3 mars 2024

Coups d’œil & Tirs à vue

Par Euro Libertes

Préface d’Alain Sanders au livre Coups d’œil & Tirs à vue de Philippe Randa (Éditions Dualpha).

Alain Sanders.

Quand on s’attaque – à tous les sens du mot – à la préface d’un livre écrit par un ami et, qui plus est, un ami pour lequel on a de l’estime, on est comme tétanisé. Parce qu’il y a l’amitié, bien sûr, mais aussi l’ouvrage avec lequel vous voilà confronté. Au risque de se trouver, ici où là, avec des con­si­dérations possiblement défrisantes…

Avec Philippe Randa, ces éventuels états d’âme ne se posent guère. On assume nos maigres différences qui tiendraient sur une feuille de papier à cigarette. D’autant qu’avec ce livre je ne suis pas en terra incognita : c’est le XXIe volume des Chroniques barbares que Randa nourrit avec une régularité de métronome. Pour notre plus grand plaisir.

Et aussi, à l’occasion, pour un petit coup de nostalgie. Quand, par exemple, il évoque l’écrivain de science-fiction (de mon temps, on disait d’« anticipation ») Jimmy Guieu. Long­temps, j’ai eu une ferme, non pas en Afrique comme disait Karen Blixen, mais à la Chaussée d’Ivry. Au bord de l’Eure, près d’Anet et d’Ivry-la-Bataille. Aux marches de la Normandie. Jimmy Guieu est enterré dans le petit cimetière de ce village et je lui fis régulièrement visite.

Si Randa parle de Jimmy Guieu (qu’il a bien connu) dans l’une de ses chroniques, c’est pour rappeler que cet écrivain, à quelques égards visionnaire, mit en scène des aliens envahissants qu’il avait appelés « les petits gris ». De ces « petits gris » aux « petits hommes gris » qui nous pourrissent la vie, il n’y a qu’un pas que Randa franchit avec allégresse. C’est comme un clin d’œil, une connivence, un signe de reconnaissance avec ceux qui sont du clan, de la famille (comme disait Serge de Beketch).

Un clin d’œil ? Très judicieusement : ce XXIe volume des Chro­niques barbares s’intitule Coups d’œil & tirs à vue. Il faut en effet avoir la vue acérée pour capter l’actualité et lui faire un sort qui dépasse la simple actualité. Et tirer à vue : il y a du sniper chez Randa qui tire plus vite que son ombre (et ce n’est pas un hasard si ses textes sont souvent adornés d’une caricature de lui fringué à la Lucky Luke…).

On a dit jadis de Rimbaud qu’il était, enfant prodige s’il en fut, « pourri » de littérature. On peut dire de Randa qu’il est « pourri » de culture populaire. C’est ce qui donne de la patte et de la chair à son écriture, à sa façon d’assaisonner – son style ne manque pas de sel… – les choses vues, puis racontées. Il y a chez lui un background (comme on ne devrait pas dire, mais on sait que je suis incorrigible sur ce plan-là), un havresac empli de références qui nous parlent, mais qui, on s’en doute, ne parlent guère aux plus jeunes (une des chroniques s’intitule significativement : « Cette France que les moins de trente ans n’imaginent même pas »).

On ne peut qu’être d’accord avec Randa quand il montre et qu’il démontre que « c’était mieux avant ». Pas parce que nous étions jeunes, comme pourraient le suggérer quelques malfaisants, mais parce qu’on pouvait par exemple triquer « les saltimbanques de l’intolérance » (titre d’une des chroniques). On les aura fait courir, la paille au cul, à Nanterre, à Censier, à la Sor­bonne…

C’était mieux avant parce que, quoiqu’on ait pu penser de nos adversaires, voire de nos ennemis, nous avions encore les mêmes références culturelles, identitaires, civilisationnelles. Déjà, avant nous, je pense à Léon Daudet et à Léon Blum que tout – sauf un même bagage culturel – séparait. Le jour où ils s’empoignèrent à l’Assemblée nationale sur l’opportunité de continuer à enseigner le latin au collège, ils le firent intégralement en latin. Avec une courtoisie façon senatus populusque romanus

De quoi voudriez-vous débattre aujourd’hui avec des Mbappé, des Sandrine Rousseau, des Aurore Bergé, des Élisabeth Borne (mal partie pour être born again…), des Darmanin (« Darmanin de Tarascon » comme l’appelle Randa), etc., toutes gens épinglées dans ces chroniques ? À part le fait que nous avons en commun – et encore… – un nez, deux jambes, deux bras, deux mains, nous ne partageons rien.

