De l’importance du vêtement et de ses accessoires dans notre histoire
Un ami s’extasie sur l’imagination subtile de l’initiatrice du mouvement des gilets jaunes, cet accessoire vestimentaire imposé en cas de panne ou d’accident sur la voie publique. N’est-ce pas justement l’ensemble des usagers de celle-ci que les mesures gouvernementales mettraient en péril…
Je l’écoute d’une oreille distraite lorsqu’une évidence me traverse l’esprit. Notre histoire est balisée par des événements et des personnes dont l’appellation, désormais historiquement contrôlée, se réfère directement au vêtement.
Le Français aurait-il la tête près du bonnet ? Sous Louis XIV, les Bretons le choisissent rouge pour se révolter contre l’augmentation de la taxe sur le papier timbré nécessaire à l’enregistrement des actes officiels (en 2013 ils le recoifferont pour protester contre l’écotaxe sur les poids lourds et incendier les portiques dédiés à sa perception).
La révocation de l’édit de Nantes et des persécutions qui s’ensuivent, poussent les protestants cévenols à prendre les armes contre les troupes de l’intendant du Languedoc. Le torse protégé d’une simple chemise, ils resteront dans l’histoire sous le nom de « Camisards » (à noter qu’au début du IIIe millénaire, c’est torse nu et à la pointe agressive de leurs seins que les « Femen » s’empareront audacieusement de Notre-Dame de Paris).
Portons maintenant un regard ironique sur les membres postérieurs de certains bipèdes parcourant les galeries du Palais de Versailles, ou encombrant les salons de dames déjà éblouies par les lumières du siècle à venir. Les uns, les petits marquis, deviennent des « talons rouges ». Quant à ces péronelles aux prétentions littéraires démesurées, elles sont affublées du curieux sobriquet de « bas bleus ».
Le 14 juillet 1789 des sans-culottes, après avoir pris un dernier verre, prennent la Bastille. Adeptes du pantalon, ils laissent néanmoins à leurs épouses le privilège de porter la culotte. Les modes ont passé, pourtant dans la plupart des ménages ces dames la portent encore.
- Les ports méditerranéens voient s’abattre sur leurs quais, tels des nuages de sauterelles, les hordes « fâchistes » chassées d’une Algérie désormais libre, démocratique et populaire. Au Ve siècle nos contrées avaient subi les Huns aujourd’hui elles ont les autres, les Pieds-Noirs, ces fils de porteurs de sombres croquenots, écraseurs éhontés d’innocentes babouches.
On ne soulignera donc jamais assez l’importance de la symbolique vestimentaire dans l’histoire de la France. Un dernier argument pour vous convaincre, il concerne l’assimilation de nos ancêtres aux us et coutumes de la Rome impériale. Je le pique à ce bon vieux Suétone et à sa Vie des douze césars : « Les Gaulois ont quitté leurs braies pour le laticlave » (une tunique).
À l’heure où l’on ne parle que de tchadors, d’abayas, de burkinis et autres hidjabs, les tailleurs de l’histoire, les couturiers de la chronique, les petites mains de l’anecdote, les surfileurs de la géopolitique, les merciers de l’information, devraient s’attendre à devoir remettre une cent et unième fois l’ouvrage sur le métier. Ils ne devront toutefois pas oublier que des coups et des douleurs on ne dispute pas.
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