Quand les animaux étaient responsables de leurs actes et jugés au tribunal
Par Jill-Manon BordellayLes procès intentés aux animaux ont été des procès dans lesquels l’accusé était un animal qui se voyait reprocher un délit, un crime ou un dommage.
La loi du Talion fut appliquée dans l’Antiquité pour les hommes, mais également pour les animaux.
En Europe, pendant près d’un millénaire, les bêtes de ferme et les autres, mais aussi les insectes nuisibles pouvaient être envoyés devant les tribunaux et jugés à l’aide de toute une rhétorique en latin et d’allusions prétendument historiques, où l’on estimait que les animaux partageaient les mêmes lois et les mêmes devoirs que les hommes.
En général, les animaux étaient condamnés car leur avocat n’avait pas le talent ou l’envie de les défendre vraiment.
Toutefois, on peut retenir une anecdote qui va à l’encontre de ce qui était constaté à l’époque.
L’histoire retient le fait suivant : le procès de rats qui avaient causé de graves dégâts dans les récoltes et qui, de fait, étaient jugés. Les faits remontent à 1525.
Les rats étaient accusés d’avoir causé des dommages considérables aux environs d’Autun. Ces rats furent défendu par Barthélémy de Chasseneuz (photo), premier président du parlement de Provence et jurisconsulte, connu pour ses commentaires sur la coutume de Bourgogne. Il ne crut pas les rats indignes de son éloquence et de son érudition.
De Chasseneuz était avocat du roi François Ier et prit la défense des rongeurs ; il fit un un fort beau plaidoyer en leur faveur, au moins autant qu’on peut le présumer.
Cet avocat entama la défense des rats et changea la jurisprudence. Face à lui, les religieux et une population qui souffraient après de nombreuses années de la peste. Pourtant, Chasseneuz obtient de la cour que les rats aient un délai plus long pour être jugés, parce qu’ils ne pouvaient pas partir, étant donné que tous les chats voisins des villages étaient aux aguets.
Il faut sans doute se représenter cette époque où aucune frontière n’existait entre les domaines juridique, théologique et moral, et qui reposait sur l’idée d’une communauté des créatures de Dieu. Les animaux tout comme les hommes faisaient partie de l’Église.
Éric Baratay explique : « À ce moment-là, vous pouvez leur appliquer des procédures religieuses, mais il faut appliquer la même que pour les hommes. L’excommunication, c’est qu’on les sort de la communauté des créatures de Dieu. On les envoie au néant, à la mort. C’est quelque chose qui est très grave, on ne peut pas excommunier n’importe comment, même des mouches. »
Un autre procès moins favorable de l’accusé, était celui d’un cochon de Falaise en Normandie. L’affaire eut lieu en 1386.
Une truie renversa un nouveau-né et dévora son bras et une partie de son visage. L’enfant ne survit pas à ses blessures et la truie fut conduite au tribunal.
Le procès dura 9 jours. À l’issue du procès, la truie fut condamnée à être traînée sur une claie dans les faubourgs de la ville, puis pendue et brûlée.
Ce qui peut nous étonner, c’est que l’animal est tenu pour responsable de ses actes, mais en même temps est voué à la consommation. On pensait que l’animal avait des intentions et qu’il pouvait tuer sciemment. L’historien Michel Pastoureau sur les procès des cochons au Moyen Âge écrit à propos de la truie : « Avant de la pendre, on l’avait habillée avec des vêtements de femme, et le juge bailli de Falaise a deux idées extraordinaires : d’une part, il a demandé à ce qu’une grande peinture soit faite pour l’église de la Trinité de Falaise, pour garder en mémoire de l’événement, ce qui a été fait, on a pu voir cette peinture jusqu’au début du XIXe siècle. Et de l’autre, il a demandé aux paysans qui vivaient alentour de venir voir l’exécution de la truie avec les cochons pour que ça leur fasse enseignement. Il y a l’idée que les cochons étaient capables de comprendre et se comporteraient dorénavant beaucoup mieux dans cette région pour ne pas subir le même sort que la truie. »
On est étonné que de tels procès puissent encore avoir lieu à l’époque des Lumières et pourtant Jean Vartier dans son ouvrage intitulé Le procès d’animaux fait part d’un procès assez surprenant: « Le 4 floréal an II fut introduit devant le tribunal révolutionnaire d’Arras le perroquet de Monsieur de la Viefville et de sa fille, tous deux accusés d’avoir cherché à provoquer le rétablissement de la Royauté. »
On leur reprochait en premier lieu d’avoir instruit et conservé un perroquet qui ne savait prononcer que trois exclamations : « Vive le Roi ! Vive nos prêtres ! Vive les nobles ! »
L’oiseau réactionnaire dut comparaître devant les juges de la République. Le perroquet ne répéta aucune des phrases pour lesquelles il était accusé. Ses maîtres furent guillotinés, mais lui, en revanche, a été épargné. Une citoyenne nommée Le Bon dans l’assemblée se proposa d’inculquer une éducation républicaine et d’enseigner au psittacidé la seule phrase : « Vive la Nation ! » – Ce qui fut réalisé et sauva de justesse la tête de cet oiseau bavard.
De nos jours, il existe des avocats qui défendent les animaux contre la maltraitance des hommes. La Suisse Antoine Goetschel est avocat des animaux à Zürich. Il soutient ses clients « silencieux ». En matière de respect des animaux, la loi helvétique est déjà l’une des plus protectrices au monde. Elle stipule notamment que les propriétaires de poissons rouges ne peuvent pas les jeter vivants dans les toilettes et que les perruches doivent impérativement être accompagnées d’un partenaire dans leur cage.
En quelques siècles, les tribunaux, les magistrats ont changé la lecture des jugements d’animaux. De condamnés à mort, les animaux sont désormais défendus de la maltraitance par certains humains, lesquels peuvent encourir des peines de prison. L’évolution des mentalités est lente, mais nous pouvons espérer qu’un jour, les lois édictées seront suffisamment persuasives pour protéger les animaux de la cruauté et de l’abandon.
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Jill Manon Bordellay, Professeur de Philosophie, Docteur en Philosophie et en Littératures comparées et en Psychologie. Collaboratrice à l’Encyclopédie Universalis, différentes revues d’Art, de psychologie et des revues «Alternatives végétariennes» et «Droit animal éthique et sciences». Elle est l'auteur de plusieurs livres dont « Souffrance animale & responsabilité humaine », Dualpha, préface de Christian d’Andlau-Hombourg.