21 mai 2019

Européennes : de « Renaissance » à résurrection

Par Henri Feng

Nathalie Loiseau, la tête de liste de LREM aux prochaines élections européennes, multiplie les fautes de goût ; la dernière en date étant l’annonce de son « Pacte Simone Veil » (cliquez ici).

Nathalie Loiseau.

Nathalie Loiseau.

Dans son livret de campagne intitulé « En marche pour l’Europe ! Projet Renaissance », ses équipes n’hésitent pas à user de tous les artifices dignes des « mémos » d’entreprises : il faut cocher toutes les cases. Il s’agit de tout mélanger dans le « Pacte » : « contraception et IVG libres », « lutte contre les violences faites aux femmes », et « égalité salariale ». La liste est composée de bons soldats de la brusselisation de la France. Parmi les 30 premiers, figurent, dans l’ordre, Pascal Canfin ou la synthèse de l’écologie et du business, Jérémy Decerle ou l’ombre de la FNSEA, Bernard Guetta ou la macronisation de France Inter, Sylvie Brunet ou le Conseil Économique Social et Environnemental, Gilles Boyer ou « l’identité heureuse », Pascal Durand ou l’écologisme des bobos et, enfin, Ilana Cicurel ou le Bureau politique de LREM (le 2 mai 2017, cette avocate avait publié, avec d’autres parmi ses coreligionnaires, une tribune au titre problématique, « Au nom du judaïsme et de la République, nous appelons à voter Macron », sur le site de L’Express).

En définitive, l’élection de Macron à la magistrature suprême n’est pas la cause, mais l’effet de l’effondrement du politique. De fait, la tectonique des plaques idéologiques ne cesse de poursuivre son mouvement de fond depuis l’avènement du libéral-libertarisme en France (dans les années 70), et ce, à présent sous l’égide de l’appendice de François Hollande.

La politique en faveur de la libre circulation exponentielle des biens, des marchandises, des capitaux, des informations et des individus n’aura jamais été aussi prégnante dans notre technocratie. Georges Marchais, secrétaire général du PCF de 1972 à 1994, avait suscité la polémique en déclarant en une de L’Humanité du 6 janvier 1980 : « Dans la crise actuelle, [l’immigration] constitue pour les patrons et le gouvernement un moyen d’aggraver le chômage, les bas salaires, les mauvaises conditions de travail, la répression contre tous les travailleurs, aussi bien immigrés que français. »

Après quoi, Mitterrand succéda à Giscard : le regroupement familial entraîna SOS Racisme et son cahier des charges multiculturaliste.

À l’image d’Andréa Kotarac (le 14 mai dernier), le souverainisme de gauche doit rompre avec LFI pour converger avec RN. De toute façon, un bouleversement durable au sein du cercle des idées politiques se réalise : de l’extrême droite à l’extrême gauche contre l’extrême centre. Seulement, un front national et social peut-il être débarrassé des oripeaux du technoscientisme, autrement dit du contrepoids de l’humanisme des Lumières ?

Malgré l’actuelle tentation écologiste (à travers le véganisme), assiste-t-on à la résurrection du surhomme nietzschéen ?… Car, aujourd’hui, « l’homme n’est plus artiste, il est lui-même œuvre d’art » (dans La naissance de la tragédie). Il a quitté la force pour se faire forme.

Le fruit d’une longue histoire depuis la Renaissance. Le retour d’Athènes contre Sparte. « Rien de plus que de penser ce que nous faisons », disait Hannah Arendt pour signifier la tâche de la philosophie. Encore et toujours, l’ordre des mots doit livrer un combat contre l’empire du chiffre. Sans doute, au nom de l’éternel retour du même…

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