Italie : Gouvernement de Giorgia Meloni, quel premier bilan ?
Par article conseillé par EuroLibertésEntretien réalisé par Xavier Eman
L’arrivée au pouvoir en Italie de la coalition de droite menée par Giorgia Meloni avait fait beaucoup de bruit dans le landernau politico-médiatique, les uns hurlant d’effroi face à une fantasmatique victoire des “néo-fascistes” tandis que d’autres se réjouissaient de la mise en place d’un véritable gouvernement populiste de droite dans un des pays fondateurs de l’Europe. Puis, comme toujours, l’attention médiatique s’est déplacée sur d’autres sujets. Que s’est-il donc passé en Italie depuis cette spectaculaire élection, quelles actions ont été menées par Giorgia Meloni et sa majorité? C’est pour répondre à ces questions que nous avons interrogé le journaliste et écrivain italien Adriano scianca, directeur du Primato Nazionale. (https://www.ilprimatonazionale.it/ )
1) La victoire de « l’union des droites » (Fratelli d’Italia, Lega, Forza Italia), sous la conduite de Giorgia Meloni, a suscité beaucoup d’enthousiasme, d’espoirs mais aussi d’interrogations, et ce bien au-delà des frontières de l’Italie. Après quelques mois de gouvernement, peut-on tirer un premier bilan de l’action menée par cette coalition ?
Giorgia Meloni se retrouve à gouverner dans un contexte très difficile : il y a peu d’argent, il y a une guerre en cours, elle a beaucoup de médias contre elle, les personnes qui l’entourent ont peu d’expérience en matière de gouvernement, ses propres alliés ne lui font pas entièrement confiance. Compte tenu de ces facteurs, je dirais que le bilan peut être considéré comme assez positif. Sur la scène internationale en particulier, il me semble qu’elle a bien évolué, recherchant le dialogue plutôt que la provocation permanente, qui n’est pas une fin en soi. Disons que le gouvernement de Giorgia Meloni a montré jusqu’à présent les mêmes mérites et les mêmes défauts que les divers gouvernements de centre-droit que l’Italie a connus au cours des 25 dernières années. Une grande partie de la controverse autour de ce gouvernement est essentiellement verbale, basée sur des questions idéologiques secondaires, telles que la lutte contre la farine de grillons ou la viande “synthétique”. Ces questions ne sont absolument pas fondamentales, mais servent à Meloni à plaire à son électorat et à montrer qu’elle fait des choses “de droite”. Mais les enjeux essentiels sur lesquels un bilan définitif sera tiré sont tout autre.
2) La question migratoire, cruciale pour l’avenir de l’Italie comme de l’Europe, a été au coeur de la campagne électorale de Girogia Meloni. Mais depuis son accession au pouvoir, sa majorité semble lancer des signaux contradictoires dans ce domaine, entre fermeté et éloge de « l’immigration légale » dont l’économie italienne aurait besoin… Qu’en est-il exactement ?
Dans ce domaine particulier, nous devons dire qu’il y a eu une grande confusion. Il suffit de rappeler que le ministre de l’agriculture, Francesco Lollobrigida (qui est aussi le beau-frère de Meloni) a d’abord parlé de 500 000 emplois pour les immigrés “légaux”, puis a suscité une vive polémique en parlant de la nécessité de lutter contre la “substitution ethnique”, ce qui a conduit la gauche à qualifier (bien improprement) le gouvernement de “suprémaciste”.
L’idée est celle de déclarations politiques plutôt désinvoltes, sans véritable cohérence idéologique sous-jacente, qui révèlent une certaine inexpérience évoquée plus haut. Il faut également rappeler qu’il y a quelques mois, un terrible naufrage a eu lieu près des côtes calabraises, faisant des dizaines de morts. Le gouvernement a été soumis à une forte pression de la part des médias et de la gauche, et je pense qu’il a un peu souffert de cette situation. Le fait est, au-delà des mots, que les entrées irrégulières ont augmenté, en partie à cause de la grande instabilité en Tunisie. C’est évidemment un gros problème.
La stratégie de Meloni en matière d’immigration comprend deux points : un “plan Mattei” pour l’Afrique (Enrico Mattei était le fondateur de la compagnie pétrolière nationale Eni, célèbre pour avoir défié les géants américains et avoir trouvé la mort dans des circonstances mystérieuses), c’est-à-dire un plan de collaboration et de développement du continent africain mené par l’Italie, ce qui augmenterait évidemment le poids politique de l’Italie dans cette région ; et l’idée d’inciter l’Union européenne à défendre enfin ses frontières, idée qui, au cours des derniers mois, semble avoir trouvé un soutien notable dans les institutions de l’UE. S’il réussit sur ces deux points, le gouvernement Meloni obtiendra un résultat historique. Mais il s’agit d’une opération politique et diplomatique très difficile.
3) En France, certains médias ont évoqués un « refroidissement » des relations – voire une prise de distance – entre la coalition de Giorgia Meloni et le Rassemblement National de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Confirmez-vous cette tendance et si oui, comment l’expliquez-vous ?
Honnêtement, je ne connais pas les relations réelles entre Meloni et le parti lepéniste. Je crois que le Rassemblement national a surtout établi des contacts avec la Lega de Matteo Salvini, qui a cependant aujourd’hui beaucoup moins de poids qu’autrefois (inférieur à 10 %). Salvini lui-même n’est pas très apprécié dans son propre parti, puisque de nombreux représentants historiques l’accusent d’avoir “trahi le Nord”, dénaturant le parti. On peut donc dire que Le Pen et Bardella se retrouvent avec un allié beaucoup moins fort en Italie qu’auparavant. Quant à Meloni, je pense qu’elle considère ce type de contact comme un problème politique. Après tout, ses relations avec Macron sont déjà relativement problématiques, et je pense que le fait d’afficher des relations trop étroites avec le Rassemblement national est perçu par Fratelli d’Italia comme quelque chose de négatif dans les cercles diplomatiques.
Article paru sur le site du Nouveau Présent.
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