Les Chroniques barbares de Philippe Randa ne relèvent pas du « journal » comme en tenaient les Frères Goncourt, Pierre Louÿs, Léon Bloy, Jules Renard, Julien Green, par exemple. Eux parlaient certes des autres, de ce qu’ils avaient vu et entendu en ville, mais ils parlaient surtout d’eux-mêmes en une sorte d’égotisme charmant et parfois un peu rasoir. Il n’empêche qu’il y a quand même du diariste chez Randa. Le mot diariste est un anglicisme (un de plus, diront mes détracteurs…) emprunté à la fois à l’anglais et au latin (diarum, ce qui est journalier).

Je comparerai Randa, dusse sa modestie en souffrir, au duc de Saint-Simon (qui avait la mémoire en trou de serrure, comme disait Raymond Devos) qui nous a laissé une relation inégalable – ses Mémoires – sur le siècle de Louis XIV et la Régence. Oui, oui, je sais bien : Saint-Simon avait pour sujet – bien que le roi ne soit pas un sujet… – le Grand Siècle et le Roi Soleil quand Randa doit se colleter avec la République du mari de Madame Trogneux (et le précédent volume des Chroniques barbares s’appelait La France macronisée). Il n’en reste pas moins que les historiens – et les curieux – des temps à venir se pencheront avec bénéfice pour les uns, gourmandise pour les autres, sur cette somme encyclopédique d’infos et de commentaires rassemblés jour après jour au rythme de l’actualité.

Que le lecteur (arrivant de je ne sais quelle planète créée par Jimmy Guieu…) qui découvrirait récemment Randa n’attende pas de lui des propos enrobés de miel. Aucune concession au prêt à penser, au conformisme, aux dingueries wokistes, au surtoutpasdamalgame et autres bisounourseries, aux Khmers verts, aux fanatiques rouges et aux éléphants roses.

Randa sait que toute civilisation – à commencer par la nôtre – est le fruit du passé. Il n’a pas besoin d’y insister plus que ça pour montrer que nous ne saurions comprendre le présent et pré­parer l’avenir sans nous référer à l’héritage de nos ancêtres. Connaître la pensée et les hauts faits (on disait la geste autrefois) de nos prédécesseurs ne relève pas – encore que… – de la seule érudition, mais d’une nécessité vitale de préserver (et déjà de restaurer) les trésors de notre Histoire millénaire.

Charles Maurras disait à propos de Léon Daudet (déjà cité) : « On ne nourrit pas les lions avec des épinards ». Le propos vaut pour Randa. Saintes colères… Naguère, on décrivait une armée bien préparée (en principe) en disant qu’il ne lui manquait pas un bouton de guêtre. Les chroniques de Randa sont de cet acabit. On s’en convaincra en se penchant plus précisément sur tel ou tel chapitre dont le titre nous aura accroché : soit parce qu’on en en connaît bien les épisodes qui y sont liés, soit parce qu’on les connaît mal et qu’on voudrait en savoir plus. J’ai peut-être l’air de dire ça un peu légèrement, histoire de titiller le lecteur potentiel et d’accrocher le chaland. Ne pas s’y tromper : tout ce qu’on lit dans ces pages vibrillonnantes, les petits hommes gris, les gauchardingues haineux, les mangia caga, les médias mainstream et leurs porte-coton, etc., nous concerne au premier chef. Non, ne pas s’y tromper : ce sera eux ou nous.

Isidore Ducasse, passé à la postérité sous le nom de comte de Lautréamont, écrit dans Les Chants de Maldoror : « Mettez une plume d’oie dans la main d’un moraliste qui soit écrivain de premier ordre. Il sera supérieur aux poètes. »

Philippe Randa n’écrit pas à la plume d’oie. Mais il y a du moraliste chez lui. Après Saint-Simon, Chamfort, le moraliste de la révolte ? Nous restons en bonne compagnie !

