28 avril 2016

Nous avons trois idées fausses concernant l’Amérique

Par Nicolas Bonnal

 

Donald Trump – à qui je consacre une étude(1) – a relancé la question de l’immigration. Il a dû reconnaître toutefois que lui aussi est petit-fils d’immigré, que tous les Américains sont des immigrés, qu’il sera difficile de décider qui ou qui n’est pas un bon immigré (voir son interview par Woodward).

Or, nous avons trois idées fausses concernant l’Amérique…

La première est qu’elle est une terre d’immigration. Or c’est faux du point de vue « vieil américain » : « on » lui a imposé ce destin.

La deuxième est que c’est un « nouveau monde » à l’usage des Européens.

La troisième, enfin, est que l’Amérique servirait de refuge à tous les miséreux et pourchassés du monde. Cette proposition est aussi fausse que les précédentes.

Le point de vue des « Américains de souche », comme on dirait maintenant, et de leurs penseurs était tout différent au début du siècle dernier.

Sur ces sujets passionnants et censurés par la sottise ambiante, je conseille les lectures suivantes : Madison Grant et sa race qui passe ; Lothrop Stoddard et sa marée montante des races de couleur ; enfin Kenneth Roberts et sa critique de l’Europe qui veut quitter son foyer.

Leurs trois livres ont été publiés autour des années 20, après le désastre de la Ire Guerre mondiale et la Révolution russe : ils sont alors populaires en Amérique et inspirent les politiciens et juristes qui, autour du président Harding, ont imposé un « immigration Act » mettant fin à l’immigration massive venue d’Europe du sud et de l’est. Adolf Hitler, alors en prison après l’échec de son putsch à Munich, félicite dans un passage rarement cité de Mein Kampf (on est quand même en 1924) les Américains d’avoir un État raciste.

Madison Grant dépeint un New York affolant et perdu dans le flot migratoire et la mongrelization, les « racial nondescripts », « l’affreux métissage » qui découle de la venue des Slaves, Juifs, Italiens, Polonais, Balkaniques, Grecs etc. Ses accents apocalyptiques rappellent bien sûr Céline, Francis Scott Fitzgerad (qui cite Grant et Stoddard dans le mal lu Gatsby) et une nouvelle de Lovecraft, autre raciste militant, nommée La Rue.

Le sociologue Edward Allsworth Ross se met de la partie pour condamner toute immigration européenne et ne lui voir que des inconvénients ethniques, culturels, sociaux et même moraux. Et de tonner contre les Italiens et les gangs violents, les Irlandais et la combine politique, les Juifs et les arnaques, les Slaves et la fainéantise…

Comme on le voit, le combat contre l’immigré est vieux comme le siècle, et il se verra toujours reprocher le même comportement, quelle que soit sa race ou sa religion ! Les lieux communs ont la vie dure.

Ma conclusion ? Elle est simple. Lorsque les partisans de l’immigration accusent les nationalistes et les xénophobes européens de penser comme Hitler et les racistes (ici américains), ils ont raison – et ils le savent.

On fera donc rentrer tout le monde.

(1) Donald Trump, le candidat du chaos de Nicolas Bonnal, 202 pages, 25 euros, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa. Pour commander le livre, cliquez ici.

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