Du bouclier à l’épée
Les derniers sondages publiés nous invitent à porter notre réflexion sur la possibilité, voire la probabilité, de la réélection d’Emmanuel Macron pour un second mandat en 2022.
Même s’il apparaît devancé de 3 ou 4 points par Marine Le Pen, selon les configurations, il paraît difficile, à ce stade, d’envisager son échec au second tour, y compris en considérant la forte poussée de la candidate.
Souhaiter l’élimination de Macron dès le premier tour serait le fruit de la progression d’un candidat qui plafonne actuellement entre 10 et 15 % : Xavier Bertrand et Valérie Pécresse se servent des élections régionales pour « tester » leur popularité dans leurs régions respectives, Hauts-de-France et Île-de-France, avant de se déclarer candidats ; quant aux candidats de gauche divisés en trois familles (les Verts, les socialistes et les « insoumis »), ils semblent d’ores et déjà éliminés de la phase finale, puisqu’en phase terminale.
Quinze mois avant « la reine des batailles », il ne semble pas qu’un « Monsieur X » puisse venir perturber le jeu ou alors qu’il s’annonce rapidement…
Il apparaît donc clairement que l’alternance à Macron repose dans la candidature exclusive de Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan plafonnant, ce qui n’est pas si mal, à hauteur de 7 %, permettant un report de voix au second tour en faveur de la députée du Pas-de-Calais. Le temps est donc celui de porter une parole qui permettra à Marine Le Pen de donner à son programme une coloration identitaire et conservatrice. La droite souverainiste, constituée de multiples chapelles, n’a plus le temps de présenter un « sauveur » mais de composer avec les forces nationales dont la victoire est envisageable.
L’argent nécessaire, les cinq cents signatures d’élus et la notoriété sont des obstacles dont chacun a conscience. Emmanuel Macron joue la montre comme un vieux sportif aguerri, instrumentalisant la crise sanitaire pour se présenter comme le « protecteur des Français » le jour venu. Qui est plus protecteur que lui ?
Demain, Macron se présentera comme le « bouclier » humain, celui qui a préservé les Français du déluge de morts. Il y a dans le discours de Macron ce manque patent d’avoir connu et vécu la guerre et son vocable, pour belliqueux qu’il soit, se limite à des imprécations soufflées par le comité médical qui nous dirige depuis mars 2020.
Or, depuis un certain temps, nous savons que le bouclier, y compris sanitaire, ne suffit pas. L’épée doit être notre force de frappe, notamment dans la désignation de l’ennemi principal, l’islamisme politique, justement dénoncé par une récente campagne lancée par le Rassemblement national.
Les élections départementales et régionales, quand le pouvoir décidera leurs tenues, peuvent et doivent être un galop d’essai concluant pour rassembler, dans les urnes et au sein des conseils, électeurs et élus qui permettront une dynamique pour le printemps 2022.
Il n’est pas trop tard pour préparer la défaite d’un prestidigitateur qui, de l’affaire Benalla aux « Gilets jaunes » n’a fait que s’appliquer à survivre politiquement, profitant de l’atonie et du soutien de la plupart des Républicains. La politique de la peur suscitée par un virus dont la létalité reste à démontrer ne peut que servir à la réélection du président.
Cette stratégie de la peur ne peut pas occulter la vie politique, économique, culturelle et sociale de la France. Les dernières mesures prises par le duo Macron-Castex, comme la fermeture des frontières, sont des revendications de la droite nationale… depuis le début de la pandémie.
La paralysie française que chacun ressent doit trouver son terme. L’agitation du bouclier sanitaire par le parti de la peur doit laisser place à une politique volontaire soucieuse d’une France, une France à la pointe de l’épée.
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