La langue des médias
Est-il autorisé de « décrypter » le discours des journalistes ? A cette question (impertinente), Ingrid Riocreux répond sans hésiter par l’affirmative dans La langue des médias – Destruction du langage et fabrication du consentement (Editions L’Artilleur). Agrégée de lettres modernes, chercheur associé à l’Université Paris IV, l’auteur passe au scanner le langage utilisé – consciemment ou inconsciemment – par les journalistes. Et ce qu’il en résulte : un formatage de l’opinion.
A partir d’exemples précis, Ingrid Riocreux analyse le vocabulaire journalistique qui ne cesse, selon elle, de reproduire des tournures de phrases et des termes qui impliquent un jugement éthique – voire moralisateur – sur les événements décrits. « Ce qui compte pour nous, écrit-elle, c’est la manière dont le Journaliste [on notera l’emploi de la majuscule, NDLR] met en scène le réel pour qu’il entre dans les cases préconçues de sa pensée. Il regarde le monde avec des lunettes qui le lui montrent tel qu’il veut le voir. (…) Certaines personnes, parait-il, les trouvent si confortables qu’elles choisissent de les garder sur le nez. »
Selon elle, il y a indubitablement « une continuité fonctionnelle entre propagande totalitaire et matraquage médiatique en contexte démocratique. Si l’on veut s’en accommoder, il faut accepter de considérer que de mauvais moyens peuvent être mis au service d’une bonne cause. Une posture morale que peu osent assumer ». Car, ajoute-elle, « si le Journaliste passe son temps à établir et consolider des normes morales, il rechigne à le reconnaitre et, la plupart du temps, ne s’en rend même pas compte. Son discours distingue sans arrêt opinion autorisée et opinion répréhensible, mais le degré d’imprégnation idéologique est tel que le Journaliste, ne se figurant pas qu’on puisse penser autrement qu’il ne pense, ignore qu’il opère des jugements de ce type. »
Pour Ingrid Riocreux, le Journaliste pense en effet que sa mission « n’est pas de contribuer à l’intelligence du monde ni à la mise en évidence de la complexité de la nature humaine (…)mais de jouer un rôle-clef dans ce que Walter Lippman a appelé dès 1922, la ‘fabrication du consentement’ ». « On passe ainsi insidieusement, nous dit-elle, de la manipulation de la langue au formatage de l’opinion. »
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