Vincent Peillon et les heures les plus sombres de l’Europe
Quoique ayant été ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon demeure manifestement un cancre doublé d’un fayot, fut-il docteur en philosophie. Invité la semaine dernière sur France 2, il commence par se plaindre du « traitement de faveur » que le service public réserverait à son adversaire de la primaire du Parti socialiste, Manuels Valls : « Oh le chouchou ! Oh le chouchou ! » Sale gosse…
Mais le problème, ce n’est pas l’actuel premier de la classe, mais la sauvageonne s’invitant dans la cour de récréation, Marine Le Pen. Et la tête à claques de dénoncer à la maîtresse : « Le problème, ce n’est pas Manuel Valls, c’est le fascisme rampant de Madame Le Pen. »
Une Marine Le Pen qui détournerait donc « les mots de la République », un peu comme de vieux libidineux le feraient des mineurs, on imagine, tel un vulgaire Daniel Cohn-Bendit.
Suite de son explication de texte : « Certains veulent utiliser la laïcité – ça a déjà été fait dans le passé – contre certaines catégories de population. C’était il y a quarante ans, les Juifs à qui on mettait l’étoile jaune. C’est aujourd’hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans qu’on amalgame souvent avec les islamistes radicaux. C’est intolérable. »
Pour un fort en thème, que d’inepties proférées en cascades.
« Fascisme rampant » ? Il suffit de voir que les fascistes d’alors ne rampaient pas, mais gambadaient avec des chapeaux à plumes, chantant à tue-tête des ritournelles tenant plus des opérettes de Francis Lopez que de ces sombres mélodies wagnériennes si chères à Carl Off et à Francis Ford Coppola dans son crépusculaire Apocalypse Now.
Au fait, il y a « quarante ans », nous étions en 1977, et les seules croix gammées visibles dans la rue étaient celles qu’arboraient les fans de Sid Vicous, défunt bassiste des Sex Pistols, groupe punk de ces années les plus inaudibles de notre histoire musicale, avec le Belge Plastic Bertrand et son tube, Ça plane pour moi. Mais ça semble planer autrement plus grave pour Vincent Peillon.
Ensuite, comparer le sort de nos compatriotes Juifs sous Vichy et celui de leurs homologues musulmans d’aujourd’hui paraît être un exercice des plus hasardeux. Et ce au nom des valeurs de la sacro-sainte « République », de plus ; à ce titre, prière de se reporter à l’excellent essai, La République xénophobe, de Jean-Pierre Deschodt et François Huguenin (Jean-Claude Lattès).
Jugez-en plutôt : « Archives confidentielles des Affaires étrangères, des Finances, du Travail, dossiers secrets des préfectures à Paris comme en province, et surtout Grand Fichier de l’Intérieur, longtemps considéré disparu, enfin revenu de Moscou : c’est toute la part d’ombre de la Troisième République que dévoile, à l’aide de documents inédits, cette investigation sans précédent. De 1917 à 1939, au nom de l’héritage révolutionnaire et jacobin, la France républicaine a fiché, sélectionné, surveillé, interné, purgé et déporté les étrangers. Contre eux, elle a bâti un appareil systématique d’exploitation légale et économique. Contre eux, elle a recouru à la carte d’identité, à l’encadrement de l’emploi, aux camps de concentration et aux wagons de rapatriement. Contre eux, par-delà les discours humanitaires, elle a aiguisé son idéologie nationaliste. Quel fut le sort exact des Italiens, des Polonais pressés par la misère, des Espagnols chassés par la Guerre civile, des Juifs allemands fuyant Hitler ? Pourquoi, droite ou gauche, Chambre bleu horizon ou Front populaire, une politique toujours plus répressive et utilitariste s’imposa-t-elle ? »
Peut-être tout simplement parce que la loi portant sur la Préférence nationale, votée en 1935, à l’instigation de Roger Salengro et de la CGT, faisait partie de l’ADN républicain, avant qu’un certain François Mitterrand ne l’abolisse en 1981. Peut-être aussi parce que durant cette décennie pas vraiment éclairée, Léon Blum fit imprimer un timbre de la sorte intitulé : « Pour sauver la race ». On y voyait une Marianne des plus républicaines donner le sein à un bambin au physique pas véritablement exotique.
Eh oui, cher Vincent Peillon, c’était aussi cela, la République. En attendant, bravo pour ce bel exercice de style ayant consisté à vous mettre à dos républicains et patriotes de tous bords, concitoyens juifs et musulmans, tous un peu fatigués d’être instrumentalisés à tort et à travers par le premier clampin venu.
Dans votre cas, une urgence s’impose : ne pas faire fuir, au moins, les électeurs de Jacques Cheminade, représentant à peu près autant de bataillons que les vôtres et ceux de Jean-François Copé réunis.
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