Un Fantômas géopolitique, Olrik
Certaines enquêtes sont osées. Elles dévoilent des pans entiers de la vie privée des vedettes du cinéma et de la variété. L’ancien ministre français des Affaires étrangères de 1997 à 2002, Hubert Védrine, et son fils, Laurent, évoquent, eux, l’énigmatique personnalité du Colonel Olrik dont l’ombre couvre la plupart des grands événements du XXe siècle.
Olrik ? Oui, le responsable du 13e Bureau de l’Empire Jaune fondé au Tibet par des rescapés de la Division asiatique de Cavalerie du Baron von Ungern-Sternberg. L’homme qui essaya de s’emparer des secrets de la Grande Pyramide, qui explora l’Atlantide, qui fut la « Marque Jaune » et qui tenta de voler le collier de la reine Marie-Antoinette à Paris !
Au terme de longues et patientes recherches souvent infructueuses, les Védrine publient un premier bilan passionnant dans Olrik. La biographie non autorisée (Fayard, 2019, 220 p., 20 €). On y apprend que ce maître espion et grand criminel rencontre avant-guerre Edgar P. Jacobs qui, très impressionné, en fait l’adversaire principal du professeur Philip Mortimer et du capitaine Francis Blake. Les auteurs confirment aussi une entrevue avec le jeune réalisateur étatsunien George Lucas qui en tira pour la seconde trilogie de StarWars la figure éminemment politique du Chancelier galactique Palpatine alias Dark Sidious, le futur Empereur des Sith !
Né près de la Baltique au temps de la Russie tsariste, Olrik dont la mère était hongroise, aurait été proche des mouvements nationalistes d’Europe centrale. Puis ce génie de la dissimulation aurait tour à tour travaillé pour la CIA, puis pour le KGB. On retrouve sa trace sur presque tous les continents. Il aurait même vécu en Californie aux côtés des réalisateurs, des producteurs de cinéma, des acteurs célèbres et de belles actrices en quête de gloire dont l’une d’elles lui donna sa fille unique, Julia.
Mêlant desseins géopolitiques et appât du gain, Olrik serait à l’origine du programme nucléaire pakistanais. Il aurait aussi permis à la Corée du Nord de contourner l’embargo international afin de se doter de la dissuasion nucléaire. Les auteurs insinuent qu’au début des années 1960, leur sujet aurait rencontré un certain Lee Harvey Oswald. De là à envisager que le célèbre colonel, as de l’espionnage, ait tiré sur JFK, les Védrine ne s’avancent pas, mais le doute persiste…
Cette « biographie non autorisée » d’Olrik demeure néanmoins insuffisante. On peut s’interroger comment un homme seul a-t-il pu survivre à la traque de si nombreux services spéciaux. À moins qu’Olrik soit affilié à une puissante organisation clandestine telle SPECTRE bien décrite par Ian Fleming ou encore Hydra vaincue naguère par Captain America dans l’univers des comics de Marvel. Et si Olrik et le Crâne Rouge n’étaient qu’une seule et même personne ? À d’autres fins limiers mi-journalistes mi-détectives de poursuivre ces recherches afin de mieux cerner le parcours aventurier du Colonel Olrik.
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