4 octobre 2016

Identité : qu’est-ce qu’être français ou européen ?

Par Nicolas Gauthier

 

Il y a quelques années, dans le bimensuel Flash, codirigé dans une belle et bonne humeur avec Philippe Randa et quelques autres camarades, nous avions consacré un plein numéro à l’identité française. Et la question fut posée à une trentaine de journalistes, écrivains et essayistes, tous plus ou moins issus de ce qu’il est convenu de surnommer la « mouvance nationale. »

Trente intervenants ? Et autant de réponses différentes à la question consistant à définir sa propre « francitude ». Pour aller court, même au sein du courant en question, pas un n’était d’accord avec l’autre. Qu’aurait-ce été si nous avions interrogé les patriotes de l’autre rive… Une chance de ne pas avoir évoqué une possible identité européenne, le boxon aurait atteint des sommets himalayens. Et pourtant…

En des moments où le problème identitaire est au cœur de tous les débats, la question se pose plus que jamais, surtout en ces temps d’immigration de masse. Racines chrétiennes de l’Europe ? Naguère, Jacques Chirac a coupé court au débat, alors que tous les pays membres du Vieux continent étaient plus ou moins d’accord sur la question. Certes, avant les églises, il y eut l’Acropole. Mais il y eut des synagogues avant qu’on y édifie des cathédrales, érigées sur des lieux… païens. Et quant au christianisme ayant largement contribué à façonner France et Europe, n’oublions pas, avec tout le respect qu’on Lui doit, que le Christ est né de mère juive et de Père inconnu, soit un concept issu des déserts orientaux et pas forcément compatible avec la religion des forêts de Brocéliande… Et, surtout, que la Sainte Russie fut polythéiste et musulmane avant de devenir citadelle chrétienne d’obédience orthodoxe.

Identité, donc… L’histoire nous enseigne qu’elle est plus civilisationnelle qu’ethnique ou religieuse – un Noir chrétien sera toujours plus proche d’un Noir musulman qu’il ne le sera d’un Arabe mahométan. La même histoire nous dit encore que l’Europe fut réceptacle d’innombrables invasions – flux migratoires d’alors, donc – venus de l’Est. Mais également d’autant d’échanges, parfois belliqueux et d’autres non, avec le sud de la Méditerranée ; allez à Amalfi ou Assise, en Italie, pour vous en convaincre.

De même, saint Augustin était aussi « algérien » et les plus antiques monuments chrétiens seraient plutôt du côté d’Alep, de Bagdad que de Chartres…

Le problème civilisationnel consiste aujourd’hui à faire s’accorder toutes ces influences pour en faire autant de concordances. En ce sens, la France n’est pas la nation la plus mal placée. Nous sommes à la fois un pays celte, germain, grec et latin, maritime et continental, un peu à la croisée des chemins.

Les problèmes identitaires sont donc, par nature, des plus complexes. Nos compatriotes noirs des Antilles furent français avant les Niçois et les Savoyards ; un tel rappel historique peut agacer, mais demeure indubitable, car relevant du simple ordre factuel : l’âge d’or ethnique n’existe pas. Cette même identité française, voire européenne, relève donc du temps long et non point du temps court.

À l’aune de ce dernier, elle paraît évidemment menacée, au vu des flux migratoires plus haut évoqués, qui bousculent la vie des Français, quand ils ne pourrissent tout simplement pas leurs modes de vie. À celle du premier, il s’agit d’une tout autre histoire. Comment concilier l’un et l’autre ? Prendre en considération les angoisses immédiates autant que légitimes de nos compatriotes et celles, toutes aussi légitimes, de ceux préférant anticiper l’avenir que de le subir ? La défunte académicienne Jacqueline de Romilly assurait que pour faire la jointure entre les deux rives de notre Mare Nostrum, mieux valait enseigner à nos têtes plus ou moins blondes l’ancestral héritage d’Homère, histoire commune à ce que fut le berceau de la Grande Europe, au sens le plus large qui soit, qu’une sous-culture européenne de provenance américaine.

En cette histoire commune, elle incluait évidemment l’islam, magnifique hérésie chrétienne, même si aujourd’hui malmenée par certains de ses sectateurs les plus échevelés.

Vœux pieux, peut-être ; mais direction, sûrement.

Mais pour cela, il faudrait évidemment un gouvernement qui puisse être à la hauteur des enjeux, ce qui n’est pas forcément gagné d’avance.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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