29 août 2016

La Ligue du nord italienne (01)

Par Franck Buleux

 

La légende veut que le fondateur de la Ligue du nord « italienne », Umberto Bossi, soit allé voir plusieurs fois le film Braveheart que l’on a évoqué, dans un précédent article, pour l’Écosse. Vraie ou fausse, cette affirmation reflète le souci, pour le mouvement indépendantiste (ou autonomiste, selon les époques) du nord de l’Italie de se construire des mythes mettant en scène le combat des peuples contre un étranger, a fortiori lorsqu’il a la qualité de force occupante.

D’abord l’ethnos leghiste (adjectif s’appliquant à la Ligue) est fondé sur l’histoire : l’Italie est, comme notre voisin allemand, une nation récente et l’unification du XIXe siècle s’est réalisée par le haut. L’unité italienne, le Risorgimento, a été imposée par la Maison de Savoie, dynastie monarchique européenne, en 1861, après de longues périodes de guerres d’indépendance.

L’irruption des Ligues en Italie dans le jeu électoral est, quant à elle, beaucoup plus récente, les années 1980 les consacrent, et concerne uniquement l’Italie septentrionale, si l’on excepte la Sardaigne dont les revendications liées à l’insularité sont beaucoup plus anciennes et font l’objet de revendications depuis près d’un siècle par l’intermédiaire du Partito Sardo d’Azione, Parti Sarde d’Action.

En Italie du nord virent le jour des mouvements appelés léghistes avec d’abord, la plus influente à l’origine, la Lega Lombarda (Ligue Lombarde), mais aussi la Lega Veneta (Ligue Vénitienne), à l’existence antérieure à la lombarde, la Lega Emiliano-Romagnola, l’Allranza Toscana, l’Uniun Ligure, le Piemont Autonomista…

Ces mouvements se fondent sur une vision historique dans une optique de lutte contre le pouvoir central incarné par le gouvernement situé à Rome et ses dérives, comme la redistribution par l’impôt en faveur des régions italiennes du sud, plus désindustrialisées, notamment le Mezzogiorno.

Outre l’histoire, les Ligues, qui se regrouperont sous l’autorité d’Umberto Bossi en 1991, à Milan, avec le tournant historique, car unificateur, de la création de la Lega nord, la Ligue du nord qui va s’efforcer de regrouper l’ensemble des structures léghistes.

La Ligue va utiliser l’aspect linguistique, faisant remonter l’origine de leur peuple aux Celtes envoyant ainsi un second clin d’œil aux Écossais (qui utilisent très peu cette particularité, nous l’avons vu), en mobilisant la langue gaélique originelle comme facteur à la fois d’unité ethnique et d’altérité à l’encontre des autres italiens, vus ainsi comme étrangers à leurs propres racines.

Mais outre l’histoire récente et la langue, les partisans d’Umberto Bossi ne vont pas hésiter à utiliser l’ethnie, comme valeur liée au sang, pour créer une césure entre eux et les autres italiens, en adoptant ainsi une altérité d’origine quasi civilisationnelle entre les Padans, peuple de la Padanie, et les Méridionaux.

En effet, la Lega va utiliser toute une symbolique visant à établir la Padanie, nation virtuelle représentant le nord italien, portant un message excessivement ethniciste, contre les méridionaux, terme chargé péjorativement. La Lega utilisera plus communément les adjectifs, plus dévalorisants, de cafone et terrone, termes qui désignaient les travailleurs terriens de faible condition sociale, voire d’autres acceptations relevant du continent africain, comme baluba, qui signifie à la fois africain, arriéré et tribal.

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Philippe Randa,
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