1 juillet 2017

À la mémoire du courage

Par Richard Dessens

 

Une « grande cause » est la traduction des idéologies post-modernes qui exaltent les vertus de l’individualisme et des émancipations de toutes sortes, soutenues par l’exergue des valeurs démocratiques : paix, générosité, solidarité, tolérance, droits de l’homme, multiculturalisme, mixités diverses.

Ces vertus et valeurs incarnent la définition contemporaine du « courage », c’est-à-dire combattre les vertus et valeurs inverses en allant dans le sens de la pensée dominante qui, pour être minoritaire dans les opinions toujours mal informées, est portée par tous les intellectuels et l’intelligentsia d’Europe. Le courage, c’est donc être du côté de l’intelligence éclairée.

Il en va ainsi de l’IVG, de la peine de mort, de la GPA et de tant d’autres « sujets de société » qui sont en réalité d’une immense portée politique et dans les mentalités à moyen et long termes avec des ramifications infinies.

Le courage d’imposer par idéologie l’IVG en 1974 est à louer particulièrement : les droits des femmes ont avancé de manière spectaculaire ; le courage de supprimer la peine de mort en 1981 au nom des droits de l’homme est à montrer en exemple, tant dans ces deux cas il fallut se battre contre les volontés populaires et leurs préjugés d’un autre âge.

Un autre courage fut celui de raviver au début des années soixante-dix les souvenirs et surtout la mémoire de la IIe Guerre mondiale à travers la Shoah qui en fut l’élément primordial et unique dans ses atrocités trop vite oubliées.

La question du « pourquoi ? » après presque 30 années reste encore mal déterminée. En tout cas, cette restauration de la mémoire de 1945 a eu la vertu de redonner une nouvelle légitimité à la démocratie qui est définitivement le seul rempart et la seule alternative au retour à une telle barbarie toujours possible aujourd’hui. Il fallait, là encore, un grand courage pour exhumer de telles horreurs et justifier à nouveau la construction d’une Europe de la Paix annoncée perpétuelle.

L’IVG, la mémoire de la Shoah et accessoirement de la IIe Guerre mondiale, la construction européenne, voilà trois grands sujets qui illustrent le courage de Simone Veil, qui vient de disparaître ce 30 juin. C’est évidemment une affliction unanime et européenne qui entoure le décès de celle qui apporta tant à nos sociétés : l’IVG, qui ouvrait la porte à toutes les autres libérations non encore toutes finalisées – mariage gay, adoption par les couples homosexuels, GPA etc. – ; la mémoire omniprésente de la IIe Guerre mondiale ; la construction d’une Europe de la Paix.

D’ailleurs qui pourrait ne pas participer aux larmes unanimes sans être légitimement rejeté au ban de la société ? Qui aurait le courage de ne pas louer cette « icône européenne » telle qu’elle est définie ? Il ne s’agirait même pas de courage, car le courage comporte une connotation positive convenue, mais de bassesse, la bassesse étant le pendant du courage pour les adversaires de la Vérité et du Bien.

Car le courage se définit par rapport au risque encouru, mais aussi, par la cause défendue. La cause doit être dans l’air du temps, reconnue par les élites et les intellectuels. Quant au risque, il consiste à aller dans le sens de la pensée dominante. Les résistances au progrès social n’étant que des combats d’arrière-garde ou l’expression d’une majorité populaire qu’il convient d’éduquer ou de rééduquer convenablement.

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Philippe Randa,
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