Jacques Bainville ou l’histoire au fil de la politique (I)
Parce que nous sommes gouvernés par des incultes et des inconséquents, il n’est peut-être pas inutile de relire et méditer Jacques Bainville, ce voltairien qui se targuait de « penser historiquement » la politique. Bainville a cette particularité, commune à quelques intellectuels brillants, de s’être fait tout seul ou presque. Nullement historien, il excellera dans cette discipline. Aucunement diplomate, il contribuera pourtant à faire naître la géopolitique en France. Quant à la monarchie, il y vint tout seul « sans avoir suivi le catéchisme » de Maurras.
Cet auteur est tombé dans l’oubli au lendemain de la Seconde guerre mondiale, hormis chez une poignée de royalistes qui n’en retinrent, cependant, qu’un nom, un ou deux titres, tout en méconnaissant, dans le fond, la méthode.
La postérité retint Maurras par l’opprobre que les « libérateurs » et autres épurateurs lui jetèrent sur les épaules, et occulta Bainville. Aujourd’hui, on semble le redécouvrir, non sans prudence, l’Action française dont il provient continuant d’exhaler, uniment, les odeurs sulfurées d’antisémitisme, de pétainisme et de collaborationnisme. Bainville fut, selon l’expression de Patrice Gueniffey, « un membre de loin » de l’Action française, tant son tempérament le tenait éloigné des violences verbales et physiques que les impétueux Daudet (Léon) et Maurras affectionnaient en bons méridionaux.
Toujours est-il, et il ne faut pas s’en plaindre, qu’il y a quelques années, Jacques Bainville ressuscita, dans le monde fermé et endogame de l’édition parisienne, avec la publication d’un important recueil réunissant ses opus majeurs et articles divers, ce, grâce à Christophe Dickès, spécialiste honnête de l’œuvre et de l’homme. L’occasion pour nous d’esquisser dans ces lignes une actualité politique et économique de Bainville.
Sans doute traversé d’un éclair de lucidité (ou, plus prosaïquement, parce que bien conseillé) Gérard Longuet, ci-devant ministre de la Défense, espérait mieux comprendre le duo franco-allemand en train d’éclore sous ses yeux, par la lecture de l’Histoire de deux peuples continuée jusqu’à Hitler.
Si les conclusions de l’ouvrage paraissent quelque peu datées, il n’en est pas de même de ses prémices. Ainsi, Bainville observait-il, que « quand on étudie les rapports de la France avec le reste de l’Europe, on s’aperçoit que la plus grande tâche du peuple français lui a été imposée par le voisinage de la race germanique. »
Mutatis mutandis, en dépit de soixante ans de paix continue avec notre voisin outre-Rhin, celui-ci conditionne toujours la politique européenne de la France. Pour autant, doit-on continuer à souscrire à l’assertion selon laquelle « le peuple allemand est le seul dont la France ait toujours dû s’occuper, le seul qu’elle ait toujours eu besoin de tenir sous sa surveillance. »
Poser la question revient à y répondre. Certes, s’adosser sans nuance, au XXIe siècle, à la grille de lecture bainvillienne, passerait, au mieux pour un doux anachronisme, au pire pour une folie.
Aussi, doit-on d’abord retenir de Bainville une méthode : l’analyse des causalités fondée sur une observation minutieuse des hommes et des faits, sous l’éclairage indispensable du passé. Or, en application de cette méthode inspirée de Sainte-Beuve, force est d’admettre que La France et l’Allemagne, même en se tenant la main, regardent dans des directions opposées. Les divergences entre les deux pays sont même une constante dans leurs relations, au risque d’aboutir à des accords empreints de malentendus.
Le politologue, élève de Raymond Aron, Pierre Hassner, parle de « paradoxes éléatiques » (dont le paradoxe d’Achille et la tortue posée par Zénon d’Elée au Ve siècle avant J.C.) à propos de la coopération franco-allemande : « Jamais on n’en a tant parlé, jamais elle n’a si peu progressé. Jamais elle n’a fait l’objet de tant d’initiatives, jamais ces initiatives n’ont si peu abouti. »
Dès lors, est-ce de bonne politique de lier quasi aveuglément notre sort à celui de Germania, même au prétexte de sauver une Union européenne-Babel, nolens volens en perdition ? L’intégrisme européiste de nos élites de ce côté du Rhin, occulte notre ancienne francité composante irréductible de l’européanité. Or, depuis la réunification, l’Allemagne décomplexée renoue, sans fard, avec sa germanité de longue mémoire et son expansionnisme atavique. Et si, comme l’exhortait de Gaulle, « les Français et les Allemands doivent devenir frères », c’est à la condition de ne pas susciter un quelconque droit d’aînesse, sauf à raviver les vieilles rancœurs.
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