14 décembre 2020

Pologne 1980-1981 : les grèves de Gdansk

Par Euro Libertes

par Francis Bergeron.

C’était il y a 40 ans : les grèves du chantier Lénine, à Gdansk, sur la côte balte, à partir d’août 1980, et les événements qui ont suivi ont sonné le glas du communisme européen. Jusqu’à cette date, on savait, certes, que les peuples européens souffraient de ces régimes imposés par le « grand frère ». Mais toutes les révoltes s’étaient terminées dans un bain de sang ou, au mieux, par une « normalisation » sans états d’âme. Berlin en 1953, Budapest en 1956, Prague en 1968, ces lieux et ces dates étaient régulièrement cités comme autant d’illustrations de la férocité bolchevique mais nul n’y avait vu le début d’un processus irréversible de décomposition et de libération. Il y avait au contraire le sentiment que le camp communiste, malgré ces soubresauts, était en train de réussir sa déstalinisation, son passage de la tyrannie mortifère à une dictature, certes féroce, mais plus classique, ceci sans remettre en cause les dogmes, ni l’omniprésence du Parti.

A Gdansk, à partir de la seconde quinzaine d’août 1980, ce fut bien autre chose. La grève des 17 000 travailleurs du chantier Lénine correspondait à l’imagerie traditionnelle des révolutions anticapitalistes, mais ici il s’agissait ni plus ni moins d’une révolution anticommuniste. L’annonce d’insupportables augmentations de prix des denrées alimentaires avait généré cette grève, bientôt suivie par des centaines d’autres, dans tout le pays.

Pour la première fois en régime communiste, gouvernement et grévistes se mirent autour de la table. Pour la première fois, il en sortit des accords (31 août 1980), non une directive du Parti. Pour la première fois, les animateurs de ces grèves ne furent pas passés par les armes ou déportés. Et le régime fit une concession inimaginable, qui portait en elle l’autodestruction du communisme en Pologne : le droit pour les travailleurs de s’organiser dans une structure indépendante du Parti. Solidarnosc était née, dix millions de travailleurs s’y rallieront (dans un pays de 35 millions d’habitants !).

Bien d’autres révoltes, des centaines de victimes

La suite, on la connaît : cette évolution était insupportable aux yeux des Soviétiques. Brejnev ordonna la reprise en mains et, à l’aube du 13 décembre 1981, le général Jaruzelski, « l’homme aux lunettes noires », proclamait l’état de siège, tentant de prendre un chemin étroit entre répression sanglante et normalisation à la tchèque. Solidarnosc était dissous, ses dirigeants jetés en prison, et avec eux des milliers d’ouvriers. Mais l’histoire était en marche.

A la vérité, Gdansk avait été précédée, en Pologne, par bien d’autres révoltes, toutes matées dans le sang et les larmes : les grévistes de Poznan, en 1956, qui manifestaient en criant « Du pain ! Du pain ! » furent massacrés (53 morts selon les chiffres officiels du Parti, mais les chiffres réels ne sont pas connus). En 1970, c’est l’interdiction d’une pièce de théâtre du XIXe siècle – pour le motif qu’elle contenait des passages antirusses déclenchant les applaudissements des spectateurs – qui provoqua une répression dans le monde étudiant, avec des peines de deux à trois ans et demi de prison. La même année, les ouvriers du port de Gdansk s’étaient mis en grève pour protester contre des hausses de prix. Les milices communistes tirèrent sur les grévistes, le siège local du Parti fut attaqué par les « contre-révolutionnaires fascistes », des miliciens furent jetés dans les eaux du port. Le gouvernement envoya alors l’armée pour briser l’insurrection. Le chiffre des victimes resta secret (entre 200 et 500). En 1971, la grève reprenait, cette fois à Szczecin, puis à Lodz. En juin 1976, de nouvelles grèves se déclenchaient à Radom, et à Ursus, dans la banlieue de Varsovie. A Radom, dix-sept grévistes furent tués par la milice communiste, les grévistes furent licenciés, les meneurs torturés dans les locaux de la police et condamnés à des peines de prison très lourdes, à l’issue de procès publics de style maoïste.

Puis il y eut l’élection d’un pape polonais (16 octobre 1978), et la grève du chantier naval de Gdansk. La fin du communisme européen était inscrite dans ces deux événements. Nul ne le savait encore.

Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.

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