18 septembre 2016

La résignation du futur par l’oubli du passé

Par Richard Dessens

« Libéralisme ! Qu’as-tu fait de notre jeunesse ? », pourrait-on s’écrier sur le même registre que « Liberté ! Que de crimes on commet en ton nom ! »

On peut décrier cette jeunesse pour laquelle sa culture et son histoire se résument à la formule « J’étais pas né ! », jeunesse qui rejette tout ce qui est antérieur aux années quatre-vingt-dix comme elle rejette la politique, son héritage, ses racines. Jeunesse sans convictions non plus, et par conséquent, autres que celles qui reposent dans les iPhones, les chaussures de chez Footlooker et maintenant le Pokemon Go. Jeunesse fière d’être inculte et méprisante pour ceux qui tentent de ne pas l’être. Et c’est normal dans une société où la massification systématique de l’enseignement « supérieur » donne un baccalauréat à 90 % de la jeunesse, multiplie les diplômes à bon marché, se glorifiant de la démocratisation de la culture, et verse en même temps des larmes de crocodile sur l’abstention massive des jeunes aux élections. La démocratie moderne, c’est le Guet du Moyen Âge : « Dormez tranquilles, braves gens, on veille sur vous ! »

Après s’être attaquée aux adultes des années soixante, par une société de consommation anesthésiante qui a transformé le citoyen en consommateur, la démocratie libérale moderne est passée aux racines des peuples en mettant tout en œuvre pour rendre la jeunesse à la merci des intérêts supérieurs politico-économiques du monde.

Après le transistor, la télévision et la machine à laver des années soixante/soixante-dix, internet et ses avatars ont mis au pas la jeunesse. Le « paraître » a définitivement tué « l’être ».

Mais ce processus est en réalité hautement pervers. Faire croire aux jeunes qu’ils font des « études » est apparemment démocratique, tout comme libérer leur individualisme par l’iPhone, internet, le web 2.0, 3.0 et bientôt 4.0, renforce un élitisme caché et totalement antidémocratique. Les élites européennes, celles qui sortent de père en fils des mêmes grandes écoles, auxquelles la jeunesse n’a plus accès tant son niveau réel est devenu faible par la volonté de l’Éducation nationale, ne se renouvellent plus. On est le « fils de », on sort de l’ENA (ce n’est qu’un exemple !) ou on n’est plus rien. Et encore mieux, la sélection par des études par ailleurs inutiles, est désormais basée sur l’argent et non sur le mérite. La multiplication des écoles privées (de commerce notamment) à 6 000 ou 8 000 euros/an fait sortir au bout de 5 ans des milliers de jeunes qui s’étonnent, de surcroît, de ne pas trouver de travail !

Guy Debord, le situationniste, dénonçant la société du spectacle et Pierre Bourdieu le sociologue dominant des années soixante et soixante-dix avec sa charge contre l’école et la réduction des élites à un pré carré, n’avaient-ils pas raison dans leurs principes, alors qu’ils ont été largement combattus par la droite (et la droite dite extrême) de l’époque ? Finalement tout cela est logique.

Ce qui l’est moins, c’est que la jeunesse, à laquelle on fait croire qu’elle est le symbole d’un avenir radieux fondé sur l’œcuménisme, l’universalisme, la mixité institutionnalisée, le droit-de-l’hommisme, l’écologie apparente, ce qu’on appelle la « générosité » en quelque sorte, cette jeunesse est trompée par des slogans faciles qui n’ont qu’un but : « l’esclavagiser » pour un avenir réservé à des élites qui étudient dans les grandes écoles des milieux fermés, et destinées à diriger les gigantesques troupeaux qu’elles ont anesthésiés sous des paroles « généreuses ».

Jeunesse, réveille-toi ! Va voter car le désintérêt, puis le rejet, puis la raillerie des comiques de la politique n’ont d’autre but que de t’en détourner, comme tes aînés d’ailleurs. Jeunesse, refuse ce que l’on veut faire de toi sous le couvert d’une pseudo-liberté libertaire qui te mène à la résignation de ton futur et à l’oubli de ton passé.

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Philippe Randa,
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