Le SNP dirige le Parlement écossais depuis près de 10 ans
Nous commençons notre « tour d’Europe » des régionalismes par le SNP, en anglais : Scottish National Party, principal parti indépendantiste écossais.
Mouvement identitaire écossais classé à gauche, il est à l’origine du fameux slogan « Yes, we can ! ».
Historiquement, l’Écosse a signé l’« acte d’Union » avec l’Angleterre, dont le pays de Galles était déjà partie intégrante, en 1707, créant ainsi une union politique dont la dénomination était le Royaume de Grande-Bretagne, avant l’acte d’Union en 1800 qui inclura le royaume d’Irlande (à l’époque, l’ensemble de l’île). Avant 1707, malgré un accord qui la lie à l’Angleterre depuis l’Union des Couronnes, en 1603, l’Écosse possède des institutions propres, son organisation économique et sociale, ses particularismes.
La date de 1707 ne marque pas le terme d’un conflit, mais la signature d’un traité d’union entre l’Angleterre et l’Écosse. Le parlement écossais approuva, à l’époque, ce traité bilatéral par une majorité de 109 parlementaires contre 69. Les négociations ont duré deux ans et, dit-on, furent marquées par une pression militaire anglaise.
L’Écosse a donc un passé historique fort, identifiable y compris contre l’Angleterre ; cet aspect ne peut que conforter le maintien d’une identité écossaise.
Par contre, linguistiquement, la langue gaélique, d’origine celtique, est en perte de vitesse, même si les traditions culturelles populaires, issues du monde préchrétien (on tua beaucoup de sorcières en Écosse…), restent encore vivaces en Écosse peu avant l’union avec l’Angleterre.
Enfin, de nombreuses traditions culturelles sont pérennes en Écosse : une Charte pour les arts vit même le jour en 1993.
Au niveau électoral, c’est lorsque l’Empire britannique perdit de sa vigueur, après la fin de la Ire Guerre mondiale, que le nationalisme écossais reprit des couleurs. Comme le note John Curtice, professeur de sciences politiques à l’université de Glasgow : « Lorsque l’influence de l’Empire a décliné, le sentiment national écossais a repris de la vigueur. »
Mais les prémices du renouveau écossais se heurtèrent au traditionnel mode de scrutin britannique, le scrutin uninominal à un seul tour et à majorité relative qui nécessite d’arriver en tête pour être élu dans le cadre d’une circonscription territoriale, ce qui nécessite d’obtenir un nombre de suffrages relativement élevé et, surtout, de passer devant les partis traditionnels, en particulier le « Labour » travailliste et les « Tories » conservateurs.
La fondation du SNP, issue d’une fusion politique
Le mouvement nationaliste écossais, séparatiste, est représenté, depuis 1934, par le SNP, Scottish National Party, issu de la fusion du NPS, le National Party of Scotland, dont le but était d’envoyer des parlementaires à la Chambre des Communes et du SP, le Scottish Party, mouvement plus conservateur dont le but se limitait à la revendication de l’autonomie.
La fusion de ces deux mouvements peut paraître a priori paradoxale, mais elle nous renseigne, dès l’origine, sur le caractère du SNP.
En effet, le NPS, mouvement électoralement actif, fut créé, à la fin du XIXe siècle, par un ancien député aux Communes issu du « Labour », Cunningham Graham, premier président du parti en 1888. Dès l’origine, le NPS réclamait, non pas une autonomie, mais l’indépendance totale de l’Écosse au même titre, à l’époque, que l’Irlande du sud qui venait, alors, d’obtenir son émancipation.
Indépendantiste, le NPS n’en demeurait pas moins respectueux des institutions, notamment de la monarchie britannique et participait aux joutes électorales. L’objectif de la séparation d’avec l’Angleterre était fondé sur l’absence d’avantages financiers de son union de 1707.
Il faut noter, comme précédemment souligné, que le développement du NPS était lié aux difficultés de l’Empire maritime britannique. Le « nationalisme économique » est déjà un fort marqueur identitaire, au-delà de l’histoire et des traditions communes.
Le SP, mouvement plus récent puisque né en 1932, est un parti autonomiste écossais plus conservateur, composé de politiciens connus, y compris d’origine nobiliaire.
C’est la fusion du NPS et du SP, à la suite d’un rassemblement populaire commun le 14 décembre 1933, qui entraîna la naissance du SNP, parti dont, nous allons le voir, l’évolution électorale fut ascendante jusqu’à nos jours.
Depuis 1934, si l’on excepte des mouvements résiduels non représentatifs, le SNP a su conserver l’exclusivité sur le mouvement nationaliste écossais et le monopole électoral de cette « offre » démocratique écossaise.
Il est clair et évident que le SNP s’identifie au mouvement écossais, dans toutes ses tendances et nuances, de l’autonomie à l’indépendance, des réalistes souhaitant composer avec le Pouvoir britannique aux fondamentalistes intransigeants sur la question de l’indépendance écossaise.
Pour le SNP, le Reich allemand sera l’ennemi des « nations » ; il dénoncera ainsi un pays (l’Allemagne) « qui avait déjà détruit trois nations », c’est-à-dire, lors de la déclaration de guerre du Royaume-Uni au IIIe Reich, le 3 septembre 1939, l’Autriche, la Tchécoslovaquie et la Pologne.
À la fin de la IIe Guerre mondiale, des conflits internes marquèrent le SNP.
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Philippe Ran