L’humanité passe par divers stades de conscience, et les religions n’échappent pas à cette règle. Dans la religion catholique, le stade de la « foi aveugle », héritière du judaïsme, a longtemps prévalu sur l’exercice de la raison, et la condamnation d’Abélard en témoigne, comme celle de Spinoza par la synagogue. Il a fallu attendre Léon XIII pour que la raison s’introduise visiblement dans l’Église, mais avec malheureusement, une somme d’opportunisme qui reste le péché originel du raisonnement. Celui–ci tint compte du fait politique pour s’en accommoder, sans de suffisantes précautions. Ce fut la politique du « ralliement » qui déboucherait sur le courant « démocrate-chrétien » dont la générosité fut à ce point aveugle qu’elle finit par cautionner, avec Jean Lecanuet, une république qui, avec le meurtre prénatal, allait montrer son visage satanique.
Cela allait aussi entraîner le crime contre les « Christéros » mexicains, dont on ne peut laver la mémoire de Pie XI. Mais sans porter un jugement sur les dernières Papautés, on constate qu’à partir de Pie XII, pape « scientifique » s’il en fut, la « Raison » s’installa positivement dans l’Église à partir d’une meilleure interprétation des symboles, de la relecture de la Bible hébraïque et de la connaissance de l’Histoire. On a donc pu constater l’effort de l’institution pour prendre en compte, dans le savoir humain, ce qui ne contrevenait pas à la révélation évangélique, et finalement, Benoît XVI pouvait déclarer en septembre 2006 : « Ne pas agir selon la Raison est contraire à la nature de Dieu ! »
À travers donc la crise que subit l’institution, de la part de quelques prêtres dépravés, et de quelques épiscopes francs-maçons, on peut aussi relever d’importants éléments de réflexion, qui font de cette crise une crise de « croissance ». Et rares sont aujourd’hui les théologiens passéistes qui acceptent de soutenir la répulsion divine pour les enfants non-baptisés, l’indignité de l’enfantement qu’il fallait laver par la cérémonie des funérailles et la « damnation » de ceux qui tombaient sous le jugement de « Hors de l’Église, point de salut ! »
Il faut comprendre, me semble-t-il, que la condamnation du « rationalisme », n’était que la condamnation de la « seule raison », car celle-ci est conditionnée par la connaissance qui est toujours imparfaite, et reçue différemment, par les divers caractères. Et s’il est encore très difficile de définir quels éléments autres ajoutent à la raison et l’assagissent, il n’en est pas moins vrai, que la prescience d’André Malraux sur une nouvelle spiritualité est juste, et qu’Albert Einstein, en faisant précéder la raison par « l’intuition », affirmait la primauté de L’Esprit.
Henri Bergson l’avait pressenti. Et les « Intuitions préchrétiennes » de Simone Weil allaient en désaliéner la pensée religieuse.
La rupture d’Einstein avec la synagogue, a rendu l’homme suspect aux yeux d’une Église encore affligée d’un judaïsme dont elle se voulait héritière. Mais c’est bien le raisonnement religieux d’Einstein qui a ouvert la voie, à ce qui allait être plus tard la fameuse « Gnose de Princeton » ; celle-ci allait découvrir, selon la formule de Ruyer, que, « Tout est esprit », ce que le regretté Aimé Michel allait considérer comme « la fin scientifique du matérialisme ».
Cela, en effet, préludait à la dislocation de l’empire soviétique, dont la sottise persiste encore dans l’actuel socialisme en France, et chez un Bernard-Henri Levy, dernière forme de l’intellectualisme judaïque, et de sa prétention à être le « Peuple élu » !
C’est ainsi que doit être considérée la crise mondiale : l’étalement de l’incongruité et de ses désordres, qui deviennent insupportables et appellent la Réaction.
La réaction, face au désordre politique, n’est pas autre chose que la reviviscence des défenses immunitaires de la société. Mais évidemment, nous en subissons encore la fièvre.
À ce titre, il faut considérer le récent vote anglais, malgré quelques difficultés économiques qui peuvent en résulter, comme un élément très positif de la réaction au désordre. Elle atteint probablement la collusion qui exista longtemps entre la « Maison Blanche » américaine et la « City » britannique, sur leur partage de l’Europe en « zones d’influence » !
Mais excepté la crapule financière qui domine nos institutions, les Européens, même les plus « européistes », semblent ouvrir les yeux sur la réalité de l’institution. Il en est peu aujourd’hui qui en défendent l’idée, sans remettre en cause l’effroyable bureaucratie Bruxelloise : celle-ci constitue le nouveau « peuple élu » de l’impérialisme financier qui la tient par de fastueux privilèges… Sa contestation semble nous ouvrir un débat plus « raisonnable », sur un « foedus » car il y a un avantage certain à « coordonner » les nations. Mais le particularisme des peuples existe, et doit être respecté.
Ainsi commence à s’affirmer ce que les Chrétiens peuvent saisir de ce que l’on a parfois appelé : « La pédagogie divine » : à savoir que l’Esprit a le pouvoir de tirer un « Bien » de l’étendue du mal !
Peut-être est-ce cela qu’il faut comprendre quand notre Seigneur révèle la douloureuse nécessité des scandales ? Sans donner ses sources, l’abbé Laurentin a révélé que Notre Seigneur aurait dit à une jeune mystique très inquiète de la progression du mal dans le monde : « Tu verras à la fin que tout était bien… »
Loin de nous amener vers un « quiétisme » qui serait, par paresse, une dénaturation de la confiance, tous ceux qui s’efforcent de promouvoir un monde juste doivent approfondir leur réflexion, et insérer la raison dans leur foi, mais en se souvenant dans un combat qui ne cesse point, de cette instruction de Pie XII : « Ne cédez pas au songe-creux de gagner à vous l’adversaire en se mettant à sa remorque. »
C’était déjà ce qu’avait traduit Alfred de Vigny dans un tragique poème aujourd’hui bien oublié : Eloa, ou la sœur des anges…
La moindre complaisance qui paraîtrait « raisonnable » avec le mal par le biais de la « tolérance » nous situe dans la complicité !
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Philippe Randa,
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