11 novembre 2017

Le temps ne fait rien à l’affaire…

Par Euro Libertes

« Le temps ne fait rien à l’affaire » : c’est ce qu’affirmait en 1961 ce cher Brassens lorsqu’il honorait les cons d’une manière toute personnelle, cons caduques ou cons débutants, petits cons de la dernière averse, vieux cons des neiges d’antan. Depuis rien n’a vraiment changé mais pourtant…

À qui l’opinion décerne-t-elle aujourd’hui ce titre prétendument infamant ? Je précise bien « prétendument », car être bêlé de vieux con par un troupeau de moutons qui n’a même pas conscience d’être poussé vers l’abattoir autorise à douter de la pertinence de son jugement. On en viendrait presque à se prévaloir d’un tel qualificatif devenu honorifique pour la circonstance. Georges Courteline n’est pas loin de partager ce point de vue lorsqu’il affirme que passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet.

Georges Courteline .

Georges Courteline .

Pour illustrer mon propos je me permets d’en appeler à une brochette de cons XO (hors d’âge, comme le cognac) qui eurent en leur temps la prétention de se poser en « lanceurs d’alerte » avant même que l‘expression ne fût forgée. Il n’y a d’ailleurs rien de pire qu’un con solennel et pontifiant, convenez-en…

« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leur parole, lorsque les maîtres tremblent devant les élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, la naissance de la tyrannie. » Vous voudrez bien m’excuser de ne vous proposer que Platon mais c’est ce que j’ai pour l’instant de plus ancien en magasin.

« Les Gaulois sont des hommes instables, toujours soucieux de changement, peu aptes à l’obéissance mais très habiles et très éloquents lorsqu’il s’agit de discuter. »

Comment ce minable cabotin de Jules qui n’a pu que s’auto-attribuer un César en métal doré et des lauriers artificiels dans des théâtres romains de province (après avoir d’ailleurs pompé les autres « nominés »), ose-t-il qualifier ainsi le peuple du glorieux Astér… pardon Vercingétorix ! Il est vraiment aussi con que prétentieux ! D’ailleurs, sans le sérieux coup de pouce d’Uderzo et de Goscinny, qui s’en souviendrait ?

« Je donne le nom de peste à la corruption de l’intelligence, bien plus sûrement qu’à la corruption de l’air qui nous entoure » (Marc Aurèle, empereur et stoïcien). Philosophe peut-être, stoïque (sic) pourquoi pas, mais c’était bien avant Bernard-Henri Lévy et Emmanuel Macron. Alors…

« Les désordres sociaux et politiques de ces populations les avaient tellement abruties qu’elles se voyaient sur le point d’être réduites en esclavage, mais ne s’en effrayaient pas. Les barbares étaient déjà presque à leur vue sans qu’elles bougeassent, ni songeassent à se fortifier contre eux. Personne ne voulait périr et personne néanmoins ne cherchait les moyens de ne pas périr. Tout était dans une inaction, une lâcheté, une négligence inconcevables, l’on ne songeait qu’à boire, à manger et à dormir » (Salvien, prêtre chrétien romain du Ve siècle). Ah ces curetons ! Toujours les mêmes, des pisse-froid ! « Jouir sans contrainte », voilà la seule clé de la sagesse.

« La ville déchirée ne forma plus un tout ensemble ; et, comme on n’en était citoyen que par une espèce de fiction, qu’on n’avait plus les mêmes magistrats, les mêmes murailles, les mêmes dieux, les mêmes temples, les mêmes sépultures, on ne vit plus Rome des mêmes yeux, on n’eut plus le même amour pour la patrie, et les sentiments romains ne furent plus. »

Montesquieu : « Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence ». Pourquoi ne pas remonter jusqu’aux « calandres grecques » (re-sic) ? Quel vieux con !

« La révolution a mis en circulation des idées et des valeurs. On peut toutefois se demander si les catastrophes qui se sont abattues sur l’Occident n’ont pas trouvé aussi là leur origine. On a mis dans la tête des gens que la Société relevait de la pensée abstraite, alors qu’elle est faite d’habitudes, d’usages et qu’en broyant ceux-ci sous les meules de la raison, on réduit les individus à l’état d’atomes interchangeables et anonymes. » Lévi et Strauss ? Ils se sont mis à deux pour nous faire valser sur de pareilles conneries et en plus c’est imbitable. (re-re-sic)

Réjouis-toi, mon vieux Georges, tu n’exagérais pas. Le temps ne fait décidément rien à l’affaire. Peut-être aurait-il même de nos jours, un effet amplificateur. Quand on est con on est vraiment con.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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