3 décembre 2020

Avé l’assent

Par Jean-Pierre Brun

Les journaux radiophoniques vous assurent parfois des réveils inquiétants. En pleine crise du coronavirus la nouvelle tombe comme un couperet. Décidément comme aimait à le dire l’ancien président Chirac les emmerdements volent souvent en escadrille. Le pays serait victime d’une crise de grattophobie. L’auditeur lambda se demande à juste titre en quoi consiste cette nouvelle épidémie. Il se précipite donc sur internet afin de consulter la rubrique que lui consacre Wikipédia, l’incomparable site qui remplace le Larousse, le Quillet, le beurre et l’huile de palme. Il découvre ainsi qu’il s’agit en fait de glottopobie, une espèce d’allergie à l’accent. Aigu ? Grave ? Circonflexe ? Serait-ce une forme pernicieuse d’orthographe inclusive ? Non, c’est l’accent du terroir qui est en cause. Cela doit donc se transmettre par voie orale. Pour enrayer sa propagation faudra-t-il bâillonner la population ?

Heureusement Christophe Euzet veille au grain et sa grande expérience en la matière est irremplaçable. Il est né, vit, et enseigne à Perpignan où l’accent catalan assure aux populations indigènes la discrétion indispensable pour se rendre incompréhensibles des gavatxes (les estrangers qui vivent au nord du Pas de Salses).

Il est vrai que l’accent catalan est, comme on dit, à couper au couteau. Un joueur international français de rugby, originaire des Pyrénées Orientales, lors d’une interview intervenue à Cardiff à l’issue d’un match du Tournoi à l’époque des Cinq Nations, avait été pris pour un joueur gallois tant sa diction était rocailleuse et peu compréhensible d’un public non initié.

Mais alors comment ce brave Euzet, un roussillonnais bien né, est-il parvenu à la députation, au Nord, quelque part dans l’Hérault ? Maître de conférences de droit public à la faculté de Perpignan, n’était-il plus compris par des étudiants venus des quatre coins de l’hexagone (les mathématiques modernes ont permis cette réduction, vulgarisée par bon nombre de nos médias) ? Ou peut-être un violent coup de migjorn (vent du sud) l’a-t-il jeté sur les rives de l’étang de Thau.

Remarquez, quand on fait un bout de chemin avec la République en marche, on ne sait pas toujours où les énergies éoliennes tourbillonnantes vont vous pousser. Le Président lui-même ne s’y retrouve pas toujours.

Certains prétendent même que ce malheureux Castex, malgré un accent occitan particulièrement rassurant, pourrait céder sa place à la toujours joyeuse Evelyne Dhéliat qui, depuis des lustres, fait la pluie et le beau temps sur les chaînes de la télévision publique en veillant à garder le pointu d’un parler parisien conforme aux dispositions rigoureuses de l’Édit de Villers-Cotterêts de 1539 (objection, votre honneur, 1515 c’est Marignan)

À plus ample informé il s’agit donc de lutter contre les discriminations et autres moqueries liées aux accents. Mais alors qu’attend le gouvernement pour créer des cellules d’assistance psychologique pour aider les victimes à dépasser le complexe qui les inhibe.

Nous ne féliciterons jamais assez bon nombre de nos humoristes pour avoir su quitter ce bas monde avant d’être pris par les patrouilles de la bien-pensance et mis au pilori du politiquement correct. C’est ainsi que les Christian Méry, Jacques Bodoin, Coluche, Alex Métayer, Raoul de Godewarsvelde, Pierre Péchin, Popeck, font désormais le bonheur des invités aux matinées récréatives organisées par le grand Saint-Pierre dont les histoires juives nous ravissent encore. Fin diseur il nous avait expliqué comment Dieu le Père, adepte d’un humour yiddish digne de Woody Allen, devant l’initiative de son Fils abandonnant la religion hébraïque pour créer la sienne, l’avait taquiné en rédigeant un Nouveau Testament.

Quant à vous les Castel, Leeb, Smaïn, Fellag, Sy, faites-vous oublier au plus vite. Vous pourriez vous réfugier au Québec par exemple. Cette province n’est-elle pas, avec le Maroc, le dernier conservatoire du français classique. Elle accueille tous les francophones quel que soit leur accent, en dépit du sien.

Mais d’ailleurs où commence la discrimination liée à l’accent d’une personne. Si nous nous référons à César, Escartefigue, Panisse, Marius, Fanny, le malheureux lyonnais Monsieur Brun, mon grand-oncle, tête de turc du bar de la Marine, en traînait un drôle.

Personnellement j’ai vécu une curieuse année dans un bahut de Saint-Omer (proche de Dunkerque mais bien loin de Tamanrasset). Lorsque je me présentais que ce soit sur un terrain de football ou chez des copains de mes copains, je déclenchais une vague de fou rire. Chez les chtis « brun » à une signification bien particulière. En effet si vous marchez sur un brun il vaut mieux que ce soit du pied-gauche, cela paraît-il porte bonheur.

Autre détail comme j’arrivais d’Algérie mes coéquipiers du stade vélodrome m‘avaient surnommé Brahimi, du nom d’un joueur bônois qui opérait alors à Toulouse en première division. Je vous rassure, je ne suis pas tombé en dépression et j’ai su mettre les rieurs de mon côté malgré ou grâce à mon accent que la famille Hernandez commençait à vulgariser sur les scènes parisiennes avant d’investir celles de Londres, Berlin, Bruxelles Genève.

Avant de légiférer sur ce point, les parlementaires devraient se montrer prudents. En 1962 ce sont des métropolitains qui ont stigmatisé, les rapatriés en les traitant de Pieds-noirs et en se moquant de leur accent. Résultat : ces victimes d’un arrachement à leur terre natale ont forgé à partir de cette appellation qui se voulait méprisante, une véritable communauté, et leur accent fondu dans le creuset de populations d’origines géographiques diverses est devenu pour eux un signe de ralliement fièrement revendiqué, « Avec honneur et gloire ».

Je ne sais plus qui a dit « le mieux est l’ennemi du bien ». François Mauriac, le Mime Marceau, ou peut-être Djamel Debouze.

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