Impuissance française ?
Intéressant numéro que celui de la revue Conflits, dirigée par Pascal Gauchon, dont la dernière livraison (n° 13, avril-mai-juin 2017) s’interroge sur ce qui reste de la puissance française. Comme le rappelle l’universitaire, la géopolitique de la France « résultait de la primauté accordée à l’indépendance nationale, la ‘‘marque de fabrique de notre politique étrangère’’ selon Laurent Fabius ».
Mais une géopolitique conséquente ne s’entend que si la politique intérieure est à son diapason. Question de crédibilité. À cette aune, d’une part, la politique extérieure de la France commence à devenir un vaste champ de ruines eu égard à la forte présence allogène (arabo-musulmane, négro-africaine, chinoise), sur notre sol qui transporte chez nous, par échantillonnage significatif, les conflits d’ailleurs ; d’autre part, notre endettement extérieur, sensiblement alourdi, Hollande regnante, a entamé notre crédibilité auprès des prêteurs, tant « il a laissé filer les dépenses […] sous sa présidence ». Difficile, dans ces circonstances de définir, par exemple, une politique arabe (notamment dans le dossier israélo-palestinien) cohérente (d’autant, qui plus est, que la République française se montre, corollairement, très complaisante à l’égard d’une certaine « communauté », ainsi qu’en attestent le dîner annuel du CRIF et autres obséquiosités mémorielles ou commémoratives). Difficile également, de prétendre à une réelle indépendance souveraine vis-à-vis des marchés financiers dont nous sommes les obligés chroniques patentés et, partant, auxquels nous prêtons, en retour, quelques allégeances idéologiques aux conséquences néfastes pour nos industries et notre économie.
Il reste que si notre position géographique, « isthme de l’Europe occidentale », demeure un invariant géopolitique, faisant de notre pays un point d’entrée obligé sur le continent européen, notre déclassement n’en est pas moins une réalité. Sans sombrer dans la névrose, reconnaissons, que la France ne cesse de décliner. Sa part dans le produit intérieur brut mondial est en baisse régulière (de 5,1 % en 1996 à 3,2 % en 2015), ses exportations de services et de marchandises en constante régression. Ne parlons pas de son recul dramatique dans les échanges mondiaux ou de sa dette publique qui frôle les 100 % du PIB – son remboursement étant devenu le second poste budgétaire de l’État). Quant à notre Défense, elle est devenue l’ombre d’elle-même, suivant, en cela, l’inexorable mouvement de délitement des autres armées européennes.
Funeste résultat d’une impolitique de la puissance – ou d’une impuissance de la politique – à laquelle nos dirigeants, depuis au moins trente ans ont sacrifié, par veulerie, ignorance et amollissement intellectuel et moral. L’infernale logique institutionnelle et procédurale de l’Union européenne, de la Cour européenne des droits de l’Homme, de la Cour de justice de l’UE ou de l’Organisation mondiale du commerce a eu raison de la politique magistralement supplantée par l’économisme et le technicisme.
Notre servilité à l’égard de la Maison Blanche ainsi que notre dogmatisme concernant l’« axe franco-allemand », ont, par surcroît, démonétisé notre politique étrangère furieusement encalminée dans la moraline droit-de-l’hommiste. Cette double vassalisation, pourtant incompatible avec notre double géotropisme continental et maritime, explique en grande partie l’échec de notre diplomatie à faire entendre la voix de la France dans un concert inter-nations et inter-puissances multipolaires. Si une certaine approche « moralisatrice » de la géopolitique pouvait éventuellement s’envisager lorsque l’Occident était scindé en deux blocs, force est d’admettre que l’axiomatique des intérêts égoïstes des nations et des empires a dorénavant repris le dessus. C’est ce qui s’appelle le réalisme des relations internationales, foin de l’idéalisme idéologique, du PPE européen au PS français.
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