Comment comprendre « le syndrome de Bonnie and Clyde » ?

Pourquoi certaines femmes sont-elles fascinées par des gangsters et autres criminels ?

On appelle cette attirance irrésistible hybristophilie, en résumé : ils tuent mais elles aiment.

Hybristophilie dont l’étymologie grecque vient de hybrizein : « commettre un outrage contre une personne » et de philein : « qui aime », est une paraphilie (excitation sexuelle par des objets, des situations, et/ou des objectifs atypiques) dans laquelle un individu est sexuellement attiré de façon irrépressible par un criminel.

Ce phénomène est connu également sous le nom de « syndrome de Bonnie and Clyde ». Bonnie Parker, amoureuse du truand Clyde Barrow en 1930 alors qu’il avait déjà plusieurs condamnations à son actif, s’est jointe à ses activités. Cette tendance serait un mélange entre une fascination et un frisson et l’envie d’être sous les projecteurs.

L’hybristophile n’aime pas quelqu’un quoi qu’il ait fait, mais l’aime pour ce qu’il a fait.

En ce qui concerne l’attirance sexuelle pour des femmes criminelles, le terme criminologique et scientifique provient également d’une étymologie grecque : l’enclitophilie : du grec : enclitos qui signifie « blâmable » et de philein : aimer (aimer le blâmable).

Lorsque l’on pense à Henri Désiré Landru (1869-1922), petit homme chauve à la barbe noire et au regard perçant, assassin de onze femmes entre 1915 et 1919, reconnu pour être le premier tueur en série français ; il reçoit en prison pas moins de 4 000 lettres d’amour, dont 800 demandes en mariage. Outre son humour de mauvais goût lors de son procès qui fait rire le public en outrageant le Président. Ce dernier commente alors la menace de « faire rentrer chacun chez soi », à cela, Landru répond ironiquement : « Pour mon compte, Monsieur le Président, ce n’est pas de refus. »

Dans certains cas, les admiratrices de serial killers vont jusqu’à épouser le sujet de leur attirance sexuelle. Ces femmes sont convaincues de l’innocence de ces criminels et souhaitent les sauver par leur amour.

Élisabeth, femme de 50 ans qui a noué une relation avec Nordahl Lelandais, en prison pour les meurtres de la petite Maëlys et d’Arthur Noyer, explique : « L’homme que je voyais n’était pas celui qu’on disait. »

Une des femmes d’ailleurs avec qui Lelandais (appelé « Nono » par ses conquêtes) a eu une aventure avait, par le passé, épousé un autre détenu condamné pour avoir tué sa petite fille.

Il y a deux ans, le fameux « Nono » a été surpris en plein ébat sexuel avec une jeune visiteuse au parloir de sa prison. Cette visiteuse avait entretenu une correspondance soutenue avec le criminel avant de faire les démarches de demande de permis. Ainsi, Lelandais est devenu père d’un petit garçon durant sa détention.

Un des cas les plus étonnants est celui du meurtrier en série américain, Charles Manson (1934-2017) qui à 80 ans s’est fiancé avec Candy Stevens, une jeune femme de 26 ans, fascinée par son histoire.

Comment comprendre ce syndrome pour lequel, on identifie trois types de comportements ? : la femme qui croit au pardon et à la rédemption, celle qui souffre d’une grande solitude et enfin celle qui a un trouble pathologique.

Il existe également des cas d’hommes hybristophiles. Lorsque la criminelle canadienne Karla Homolka, a commis des vols et des meurtres, elle épouse le frère de son avocate. Le couple aura trois enfants.

Mais ce qui est encore plus étonnant et choquant est la forme d’hybristophilie dite « agressive » qui concerne des personnes aidant activement des criminels à commettre des actes de violence. Le cas le plus connu est Monique Olivier, compagne de Michel Fourniret (1942-2021), pédocriminel, qu’elle a aidé pour commettre des enlèvements de petites filles.

Comment comprendre cette fascination des individus pour des criminels ? Deux motivations possibles semblent aider notre compréhension.

La première étant une manifestation de notre envie de faire du mal. L’attirance pour des criminels pourrait-elle être interprétée comme la part en nous que nous fuyons mais que nous retrouvons chez l’autre et qui fascine ?

La seconde pourrait être un mouvement compassionnel de la part de certaines femmes qui ont besoin de materner, de sauver ; cette tendance salvatrice se traduisant ainsi par un besoin de soigner l’autre et de le rendre meilleur.

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