Joseph Chalier, un sujet de culte pour les « sans-culottes »
Joseph Chalier (1747-1793)
C’est un immigré, son père étant un notaire piémontais, d’origine française. Il est novice chez les Dominicains, puis précepteur, enfin représentant en soieries. Il participe, au hasard d’un voyage d’affaires, à la prise de La Bastille.
« Jacobin » exalté de la « société-fille » lyonnaise, il est élu, en novembre 1790, membre de la commune de Lyon et s’oppose, en des discours violents, au Directoire départemental du Rhône et au maire de sa ville, qui sont des modérés. Élu Président du Tribunal de commerce de Lyon, en mai 1792, il est suspendu par l’administration départementale pour incompétence, et rétabli dans ses fonctions en août, sur décision de l’Assemblée Législative.
Chef incontesté des « Jacobins » lyonnais, il est élu, à l’automne de 1792, Président du Tribunal de district, ce qui ne comble pas ses ambitions. Le 6 février 1793, il tente un coup de force contre la municipalité, dirigée par le « girondin » Antoine Nivière-Chol (1744-1817), qui est triomphalement réélu le 18, mais refuse de rentrer en fonction.
Le 2 mars, trois Conventionnels envoyés en mission : Claude Basire, Joseph Rovere et Louis Legendre, tous trois « montagnards » excités et régicides, les deux premiers étant corrompus, lancent une série d’arrestations de « modérés » et lèvent un « impôt forcé sur les riches ». Cette action rude, menée sans autre raison que d’asseoir l’autorité des « Jacobins » locaux sur des élus modérés, provoque la « révolte fédéraliste », qui débute le 29 mai. Chalier est arrêté le 30, jugé le 15 juillet, guillotiné le jour même. La vengeance de ses amis terroristes sera terrible.
Admirateur fanatique d’un autre immigré, le sieur Jean-Paul Mara ou Marat (et mort deux jours avant lui), Chalier devient un sujet de culte pour les « sans-culottes ». Comme Marat, Louis-Michel Le Peletier de Saint-Fargeau, les jeunes François-Joseph Bara et Joseph-Agricol Viala, il est l’une des « grandes victimes » évoquées lors des « fêtes patriotiques » des années 1793-94. Il fit partie des rares « ultra-révolutionnaires » à ne pas se réclamer du « Sans-culotte Jésus ».