Comment gérer le stress des transports en commun ?
Dans nos villes, pour des raisons écologiques, chacun est censé abandonner son véhicule privé pour prendre les transports en commun afin de se rendre à son travail.
Mais le temps de trajet n’est pas anodin et peut être source de dépression, de troubles du sommeil, de stress et d’anxiété, particulièrement durant les périodes de grève. Cette durée du transport peut susciter de l’impatience, de la colère, du stress, de la peur d’arriver trop tard. De surcroît, souffrir de la chaleur, des contacts dus à la pression des autres passagers fait augmenter l’anxiété. Ce qui veut dire que les transports aux heures de pointe peuvent provoquer une sensation de malaise physique et psychologique importante d’autant plus que l’expérience se renouvelle quotidiennement.
Lorsque l’individu est alors noyé dans la foule, il peut se sentir entravé par les automatismes directionnels de chacun, bousculé à l’entrée d’un wagon, regardé de toutes parts. La foule devient menaçante et laisse la place à un monde omni voyeur où chaque sujet est en relation avec les autres sous un mode du regard, de la gestualité, de la mise en scène avant même la parole.
En effet, l’étymologie de foule vient du latin : « fullare » qui signifie « presser ». Cette notion de pression physique et psychologique est bien manifeste dans tout phénomène de foule des transports en commun.
Dans cette optique, peut-on dire avec Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799) : « Il est impossible de porter à travers la foule le flambeau de la vérité sans roussir çà et là une barbe ou une perruque. » (Aphorismes).
La foule se présente alors comme un danger d’autant plus qu’elle est anonyme, émotionnelle et a pour conséquence l’irresponsabilité de chacun. Tout individu se dissout alors dans un ensemble et devient « on », c’est-à-dire un indéfini.
Contrairement au poète Charles Baudelaire (1821-1867) qui voyait dans la foule le fait de « prendre un bain d’humanité », une véritable jouissance ; l’ochlophobe est celui qui a peur de la foule au sens physique du terme et qui ressent intensément son anéantissement. Plus précisément, le sentiment de mourir écrasé par la multitude des contacts. En grec « ochlo » veut dire « foule » et « phobie », « peur ».
Avec la pandémie Covid19, beaucoup de voyageurs ont de plus en plus peur d’être contaminés par la pression de ces contacts physiques dans les trains et métros surchargés. Bâillonnés par les masques, pressés les uns contre les autres, les voyageurs ont tout lieu d’avoir peur. Leurs symptômes sont des accès d’angoisse, une accélération du rythme cardiaque, des attaques de panique, la peur de mourir, un sentiment étrange de danger, plus exactement un sentiment de perdre son corps. L’ochlophobe éprouve un malaise ou plutôt un mal-être lorsqu’il se retrouve entouré d’une foule lui apparaissant comme compacte, dense, le mettant sous pression – pression des regards, des autres ou pression par la masse globale de la foule.
Ainsi pour Sigmund Freud (1856-1939) la foule est une reviviscence de la horde originaire, qui ressemble à une meute déchaînée qui peut à tout moment se transformer en émeute plus qu’en une assemblée pacifique et raisonnée.
Dans la même optique, Gustave le Bon (1841-1931) écrit : « les foules accumulent non l’intelligence, mais la médiocrité »… La foule est toujours intellectuellement inférieure à l’homme isolé. Elle peut être impulsive, irritable et dénuée de jugement ainsi que d’esprit critique.
Déjà Sénèque (4 av. J-C – 65 apr. J-C) dans la lettre VII adressée à Lucilius écrit : « Tu me demandes ce que tu dois principalement éviter ? la foule »
Pour l’auteur de La brièveté de la vie, le mot « foule » est synonyme de « cruauté ». En effet, dans l’Antiquité il n’était pas rare que les foules assoiffées de sang assistent aux jeux du cirque.
La foule n’est donc pas une totalité mais une totalisation, une sorte d’agir en train de se faire, une agrégation de « moi » qui entre en symbiose quand elle se forme. Il est certain que souvent les foules apparaissent comme protectrices, mais elles peuvent parfois être menaçantes. Nombre de faits divers en témoignent où des personnes se trouvent piétinées par des mouvements incontrôlés. En 2010 plus d’un million de fêtards s’engouffrent dans un obscur tunnel dans l’Est de l’Allemagne, compressés les uns contre les autres ; on a dénombré 21 victimes et 651 blessés.
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