17 décembre 2021

La Fuggerei, la plus ancienne cité sociale au monde

Par Jill-Manon Bordellay

Près d’Augsburg, en Allemagne, on vient de fêter cette année le 500e anniversaire de la cité Fuggerei, fondée par Jakob Fugger pour « aider les pauvres à s’aider eux-mêmes ».

Jakob Fugger est le descendant d’une famille de commerçants et de banquiers. C’est un visionnaire qui veut s’inscrire dans la tradition caritative du catholicisme. Il achète des terrains pour réaliser un projet pionnier de cité sociale, il souhaite créer un ensemble social susceptible d’inspirer d’autres fondateurs. Les premières bâtisses s’édifient dès 1516.

Est-ce un projet utopique comme pouvaient l’espérer à l’époque des penseurs comme Érasme ou Thomas More ou un projet qui a pris forme et s’est réalisé dans la durée ?

Cette cité allemande est constituée de 147 appartements identiques de 60 mètres carrés, les habitants payent actuellement un loyer de 0,88 euro par an.

L’idée de Jakob Fugger était de mettre à disposition un logement à bas coût pour les pauvres d’Augsbourg. Les conditions pour en bénéficier étaient d’habiter la ville depuis au moins deux ans, d’être pauvre, mais sans avoir de dettes, d’être âgé de plus de 60 ans et d’être catholique.

La philosophie du projet était d’aider les pauvres en leur offrant les conditions d’une vie décente afin qu’ils puissent reprendre pied dans la vie. Dans les premiers temps, beaucoup de résidents de la cité (artisans, ouvriers, etc.) utilisaient l’une des pièces de leur logement comme atelier ou lieu de travail.

Actuellement, le village continue à faire vivre des résidents qui doivent seulement régler les factures d’électricité et de chauffage. Ils rendent de menus services à la collectivité : garder les portes de la cité, entretenir les jardins.

Ce lotissement de 67 petites maisons anciennes aux façades ocre, garni d’une fontaine et d’une église, est la plus ancienne cité sociale au monde et ne possède que huit rues. La Fuggerei est un musée à ciel ouvert où 200 000 touristes affluent chaque année. Des fêtes et des activités sont régulièrement organisées par ses locataires. De nombreux événements sont programmés pour célébrer un demi-millénaire d’existence : un pavillon d’exposition sur les cités sociales d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Avec le tourisme, la cité possède désormais une brasserie et plusieurs sites-musées.

Parmi les musées, se trouve la maison qui a abrité le maître-maçon Franz Mozart (1649-1694) qui fut l’arrière grand-père de Wolfgang Amadeus Mozart, dont la famille était originaire d’Augsbourg.

La Fuggerei a évolué avec les époques, toutefois elle reste fidèle à l’esprit de son fondateur. Sa longue histoire a connu des guerres et elle a subi de graves dommages notamment lors de la Guerre de Trente ans et lors de la IIe Guerre mondiale. Mais elle a toujours su se reconstruire et ce fut à chaque fois un renouveau.

Mais si les loyers n’ont pas changé, les habitants eux aussi ont les mêmes devoirs vis-à-vis de ce beau projet de société. Le respect des valeurs et notamment le respect du credo : « Aider les pauvres à s’aider eux-mêmes ». Ce beau projet devrait faire des émules dans le monde entier.

Jill-Manon Bordellay a publié 3 livres aux éditions Dualpha ; pour les obtenir, cliquez sur le titre désiré…

Souffrance animale & responsabilité humainepréface de Christian d’Andlau-Hombourg
Animaux : halte à l’hécatombe !préface de Christian d’Andlau-Hombourg
L’enrôlement des animaux durant les guerrespréface de Michel Quinton, postface de Jocelyne Donsanti

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