De la Démocratie en Amérique à la démocratie hexagonale
« Les bateaux vont les bateaux viennent, avec le flux et le reflux… et comme les amours humaines un jour ils ne reviennent plus. »
C’est du moins ce que chantait Charles Level dans les années soixante. Il en va de même avec certains auteurs dont l’œuvre, un moment disparue, resurgit au lendemain d’un épisode politique tempétueux. C’est ce courant qui ramène épisodiquement dans les colonnes de la presse « pensante » Alexis de Tocqueville photo) et quelque extrait de sa réflexion. Mais jusqu’à quand ses écrits surnageront-ils aux raz-de-marée du nouvel ordre mondial et aux tsunamis fukuyamesques ?
Le jeune comte qui se voulait en avance sur son temps, avait scruté, ausculté, à défaut de la disséquer, la novatrice et prometteuse démocratie américaine que n’éclairait pas encore le flambeau éblouissant de Liberty Island. Esprit on ne peut plus critique il s’était efforcé de dégager les forces et les faiblesses d’un système politique en devenir. Fils de famille, pourvu d’un titre dont il se serait alors bien passé, il briguait initialement quelque siège à gauche sur l’échiquier politique incertain d’une France qui avait du mal à se relever d’une révolution dévastatrice, d’un empire vaincu et laminé par des traités impitoyables et d’une restauration chancelante.
Ce qu’oublieront trop souvent les admirateurs du futur député de la Manche c’est que, avec l’âge, les enthousiasmes céderont la place à la raison. Il jugera bientôt plus sage de se définir comme un « libéral conservateur ». Et c’est cette même sagesse qui le conduira à tempérer certains de ses propos. C’est ainsi qu’il affirmera être le témoin « d’un rapetissement universel » causé par l’accès au pouvoir d’individus « ne songeant guère aux affaires publiques que pour les faire tourner au profit de leurs affaires privées ». De même sera-t-il conduit à constater une altération des mœurs : « c’est que la dégradation des mœurs publiques vous mènera dans un temps court, prochain peut-être, à des révolutions nouvelles ».
Et, approfondissant sa réflexion, il osera une question combien impertinente : « Est-ce donc que la vie des rois tient à des fils plus fermes et plus difficiles à briser que celle des autres hommes ? »
Son regard sur ses concitoyens l’amènera à douter de l’universalité du droit de vote jusqu’à dénoncer dans les débats portant sur l’établissement de la constitution d’une seconde République encore hypothétique, « l’irresponsabilité » des républicains prétendant l’accorder aux pauvres, aux domestiques et aux soldats. Ainsi revenait-il doucettement, sans oser l’affirmer dans toute sa crudité, à une conception de la démocratie proche de celle d’Athènes pour laquelle l’exercice de la citoyenneté était limité à une minorité de personnes jugées aptes à débattre des affaires de la cité.
Le fait est qu’aujourd’hui la maturité politique de trop nombreux électeurs laissent énormément à désirer. Si le rôle d’une municipalité est globalement compris, celui du député et celui du sénateur restent dans un flou impressionnant.
Pour beaucoup, par exemple, le premier détiendrait quasiment un mandat impératif le conduisant à défendre les seuls intérêts de sa circonscription. Il faut dire que les heureux élus ne font pas grand-chose pour les en dissuader. Les fameuses permanences qu’ils tiennent les jours de marché à Bécotons les Bergères ou à Saint-Mamin sur l’Oignon ne soulignent en rien leur statut exclusif d’élu de la Nation. Quant aux « squatters » du Palais du Luxembourg ! Ouille ! Ouille ! Ouille !
Questionnez votre entourage sur les spécificités des trois pouvoirs, leur exercice rigoureux, leur légendaire séparation et vous serez édifiés. Il y a longtemps que le pauvre Montesquieu, victime de haut-le-cœur post-mortem, est sorti de sa tombe pour hanter les rues voisines de Saint Sulpice où son caveau a d’ailleurs disparu. Ce triste état de fait nous consolerait presque de mesurer les vagues d’abstention qui dénaturent un suffrage universel si longtemps réclamé.
Si vous souhaitez acquérir une solide réputation de sadique exigez de vos voisins les définitions des fonctions respectives du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel.
Pour Jean-François Revel « la civilisation démocratique est entièrement fondée sur l’exactitude de l’information. Si le citoyen n’est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire ».
Alors, comme aurait dit ma grand-mère, on n’est pas rendu.
Le vote est le plus souvent l’expression d’un mécontentement. « Je vote Lependard que je ne connais pas pour empêcher cette crapule de Duglandard d’être élu ». Et comme au cours des campagnes les candidats promettent tous, à un poil de grenouille près, les mêmes lendemains meilleurs, alors… La vague poujadiste qui avait ébranlé la IVe République n’était jamais que le fruit d’un mot d’ordre lapidaire : « Sortez les sortants ! ».
C’est ce type de situation qui illustre le constat aigre-doux établi par Pierre Desproges : « L’adulte ne croit pas au Père Noël, il vote ».
Allons, la démocratie à la française a encore de beaux jours devant elle, à la condition que, conformément à l’histoire de nos républiques successives, au lendemain des catastrophes les ayant emportées, elle puisse se jeter dans les bras réconfortants du premier homme providentiel venu.
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