Qui veut se débarrasser de son chien, dit qu’il a la rage !

Les réseaux sociaux dénoncent de nombreux actes de cruauté : chien retrouvé noyé avec une pierre au cou, chat découpé vivant, lapin jeté du 5e étage, etc.

Les actes cruels envers les animaux sont des indicateurs importants. Il y a en effet, une corrélation entre maltraitance animale et violence envers les humains.  Il n’est pas rare que les auteurs de cruauté aient été témoins de violences familiales ou aient eux-mêmes été physiquement maltraités ou sexuellement abusés dans leur enfance. Des études ont montré que des enfants victimes de violences sexuelles auraient une probabilité d’être auteurs d’actes de cruauté envers les animaux multipliés par cinq.

La dureté des mœurs du XVIIIe siècle envers les animaux a inspiré l’artiste William Hogarth (1697-1764). La célèbre fable picturale intitulée Les quatre étapes de la cruauté représente une série de gravures montrant un jeune Londonien, Tom Nero de son enfance jusqu’à sa pendaison après avoir commis un homicide. Tom enfant participe à la torture d’un chien sur la première gravure, adulte Nero devenu charretier bat brutalement son cheval de trait [notre illustration], la troisième image montre qu’il a commis le meurtre d’une jeune femme enceinte, enfin la dernière représentation est celle de Tom Néro sur une table de dissection après son exécution.

À cette époque, on note que plus de 34 000 chiens furent massacrés dans les villes mexicaines par les autorités, et des tueries semblables eurent lieu ensuite à Paris, à Cuba, à Madrid et à Istanbul.

En 1855, en France, l’impôt sur les chiens a entraîné des canicides. Les propriétaires de chiens les ont noyés, abandonnés avant l’entrée en vigueur du nouvel impôt.  On a appelé d’ailleurs, cette période la Saint Barthélémy des chiens !

Mais il n’y a pas que des questions d’argent qui entraînent ces actes odieux.

En effet, la cruauté envers les chiens notamment errants trouve une justification hygiéniste fondée sur la crainte de la rage. C’est le cas pour les chiens des rues, notamment au Maroc et en Tunisie. L’histoire est marquée par une série de tueries massives notamment en prévision de la coupe du Monde de la Fifa en 2030 pour le Maroc.

Les témoignages terrifiants rapportent des actes de violence où les chiens sont fusillés, empoisonnés, voire brûlés vif. Ces chiens ne sont pas euthanasiés par des vétérinaires, mais massacrés dans les rues avec des fourches, des objets contondants qui les mutilent. Ces chiens agonisent dans les rues dans d’atroces souffrances.

Chaque année, des municipalités font abattre des chiens de rue accusés de transmettre la rage et d’attaquer les passants.
Des associations de défense des animaux montent au créneau pour alerter l’opinion publique sur ces pratiques cruelles. Si la stérilisation se généralisait dans ces territoires, les problèmes des chiens errants et de la rage serait résolue en 6 ou 7 ans rapporte un vétérinaire.

L’histoire du massacre des chiens n’est pas récente. Depuis des siècles les chiens des rues ont mené une vie misérable. Ils ont été de tout temps massacrés, éliminés en masse, empoisonnés à la noix vomique et à la strychnine, noyés, électrocutés ou gazés dans les fourrières, les chiens parias n’ont guère retenu l’attention.

Encore de nos jours, en Chine, plus précisément le 20 juin, la ville de Yulin célèbre l’arrivée du solstice d’été en torturant et massacrant des milliers de chiens et de chats. Un immense banquet à ciel ouvert : jusqu’à 10 000 chiens et 4 000 chats y sont torturés, massacrés, dépecés, vendus en morceaux ou mangés sur place. Égorgés conscients, certains sont plongés dans l’eau bouillante encore vivants pour retirer leur fourrure.

Comment justifier ces actes de cruauté ? Au nom de quoi ? La tradition ?  L’explication hygiéniste ? Le plaisir de faire souffrir ?

Si les hommes aiment faire souffrir les animaux, leur sont-ils encore supérieurs comme ils le croient ?

La leçon ne vient plus des hommes en ce cas, les animaux nous apprennent à être humains, lorsque nous les respectons.  Les chiens ne sont-ils pas les plus fidèles amis de l’homme ?

Montaigne (1533-1592) avait écrit : « Je dirais qu’il y a plus de distance de tel homme à tel homme qu’il n’y en a de tel homme à telle bête. »

Alors comment trahir ainsi nos amis ?

Les animaux ont une sagesse, « celle de nous rendre plus humains » comme l’affirme le vétérinaire Norin Chai.

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