Clemenceau le Tigre (02)
Clemenceau était littéralement un enfant de 1789 et surtout un héritier de 1793.
Au cours de sa longue carrière, Clemenceau eut des amitiés particulières dont certaines peuvent surprendre : « On peut s’étonner de cette amitié et de cette admiration, car Blanqui illustra l’échec permanent de la politique insurrectionnelle, opposée à la République démocratique du suffrage universel. »
De même, toute sa vie il fut un anti-clérical et ne cessa jamais d’attaquer le catholicisme : « L’Église a constitué et constitue encore un parti politique ; elle ne peut se résigner à entrer dans la société civile au même titre que d’autres cultes et à y jouer simplement le rôle d’une association parmi d’autres associations ».
Avant d’entamer sa grande carrière politique, il se cherche et ne désire pas vraiment devenir médecin comme son paternel. Il se brouille avec son père, au sujet de son avenir. Ce dernier, malgré tout continue de lui envoyer des subsides. Georges veut voir du pays. Il part en Angleterre, puis s’embarque pour les États-Unis d’Amérique qui vivent les dernières heures de la Guerre Civile (1).
Il y fréquente plusieurs femmes, et l’une deviendra sienne. Cependant ce mariage ne sera pas heureux. Pour gagner sa vie outre-atlantique, il devient journaliste. Il donne également des cours de français et d’équitation. Son voyage au pays de Washington lui fait découvrir la démocratie américaine. Il est fasciné par la procédure d’impeachment (2).
À la suite à ce séjour qui lui laisse une passion durable pour la philosophie et la littérature anglo-saxonnes, il maîtrise parfaitement l’anglais, chose rare pour un français de l’époque. D’une manière générale, nous sommes toujours étonnés de constater cette fascination qu’éprouvent les penseurs, les hommes politiques (souvent classés à gauche), les révolutionnaires et autres libéraux français pour les institutions anglo-saxonnes.
Le premier événement historique auquel prend part Clemenceau est la Commune de Paris. Winock précise : « Pendant ces semaines tragiques, Clemenceau, dans sa mairie de Montmartre, mit toute son énergie à éviter la guerre civile ».
Il n’était pas à proprement parler un communard, mais il regrettait amèrement l’emploi de la force armée, pour régler ce problème éminemment complexe et lourd de conséquences.
Winock rappelle : « Il y a donc bien trois camps en présence : Versailles, les insurgés de Paris et le mouvement républicain de province auquel s’est jointe la Ligue républicaine des droits de Paris qu’on peut appeler le parti des conciliateurs. » Clemenceau est à ranger dans cette troisième catégorie, alors que par la suite il ne sera plus jamais considéré politiquement comme un conciliant ou un diplomate.
Nous le suivons pas à pas dans son ascension politique, qui le voit passer de maire à Montmartre à représentant (actuel député). Chose intéressante, d’autant plus si nous la mettons en perspective avec notre époque, il se positionne clairement contre le cumul des mandats. En effet, le 24 avril 1876 il écrit à Forest, vice-président du Conseil, pour démissionner du conseil de Paris où il représente le quartier de Clignancourt, afin de se consacrer à sa nouvelle mission. Son premier grand combat national, en tant que député, fut d’obtenir l’amnistie pour les communards, emprisonnés, exilés, déportés et sur le point d’être jugés. Il croise sur sa route dans cette défense des communards Victor Hugo. Hugo et Clemenceau sont les deux poumons de cette bataille pour l’amnistie. Le premier combat au Sénat, le second à la Chambre des députés. Son premier discours remarqué, par ses amis et ennemis politiques, en tant que député date du 16 mai 1876. Il y défend bien évidemment l’amnistie. Hugo l’appuie, le soutient et il écrit même dans la presse : « Si mon nom signifie quelque chose : il signifie amnistie ».
Tous les hommes politiques ne désirent pas accéder à ce désir : « Quand me débarrasserez-vous de ce haillon de guerre civile ? », répond Léon Gambetta dans son discours sur l’amnistie à la Chambre des députés.
Finalement, après de nombreuses péripéties, de combats dans la presse et aux Chambres, le gouvernement Frecynet propose une loi sur l’amnistie qui recueille 312 suffrages favorables contre 136. Belle victoire morale et politique pour Clemenceau et Hugo.
À la Chambre ou dans les salles municipales, la joute est verbale. Pas de caméra, pas de radio, tout passe par la posture et la voix. À cet exercice-là, Clemenceau est redoutable. Il est vif, concis et percutant. Les observateurs et acteurs politiques de son temps opposent souvent son style avec celui de Jaurès. Ce dernier se montre dans ses discours, plutôt long, use et abuse de digressions, de figures de styles et d’images. L’important est de convaincre. Clemenceau maîtrise l’art oratoire au point que ses adversaires le craignent dans le débat. Voici ce que Camille Pelletan écrit en 1883, au sujet des discours de Clemenceau : « Cette discussion serrée, concentrée, rapide, n’a pas besoin d’apprêt et dédaigne toute parure. La parole de Clemenceau est nue, trempée, aiguisée comme un fleuret : ses discours ressemblent à de l’escrime, ils criblent l’adversaire de coups droits. »
Homme de gauche, il n’en est pas pour autant collectiviste ou communiste. Il rétorque à ces derniers : « Quant à me prononcer pour votre appropriation collective, du sol, du sous-sol, je réponds catégoriquement : non ! Non ! Je suis pour la liberté intégrale et je ne consentirai jamais à entrer dans les couvents et casernes que vous entendez nous préparer. Le citoyen qui me questionne a dit qu’il n’y avait pas que des jésuites noirs. Il a raison : il y a aussi des jésuites rouges ».
Clemenceau est ovationné par ses électeurs et ses partisans, mais comme l’écrit Le Temps : « quelque avancé que l’on soit, on se trouve toujours être le réactionnaire de quelqu’un. »
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