Lettre à M. Éric Brunet, LCI
Tous les soirs, sur LCI, votre émission c’est « Ici Radio OTAN, Radio Kiev ! »
Votre émission vespérale est insupportable de parti pris : vos « pétroleuses » sont dignes de la « Propagandastaffel » d’un autre temps !
Non, la Russie ne va pas perdre la guerre ! Oui, elle est l’agresseur, mais pourquoi ?
Les accords de Minsk I et II, dont les parrains – inefficaces – étaient l’Allemagne et la France, n’ont JAMAIS été appliqués ! Que veulent, VRAIMENT, les Russophones du Donbass et du sud de l’Ukraine ? « That is the question » … Pour la Crimée, artificiellement arrachée à la Russie par Kroutchev, c’est plié ! Elle est russe à 80 % et le restera.
Livrer du matériel militaire – dont une bonne partie, paraît-il disparaît… pas pour tout le monde ! – est ajouter de la guerre à la guerre, et faire durer un conflit qui, de toute façon, devra se terminer autour d’un tapis vert sauf – ce qu’à Dieu ne plaise – en guerre mondiale ! Déjà, les tracasseries managées par la Lituanie autour de l’enclave de l’ex-Königsberg, sont inquiétantes.
L’Occident, à trop jouer avec les allumettes, pousse à l’embrasement. Il faut calmer l’ours russe en lui accordant ce qu’il peut légitimement réclamer : une réelle autonomie des citoyens ukrainiens russophones. Si cela avait été accordé, l’indépendance des oblats de Lougansk et Donetsk, aurait-elle été proclamée, et dans une certaine mesure, justifiée ? Dans les conditions actuelles de l’avancée russe sur le terrain, on peut redouter un rattachement pur et simple de ces territoires à la Fédération de Russie, amorçant ainsi le démantèlement de l’Ukraine, nation artificielle s’il en est. (Ce qui ne serait peut-être pas pour déplaire à certains de ses voisins occidentaux, qui ne l’avoueront pas…)
Dans le cadre d’un cessez-le-feu, sous supervision internationale impartiale, un référendum devrait clarifier cette situation et nous faire connaître la volonté réelle des populations concernées. Zelenski, prêt à se battre jusqu’au dernier ukrainien, poussé à l’incandescence par des stratèges en chambre de l’OTAN, serait grandi s’il acceptait de négocier avec Poutine sur la base, d’abord, d’une fédéralisation de l’Ukraine. Ce que les accords de Minsk prévoyaient.
La Russie n’a pas tous les droits : certes, elle est, sur le terrain, de facto, l’agresseur. Mais il faut se demander, oui, POURQUOI ?
Si les Wallons francophones étaient persécutés par les Flamands de Belgique, la France devrait-elle rester l’arme au pied ? Peut-être, hélas, car on a vu ce qu’il en est advenu dans d’autres circonstances, en Algérie notamment en juillet 1962, où l’armée française à Oran, a laissé un bon millier des siens se faire massacrer par le FLN. Les Russes ne semblent pas être de ce calibre, c’est tout à leur honneur.
J’arrête de regarder votre émission, trop unilatérale, sans nuances aucune, un instrument de propagande américano-otanesque. L’Alliance atlantique était nécessaire à l’époque de la guerre froide, lorsque l’URSS était une VRAIE menace sur tous les continents, et qu’il fallait la contenir. À l’époque, De Gaulle avait tort de vouloir jouer la carte de la « troisième voie » entre les blocs. La solidarité occidentale était nécessaire, au Vietnam comme à Berlin. La situation n’est plus la même de nos jours.
La Russie actuelle, qui aspire à redevenir une puissance reconnue, n’est pas la Russie communiste d’hier, même si elle a encore des caractéristiques – disons, je vous l’accorde – « soviétoïdes ». Poutine passera, mais la Russie restera. C’est une erreur de la pousser dans les bras de la Chine communiste, comme les Anglo-saxons poussèrent hier Mussolini dans les bras d’Hitler après avoir condamné son agression contre l’Éthiopie. À croire que les erreurs du passé ne servent pas à éclairer les conflits actuels. Les intérêts de la France d’abord !