Je ne veux voir qu’une tête
Le second point du programme de Richelieu était de « rabaisser l’orgueil des grands ». Il ne faisait que suivre l’exemple de ses prédécesseurs. Sous les derniers Valois, les princes du sang avaient pris le pas sur les pairs de France. Et Henri IV, en légitimant ses bâtards, leur avait donné, à eux aussi, le pas sur les pairs. Tout pouvoir, toute dignité qui ne procédait pas du roi (même par la cuisse gauche) devint seconde et accessoire.
Pour examiner la manière dont le cardinal traitait les sujets du roi, nous passerons du billot au gibet, je veux dire : de la noblesse au bas peuple. S’attaquer à la noblesse n’avait pas pour but de libérer le peuple de ses oppresseurs, mais de supprimer des obstacles au pouvoir sans limite du roi. En faisant raser tous les châteaux qui ne pouvaient être gardés par l’armée royale, le roi priva la noblesse du droit de se défendre, mais aussi de défendre le peuple. Elle gardait le droit de porter l’épée, mais seulement pour faire joli ou pour la mettre au service du roi.
C’est le moment de signaler que le cardinal moustachu et son frère le capucin avaient encore un frère aîné, qui fut tué en duel en 1619 par le marquis de Thémines. Et voilà pourquoi le cardinal détestait tant les duels ! Mais la plupart des nobles têtes qui roulèrent sous l’épée du bourreau, comme celle du comte de Boutteville, ne le firent pas pour cette raison. Plusieurs conspirations eurent pour but de mettre un frein à l’extension du pouvoir royal, mais aussi aux guerres ruineuses. Faut-il faire la liste de ceux que le cardinal, servi par un réseau serré d’espions, fit embastiller ou décapiter ? Il y eut le maréchal de Marillac (après la journée des Dupes), le duc de Montmorency pour avoir tenté de soulever le Languedoc, le marquis de Cinq-Mars.
Les procès étaient rondement menés car, loin de se tenir devant les cours de justice ordinaires, ils étaient le fait de tribunaux composés tout exprès par le cardinal en personne. Les gouverneurs de province, révoqués et déplacés sans ménagement, étaient sous la surveillance des intendants, qui, dans leurs missions, disposaient de pouvoirs sans limite. Ces intendants étaient issus de la noblesse de robe, dont le cardinal se servit pour contrecarrer la noblesse d’épée mais sans daigner rendre au parlement la moindre parcelle de ses prérogatives d’autrefois.
La gloire éblouit par son éclat, mais elle fait de l’ombre par sa grandeur. La chute de ceux qui nous dominent est réjouissante ; l’ennui, c’est qu’après avoir rabaissé les grands, c’est aux moyens qu’on s’en prend, puis aux petits. « Si les peuples étaient trop à leur aise, il serait impossible de les contenir dans les règles de leur devoir », écrivit Richelieu (qui eut ainsi l’intuition de la loi de Tocqueville).
Être trop à leur aise, cela ne risquait pas de leur arriver car les guerres exigeaient de fortes hausses d’impôts, sans compter que des provinces entières furent dévastées (on vit même reparaître la peste). Le soulèvement des « croquants », en Périgord et dans le Midi, dura de 1634 à 1647 (treize ans), et celui des « va-nu-pieds », en Normandie, éclata en 1639. L’armée royale les mata à grand renfort de pendaisons, et là, il n’y a aucun nom à citer : la pendaison, plus humble que la décollation, reste anonyme et vaut surtout par l’effet de masse.
Les chroniques de Pierre de Laubier sur l’« Abominable histoire de France » sont diffusées chaque semaine dans l’émission « Synthèse » sur Radio Libertés.
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