Étrange conception démocrate-chrétienne de la démocratie
Les moments de pur bonheur sont rares ; mais il en est d’autres un peu moins purs sans doute, mais moins rares. Par exemple celui que l’on ressent à découvrir plus bête que soi. On en éprouve même quelque reconnaissance envers le destin…
C’est en tout cas ce plaisir que vient de me procurer, le lundi 27 juin 2016, un des chroniqueurs attitrés de L’Éclair qui s’en prend à « la démagogie et au populisme » dont viendraient de faire preuve les Anglais.
Monsieur Patrice Carmouze, dont il s’agit, sait mieux que les Anglais ce qui est bon pour eux. Jusqu’à présent, il avait tenté de montrer sa science dans d’autres domaines : par exemple comme amuseur public avec Monsieur Dechavanne. Cela ne dura pas, car pour cela il faut un peu d’esprit. Dechavanne s’efforça d’en avoir pour deux, mais ce fut en vain. Monsieur Carmouze s’est donc rabattu sur la chronique de presse, ce qui est un peu moins exigeant, question de matière grise.
Il a épousé la cause démocrate-chrétienne et y exerce une incompétence tous azimuts, qui en fait une sorte de docteur « honoris causa » de la banalité et de l’esbroufe européenne. C’est un signe des temps : On peut même être payé pour cela !
Voici qu’il écrit : « On peut craindre, malheureusement, que les dirigeants européens se montrent aussi bêtes que l’aura été David Cameron… »
Et oui, David Cameron a consulté son peuple, d’où sa « bêtise » ! La conception que les démocrates-chrétiens ont de la démocratie, m’étonnera toujours. Où se trouve donc le principe moral de la démocratie chrétienne aujourd’hui ? C’est qu’on est européen, ce qui est bien, ou qu’on ne l’est pas, ce qui est mal. Enfin disons que c’est mal si vous n’êtes pas européen à la façon de M. Carmouze, car évidemment vous l’êtes autant que lui par droit de naissance.
Vous avez aussi le droit de vous étonner que Monsieur Carmouze trouve « bête » le suffrage populaire quand il ne va pas dans le sens de ses phantasmes. Et vous avez même le droit de penser qu’il appartient à la même famille que Voltaire qui disait (19 mars 1766) : « Il est à propos que le peuple soit guidé et non pas qu’il soit instruit. Il n’est pas digne de l’être ! »
Déjà, Monsieur Sarkozy qui est un praticien du genre, avait conclu qu’il ne fallait nullement respecter le vote du peuple français qui, en 2005, s’était prononcé contre la Constitution européenne, et il avait réussi, à nous imposer le Traité de Lisbonne en 2009, en évitant la consultation populaire dont il craignait la sanction.
L’Europe de M. Carmouze me paraît de cette sorte, soit l’Europe contre les peuples. Et c’est ainsi qu’il va jusqu’à défendre ce qu’il nomme la « soi-disant bureaucratie bruxelloise », en demandant qu’on cesse de la moquer sur « la forme des bananes ou la taille des concombres. »
Patatras ! Voila que dans le même numéro du journal, le député Jean Lassalle dans le même temps déclare : « On ne peut rien bâtir de durable sans le peuple souverain. Réjouissons-nous que ceux qui avaient pris l’habitude de diriger seuls et sans partage, à la solde d’un capitalisme féroce, broyant l’homme, prennent conscience de leur forfaiture ! »
Voila donc Jean Lassalle glisser avec violence de la démocratie chrétienne vers ce « populisme » qui donne des boutons a M. Carmouze ! Le centrisme y résistera-t-il ?
En tout cas, le « populiste » Lassalle parle de ce qu’il connaît, et l’« eurofaste » Carmouze parle de ce qu’il voudrait que l’Europe soit et qu’elle n’est pas ! Mais il faut reconnaître que M. Carmouze possède, sans peut-être en avoir conscience, de puissants alliés : Monsieur Peter Sutherland – président de Goldman Sachs international, de British Petroleum, directeur de la Royal Bank of Scotland et rapporteur de la section Europe de la Commission Trilatérale – ne vient-il pas de déclarer à propos du scrutin Britannique : « D’une façon ou d’une autre, ce scrutin doit être annulé ! »
Le « d’une façon ou d’une autre » doit être éclairé. En voici les attendus, selon ce qu’en a dit Cord Meyer, ancien directeur de la CIA : « Une fois qu’elle sera jointe au gouvernement fédéral mondial, aucune nation ne pourra se détacher ou se révolter du fait que, disposant de la bombe atomique, le gouvernement fédéral mondial rayerait cette nation de la carte du Globe… »
Évidemment, ce projet date du temps ou Poutine n’était pas encore venu jouer le chien dans le jeu de quilles…
Mais l’Europe, telle que vient de la critiquer Jean Lassalle, c’est celle qui nous conduit inévitablement au gouvernement mondial, contre la volonté « nationaliste et souverainiste des nations. »
J’emploie ces mots à dessein, car c’est avec ces termes que le citoyen Carmouze désigne les ennemis de son Europe, car pour lui, les ennemis, ce ne sont pas les Islamistes qui nous arrivent avec la prodigieuse invasion de l’Europe programmée par la CIA, ce ne sont pas ceux qui acceptent de voir nos églises transformées en mosquées, ce ne sont pas les auteurs du génocide paysan qui va nous mettre sous la dépendance alimentaire des États-Unis, ce ne sont pas les humanistes dans le genre Cahuzac qui abondent dans le nouveau socialisme, non, ce sont les « nationalistes et les souverainistes » qui pensent que Jeanne d’Arc avait raison.
Mais il est vrai que nous avons eu la compétition de l’« Euro » Foot, et que le citoyen s’est consolé avec. Il y voit « un vrai visage de l’Europe », et « le meilleur des mondes » ! Je vous jure que c’est écrit ! Vous comprendrez quelle a été ma satisfaction de voir que la virilité de mes adversaires s’incarnait dans celle des pieds à la poursuite d’un ballon !
Et par analogie de forme, Monsieur Carmouze fait des bulles qui, pour quelques secondes, reflètent l’arc-en-ciel avant de n’être plus rien, comme les bulles de savon…
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