10 juillet 2022

Sur les traces de Stefan George à Bingen-sur-le-Rhin

Par Lionel Baland

Bingen-am-Rhein est située en Allemagne, le long du Rhin, en aval de Mayence (Mainz). La rivière Nahe, qui prend sa source en Sarre, y rejoint ce fleuve qui constitue la colonne vertébrale de l’Allemagne. L’endroit est connu pour avoir abrité deux écrivains célèbres : Hildegarde de Bingen, une mystique du XIIsiècle qui a été déclarée docteur de l’Église catholique et canonisée en 2012 par le pape Benoît XVI, et le poète et traducteur allemand Stefan George, dont les frères Stauffenberg, proches de ce dernier depuis 1923 et qui ont réalisé l’attentat national-réactionnaire contre Adolf Hitler le 20 juillet 1944 à Rastenburg en Prusse-Orientale, se sont inspirés.

Büdesheim, maison natale de Stefan George.

Représentant des courants du symbolisme et du néoromantisme tardif, Stefan George (1868-1933) a pour modèle Stéphane Mallarmé, qu’il a rencontré à Paris. Il traduit ce dernier en allemand, ainsi que Dante, William Shakespeare, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud et Gabriele D’Annunzio.

Sous le IIIe Reich

Au sein de son ouvrage de poésie intitulé Das neue Reich (Le nouvel Empire) paru en 1928, Stefan George désire l’avènement d’une nouvelle aristocratie intellectuelle. Cinq ans plus tard, lors de l’instauration d’un autre nouvel Empire, désigné comme le IIIe, les maîtres de celui-ci, les nationaux-socialistes, désirent récupérer l’œuvre de Stefan George à des fins de propagande.

Stefan George rejette la demande du ministre de la Propagande du Reich Joseph Goebbels lui proposant la présidence d’une nouvelle Académie allemande de poésie. Il se tient à l’écart des manifestations organisées à l’occasion de ses 65 ans. Gravement malade, il part en Suisse et y décède le 4 décembre 1933, dans le canton du Tessin. Au cours des semaines précédant la mort du poète, les frères Stauffenberg – Alexander (1905-1964), Berthold (1905-1944) et Claus (1907-1944) – sont autorisés à lui rendre visite. Berthold et Claus von Stauffenberg veillent le corps du défunt, puis prennent part à l’enterrement qui se déroule à Minusio.

Alors que, « Cultivant son isolement manifeste, George n’en espérait pas moins que son œuvre et ses disciples pourraient un jour prendre la tête d’un mouvement de rénovation », (1) ceux d’entre eux qui ne partent pas en exil, doivent assumer le changement de régime survenu en Allemagne. « Pris entre l’exaltation nationaliste, la loyauté envers l’État par temps de guerre, leurs convictions morales et leurs amitiés, ils maintinrent souvent leur fidélité à l’idéal supérieur du Poète comme Guide. À l’exemple des frères Stauffenberg, leur attitude ne put qu’être paradoxale. » (2)

« L’analyse des frères fut celle de nationalistes, responsables à leur niveau de la réussite de la guerre, de la vie de leurs hommes et de leur famille. » (3)

Le IIIReich parodie le nouvel Empire souhaité par Stefan George : « Il en était l’exacte contrefaçon » (4).

Bingen, bâtiment qui accueille le musée Stefan George.

Tuer Hitler

« S’appuyant sur les réseaux conservateurs de l’aristocratie allemande au sein de l’armée, n’hésitant pas à promouvoir l’alliance avec tous les adversaires de Hitler – d’hommes politiques chrétiens à des militants communistes –, Berthold et Claus von Stauffenberg se constituèrent en chevilles ouvrières de la résistance allemande. Dès l’automne 1941, Claus fut convaincu de la nécessité de débarrasser le pays des nationaux-socialistes ; mais après la victoire. Son rôle à l’État-major favorisa son évolution. Vraisemblablement au cours de l’année 1943, il fut convaincu de la nécessité du « tyrannicide ». Il fallait tuer Hitler, éviter à l’Allemagne – et partant à l’Europe – de connaître « l’anéantissement ». Les frères Stauffenberg le pensaient : la destruction de leur État signerait le glas de la civilisation continentale : elle marquerait la fin de l’œuvre du Maître, et de toute tentative de réorientation de la civilisation mondiale selon les valeurs d’une « élite de l’esprit ». » (5)

Claus et Berthold von Stauffenberg sont exécutés respectivement le 21 juillet et le 10 août 1944. La dernière parole attribuée à Claus devant le peloton est « Vive l’Allemagne secrète ! » (6), le titre d’un poème de Stefan George, paru dans son ouvrage Das neue Reich et devenu le mot d’ordre et le concept philosophico-culturel du cercle national-conservateur Stefan George, classé par Armin Mohler (1920-2003) parmi les organismes de la Révolution conservatrice en Allemagne, qu’il a conceptualisée.

Notes

(1) DEMESLAY Benjamin, Stefan George et son cercle. De la poésie à la Révolution conservatrice, collection Longue Mémoire de l’Institut Iliade, La nouvelle librairie, Paris, 2022, p. 7

(2) ibid., p. 59.

(3) ibid., p. 63.

(4) ibid., p. 64.

(5) ibid., p. 64-65.

(6) ou « Vive la Sainte Allemagne ! »

Source :

DEMESLAY Benjamin, Stefan George et son cercle. De la poésie à la Révolution conservatrice, collection Longue Mémoire de l’Institut Iliade, La nouvelle librairie, Paris, 2022.

À visiter à Bingen, sur les traces de Stefan George

Dans le village voisin de Büdesheim se trouve la maison natale de Stefan George, ainsi que celle de son grand-oncle. À Bingen, une rue porte le nom de Stefan George et un panneau est apposé à l’endroit où se trouvait autrefois la maison au sein de laquelle Stefan George a vécu sa jeunesse et qui a été détruite lors de la Seconde Guerre mondiale. Un peu plus loin, dans le centre de la ville, s’élève une statue de ce poète, devant l’entrée du bâtiment qui abrite le musée qui lui est consacré.

 

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