Un pour tous, tous contre Huns
Pendant la Ire Guerre mondiale, les Français, endoctrinés depuis deux générations par les hussards noirs de la république, assimilaient leurs ennemis aux Germains des grandes invasions. Les Anglais, eux, les appelaient les Huns. Peut-être parce qu’en tant que descendants des Angles et des Saxons, ils se sentaient quelque parenté avec les peuples germaniques. Mais non sans vraies raisons.
Au IIe siècle, les Huns étaient établis sur l’Oural, au pied du Caucase et le long de la Volga. Leur marche vers l’ouest, en 474, fit fuir les peuples germaniques. Ils franchirent les Carpathes et s’établirent dans la plaine de Hongrie, qui devint le centre d’un empire qui s’étendait jusqu’aux rives de la mer Noire et de la Caspienne.
Au milieu du Ve siècle, Attila règne seul sur cet empire. Il habite un palais de bois, entouré d’une cour. Il a une vingtaine de rois pour vassaux. Plutôt que de guerre, il s’occupe de diplomatie jouant des rivalités entre les chefs des barbares germaniques : quand l’un d’eux reçoit le soutien de l’empereur, il offre son appui à son rival. Il reçoit avec fastes les ambassadeurs de l’empire. Au fond, est-il plus barbare que les autres ?
En tout cas, pour conjurer le danger que représentait ce redoutable voisin, l’empereur d’Orient Théodose II (408-450) lui paya tribut. Il lui conféra même une dignité militaire honorifique. Mais, cette fois, la magie n’opéra pas et les Huns n’adoptèrent pas la civilisation latine. Mieux : Attila considérait ceux des siens qui se mettaient mis au service de Rome comme des traîtres. Cette civilisation, les Huns la connaissaient pourtant. Aetius lui-même avait vécu parmi eux en tant qu’otage, nouant des liens d’amitié avec le jeune Attila.
Au fil du temps, le tribut versé à Attila doubla, puis tripla, si bien qu’en 450, Marcien, successeur de Théodose II, le suspendit en disant : « J’ai de l’or pour mes amis, du fer pour mes ennemis. »
Toutefois, c’est à l’empire d’Occident qu’Attila s’attaqua. En 451, sa horde franchit le Rhin, ravagea la Belgique et pénétra dans le Bassin parisien.Les Parisiens, après avoir voulu fuir, se mirent en défense sur les instances de sainte Geneviève. Attila contourna l’obstacle et alla mettre le siège devant Orléans.
Comme souvent, le seul personnage vers qui se tourner était l’évêque. Celui d’Orléans, nommé Aignan, organisa la défense de la ville, ce qui donna le temps au préfet des Gaules, Aetius, de venir à son secours. Attila se retira vers les plaines de Champagne, terrain plus favorable aux évolutions de ses cavaliers. C’est là qu’il fut battu, aux champs Catalauniques par Aetius et Théodoric, général romain en même temps que roi des Wisigoths (qui périt dans la bataille).
L’armée d’Aetius comprenait les légions romaines de Gaule et les contingents wisigoths, burgondes et francs établis dans cette province. Aetius lui-même était né en Bulgarie actuelle, de père scythe et de mère romaine.
On voit que, moins de cinquante ans après le « déferlement » des grandes invasions, Romains et barbares combattent côte à côte l’envahisseur. L’armée d’Attila comptait elle aussi des guerriers issus de peuples germaniques vassalisés. Mais, sur place, il n’a pas trouvé d’alliés. Il put rentrer chez lui, fit une dernière tentative contre Rome, arrêtée par le pape Léon, mais à sa mort, un an plus tard, ses cinquante fils se disputèrent sa succession et son empire disparut sans laisser de traces. Il apparaissait désormais que l’Europe serait romaine et chrétienne.
Cette chronique de l’abominable histoire de France a été diffusée sur Radio Libertés dans l’émission « Synthèse ».
Aetius le vainqueur d’Attila de Gilbert Sincyr, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 338 pages, 29 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.