Nous évoquions plus haut les historiens et les curieux qui se pencheront, bien après nous, sur les volumes des Chroniques barbares. Ils y découvriront, par exemple, qu’un footeux acculturé, un certain Mbappé, a versé les larmes de Chimène (Badi) pour un jeune délinquant qualifié de « petit ange ». Que le président de la République de ces années-là, un certain Macron, sorte de Greta Thunberg hexagonale (les nattes en moins), accueillait avec délectation à l’Élysée des êtres indéfinissables, ni hommes ni femmes, ni chair ni poisson, ni poil ni plumes. Il faut avoir l’estomac bien accroché pour se faire le Joinville de telles turpitudes. Avoir de sacrés coups d’œil et l’adresse des tirs à vue… Un tireur sensible, Randa, mais pas sans cibles…

Précieuse lecture, donc, que ce voyage au bout de notre société décadente. Un monument dont il faut pousser la porte et suivre ensuite le guide de pièce en pièce. J’ai l’impression que Philippe Randa ne posera son sac que le jour où nous serons enfin rentrés dans notre héritage. Autant dire qu’il n’a pas fini, et nous avec, d’aller au charbon !

Alain Sanders, né à Salé (Maroc), rejoint le quotidien Présent fin 1982. Grand reporter, il assurera notamment de nombreux reportages à l’Étranger. Il est par ailleurs l’auteur de plus de 80 livres, recueils de poésies, théâtre, romans, essais, bandes dessinées, reportages… et avec Bernard Lugan, de l’adaptation et des paroles des Partisans blancs. Animateur de l’association Country Music attitude, il est parolier de nombreuses chansons country.

Coups d’œil & Tirs à vue (Chroniques barbares XXI),  Philippe Randa, Dualpha, préface d’Alain Sanders, 186 pages, 25 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici

Coups d’œil & Tirs à vue (Chroniques barbares XXI), Philippe Randa, Dualpha, préface d’Alain Sanders, 186 pages, 25 euros.

EuroLibertés : toujours mieux vous ré-informer … GRÂCE À VOUS !

Ne financez pas le système ! Financez EuroLibertés !

EuroLibertés ré-informe parce qu’EuroLibertés est un média qui ne dépend ni du Système, ni des banques, ni des lobbies et qui est dégagé de tout politiquement correct.

Fort d’une audience grandissante avec 60 000 visiteurs uniques par mois, EuroLibertés est un acteur incontournable de dissection des politiques européennes menées dans les États européens membres ou non de l’Union européenne.

Ne bénéficiant d’aucune subvention, à la différence des médias du système, et intégralement animé par des bénévoles, EuroLibertés a néanmoins un coût qui englobe les frais de création et d’administration du site, les mailings de promotion et enfin les déplacements indispensables pour la réalisation d’interviews.

EuroLibertés est un organe de presse d’intérêt général. Chaque don ouvre droit à une déduction fiscale à hauteur de 66 %. À titre d’exemple, un don de 100 euros offre une déduction fiscale de 66 euros. Ainsi, votre don ne vous coûte en réalité que 34 euros.

Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

Quatre solutions pour nous soutenir :

1 : Faire un don par virement bancaire

Titulaire du compte (Account Owner) : EURO LIBERTES
Domiciliation : CIC FOUESNANT
IBAN (International Bank Account Number) :
FR76 3004 7140 6700 0202 0390 185
BIC (Bank Identifier Code) : CMCIFRPP

2 : Faire un don par paypal (paiement sécurisé SSL)

Sur le site EuroLibertés (www.eurolibertes.com), en cliquant, vous serez alors redirigé vers le site de paiement en ligne PayPal. Transaction 100 % sécurisée.
 

3 : Faire un don par chèque bancaire à l’ordre d’EuroLibertés

à retourner à : EuroLibertés
BP 400 35 – 94271 Le Kremlin-Bicêtre cedex – France

4 : Faire un don par carte bancaire

Pour cela, téléphonez au 06 77 60 24  99

Partager :