22 octobre 2019

Cachez ce mort, que je ne saurais voir…

Par Euro Libertes

Les pots de chrysanthèmes qui encombrent déjà les entrées de nos supermarchés laisseraient à penser que les morts occupent encore un espace familier dans notre société. En êtes-vous si sûr ?

Procession funéraire catholique après le décès de Louis Duchesne, membre de l' Académie française, en 1922, à Saint-Malo.

Procession funéraire catholique après le décès de Louis Duchesne, membre de l’ Académie française, en 1922, à Saint-Malo.

Georges Brassens dont la moustache rébarbative s’efforçait de camoufler une profonde sensibilité regrettait déjà, dans les années 50, les funérailles d’antan : « Y’a un mort à la maison, si le cœur vous en dit, venez l’pleurer avec nous sur le coup de midi. Mais les vivants aujourd’hui n’sont plus si généreux. Quand ils possèdent un mort ils le gardent pour eux. »

L’un de mes amis vient de décéder. Son voisinage trouve vraiment bizarre que sa dépouille n’ait pas été expédiée immédiatement dans un lieu dédié à cet effet. Me viennent aussitôt à l’esprit les couplets du chansonnier sétois. Que dirait-il aujourd’hui, alors que, à peine son dernier soupir rendu, le défunt est bien souvent expédié dans la chambre mortuaire la plus proche ? Ainsi, pourrait-il écrire « quand ils possèdent un mort, ils ne le gardent même plus ».

Comme bien d’autres usages, facteurs de sociabilité, les veillées et les rites funéraires sont tombés en désuétude. Et pourtant, c’était l’occasion de partager avec sa parentèle et des proches quelques moments apaisés, favorables au gommage, même momentané, des conflits plus ou moins importants, qui avaient pu naître d’événements antérieurs.

Sur les effets potentiels de la mort dans le domaine de la sociabilité, il me revient une anecdote significative survenue en 1957 dans un village de la Drôme à l’occasion des obsèques d’une cousine nonagénaire de ma grand-mère.

Lors du repas suivant la cérémonie, avec mon cousin Marceau, nous fîmes la connaissance d’Huguette, une jeune fille « de la montagne » (le Vercors voisin), venue prêter main-forte à la maîtresse de maison. Son charmant visage ne laissa pas insensible mon aîné qui ne manqua pas de lui adresser quelques-uns de ces sourires « ravageurs » dont il avait le secret.

À l’issue de la messe du « bout de mois » nous nous retrouvâmes autour de la même table de campagne, toujours dressée au milieu de la cour de ferme. À voir les sourires entendus de Marceau et d’Huguette, je compris que les travaux d’approche étaient bien avancés. Douze mois plus tard la messe du « bout de l’an » étant dite, le traditionnel repas de famille terminé, ils nous annoncèrent leur prochain mariage. Ils ne remercièrent jamais assez Louise, la défunte, sans laquelle ils ne se seraient jamais rencontrés.

Ainsi va la vie… C’est en de pareilles circonstances que je découvris, encore adolescent, la vraie signification de cette expression apparemment creuse et pourtant… « Aller », n’est-ce pas le verbe même du mouvement. Ainsi va la vie et avec elle, le caractère immuable des saisons qui la caractérisent, du moins dans sa complétude. Le printemps, l’été, l’automne, l’hiver, la mort… Cette mort sereine qui peut avoir parfois des effets bienfaisants sur l’existence des vivants. La graine enfouie puis pourrie au solstice d’hiver, ne génère-t-elle pas l’épi triomphant au solstice d’été ?

Aujourd’hui, alors que les écrans de toute nature offrent pour la plus grande joie de spectateurs un tantinet morbides, le spectacle de flots d’hémoglobine déversés par les victimes d’assassins tous plus sadiques les uns que les autres, celui de tables de dissection d’instituts médicaux légaux plus sanguinolentes qu’un étal de boucher, on n’ose plus regarder ses propres morts en face.

Et que dire de ces gamins, accrochés à leur console, dézinguant en quelques minutes un maximum d’individus alors que toute confrontation réelle avec la mort leur est étrangère. C’est d’ailleurs ce que confirment leurs parents lorsque, presque offusqués, ils déclarent : Il n’est pas question de laisser nos enfants voir le corps de leur grand-mère, cela les traumatiserait. »

Que de fois entendons-nous cette antienne !

Voilà quelques années un adolescent, abruti par les massacres perpétrés sur son écran, affirmait qu’en tuant une camarade par jeu il n’avait pas eu conscience dans l’instant, et en toute bonne foi, faut-il le préciser, de commettre un crime.

Devant la banalisation de ces hécatombes virtuelles ne serait-il pas opportun de réintroduire chez les enfants une initiation aux choses de la mort qui leur permettrait aussi de mesurer ce qu’est la vie dans toute sa plénitude et les contraintes qu’imposent son respect et sa sauvegarde dans un contexte où la biogénétique et le transhumanisme chevauchent gaillardement la bioéthique.

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