Trumperie tyrannique ou révolte au « grand midi » ?
La campagne de presse mondiale anti-Trump est aussi grossière qu’hallucinante ! Il n’est qu’à écouter les dépêches de désinformations et autres émissions d’expertocrates réunis pour se rendre rapidement compte de l’univocité, de l’unilatéralisme, l’uniformité et, in fine, de l’énormité de ce qui se déverse quotidiennement dans les cerveaux anesthésiés des consommateurs-citoyens hébétés de la Société du Spectacle. Dans sa thèse 215, Guy Debord observait que « le spectacle est l’idéologie par excellence, parce qu’il expose et manifeste dans sa plénitude l’essence de tout système idéologique : l’appauvrissement, l’asservissement et la négation de la vie réelle. Le spectacle est matériellement “l’expression de la séparation et de l’éloignement entre l’homme et l’homme”. La “nouvelle puissance de la tromperie” qui s’y est concentrée a sa base dans cette production, par laquelle “avec la masse des objets croît… le nouveau domaine des êtres étrangers à qui l’homme est asservi”. C’est le stade suprême d’une expansion qui a retourné le besoin contre la vie ». Bref, la Trumperie permanente comme tyrannie spectaculaire…
Les fantasmes projetés des élites valent donc bien mieux que la réalité vécue des Américains qui ont donné leurs suffrages à un homme qui, pour l’heure, laisserait penser qu’il tient ses promesses de campagne. Mais, qu’importe, au fond. La sidération permanente, la mise en scène ostentatoire du Mal diaboliquement désigné par les djihadistes de la pensée unique, l’annihilation de toute distance réflexive par tympanisation incessante des esprits les plus instinctivement retors, sont lourdes de conséquences psycho-anthropologiques. L’on voudrait détruire ce qui fait la singularité de l’homme que l’on ne s’y prendrait guère autrement.
Dans sa thèse 18, Debord note encore que « là où le monde réel se change en simples images, les simples images deviennent des êtres réels, et les motivations efficientes d’un comportement hypnotique. Le spectacle, comme tendance à faire voir par différentes médiations spécialisées le monde qui n’est plus directement saisissable, trouve normalement dans la vue le sens humain privilégié qui fut à d’autres époques le toucher ; le sens le plus abstrait, et le plus mystifiable, correspond à l’abstraction généralisée de la société actuelle ».
Quelle rhétorique savamment construite, quel argument solidement étayé, quelle objection cent fois remise sur le métier d’une connaissance éprouvée par l’expérience peuvent être avancés face à ce déchaînement dantesque de trous noirs d’ignorance et de mauvaise foi ? Utiliser les instruments éculés d’une opposition frontale entre ce qui revêt les atours de l’indiscutable évidence et ce qui relève d’une non moins évidente facticité – ce, à l’enseigne sage de ce que la vérité pourrait être davantage apprivoisée sur les berges plus nuancées d’une lecture médiane des évènements – conduit à un gaspillage déraisonnable d’énergie. La constance y perdrait ce que la passion y revendiquerait en repoussant inconsidérément les limites de sa propre hubris.
Que faire, donc ? Attendre, replié derrière l’enclos fragile et si peu étanche aux pluies acides des tumultes de la géhenne politico-médiatique, de sa patiente résignation ? Ou se lever et pousser un cri de révolte, oubliant aveuglément que l’on mêlerait à ce feu dévorant de l’âme humaine, l’absurdité destructrice et l’esthétique consumante (la beauté du geste d’un au-delà de soi), sans parvenir à dépasser dialectiquement (et donc à dominer) ces deux élans ?
« En histoire, comme en psychologie, la révolte est un pendule déréglé qui court aux amplitudes les plus folles parce qu’il cherche son rythme profond », remarquait Albert Camus, dans L’homme révolté. Aussi, suggérait-il, que « l’esprit révolutionnaire, s’il veut rester vivant, doit donc se retremper aux sources de la révolte et s’inspirer alors de la seule pensée qui soit fidèle à ces origines, la pensée des limites ».
Mais, à quoi arrimer cette auguste « pensée des limites » ? Non point aux contingences futiles de cet ordre chaotique qu’est le monde, mais à l’élan vital de la « pensée de midi ».
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Philippe Randa,
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