les civilisations, les coutumes, les modes de vie, les religions mêmes, pour lesquelles le rêve absolu est de créer une religion unique mélangeant christianisme, islam et judaïsme en simplifiant les dogmes pour aller à l’essentiel : un Dieu, une Race, un Chef (les USA).

Cette uniformisation à marche forcée conduit à des perturbations destructrices qui font voler en éclats toutes les références et les règles de chaque culture, de chaque civilisation.

Lorsque des cultures différentes peuvent se développer souverainement, mettant en exergue leurs spécificités, leurs forces et leurs faiblesses aussi, un respect mutuel s’instaure, d’autant que la fierté d’appartenance permet de fixer les peuples dans leur relation ancestrale avec leur sol. La guerre entre civilisations fortes et distinctes peut aussi traduire des rivalités et des surenchères dangereuses.

C’est là que l’équilibre des puissances et les diplomaties doivent permettre de maintenir des équilibres dissuasifs au maintien d’une paix armée, tout en rendant autonome économiquement les grands ensembles civilisationnels du monde. Tout le contraire des vieilles théories économiques depuis Adam Smith jusqu’à Ricardo qui ont entraîné un néo-colonialisme de la famine et par suite des déracinements migratoires de plus en plus mortifères.

Pour faire bonne mesure les élites politico-financières, soutenues par les médias occidentaux, français et américains en tête, ont « inventé » en 1948 une Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dont la vocation est d’imposer au monde de toutes les diversités, une pensée unique, un régime politique unique, un droit unique, des modes de vie uniques, etc., mais toujours « unique ».

Cette pensée univoque d’un Occident dominateur parce que dominé par des intérêts économico-financiers, et honteux de son passé, veut fondre le monde dans un moule universel, en diluer les spécificités, et lui façonner une platitude sans obstacles ni frontières, tellement commode pour le commerce, la finance et la réalisation d’une mixité générale des peuples, cultures et civilisations.

« Carthago delenda est ! » Le monde aux cent couleurs est destiné à être détruit au profit des puissances dominantes du moment. Grande idée !

Mais le problème est que la mixité et l’uniformisation de principe créent de nouvelles hiérarchies, bien plus terribles que celles de la diversité et des valeurs respectées des civilisations. Dans un groupe constitué d’« égaux » et d’« aseptisés », il y a toujours des chefs. Ces chefs sont tout trouvés : USA et élites européennes qui trouvent dans leurs beaux sentiments de surface le moyen d’écraser en réalité tout concurrent, toute différence, toute spécificité, du haut de leur avance technologique, économique, financière… et intellectuelle…

Tout ce contexte dramatique mène nos élites à haïr, de surcroît, sans complexe et de manière parfaitement assumée, tout ce qui ne correspond pas à leur idéologie mondialiste et de la mixité obligatoire.

Poutine ? Un fou dangereux. Trump ? Un crétin congénital. La Grande-Bretagne ? Incompréhension atterrée et mépris condescendant. Le Pape ? Ringardise et hors du temps.

L’Islam ? On l’encourage en Europe car on en a peur, mais on affecte de dissocier les « bons » (majoritaires évidemment) et les « mauvais » (terroristes, qui nous permettent d’intervenir militairement dans toute une partie du monde, en dehors de tout intérêt énergétique évidemment).

Les mouvements dits « populistes » ? Des imbéciles menaçant nos équilibres partisans et idéologiques. Erdogan ? Un boucher détestable. El Assad ? Un criminel de guerre. Les chefs d’État africains ? Des jouets aux mains des plus forts du moment (les Chinois actuellement… donc, on fait profil bas).

Le reste du monde ? Une grande commisération pour des peuples ânonnants qui n’ont pas encore reçu la lumière de la DUDH (Déclaration universelle des droits de l’Homme).

Il n’y a que deux pays dont on ne parle pas : Israël et la Chine. Le premier pour des raisons de honte et de repentance historiques. Le deuxième car sa puissance fait peur.

Nos élites excluent de leurs indignations et de leurs injures les pays qui représentent la force – économique surtout – ou la repentance européenne. Pour le reste rien n’est respectable aux yeux de nos élites. Lorsqu’on détient la Vérité absolue, on peut parler haut et fort et se comporter en idéologue politique dans toutes les fonctions de la société, et notamment lorsqu’on se prétend un « quatrième pouvoir » naturellement engagé ouvertement pour les valeurs dominantes qui nous mènent à une catastrophe mondiale pour demain.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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