23 mai 2025

De la Palestine à l’État d’Israël

Par Daniel Cadet

On ne peut comprendre la situation actuelle sans un rappel des faits historiques totalement occultés aujourd’hui.

Le protectorat

En 1535 François 1er, roi de France, fait alliance avec Soliman le magnifique, c’est-à-dire l’empire Ottoman. En 1608 le sultan accorde à la France la protection des lieux saints et d’une manière générale des chrétiens d’Orient. En 1740, de nouveaux accords entre le roi de France et le sultan confirment le rôle prééminent de la France en Palestine et plus globalement dans ce qu’il est convenu d’appeler la grande Syrie (dont font partie la Palestine et le Liban). Pour l’essentiel ces accords restent en vigueur jusqu’à première guerre mondiale et permettent aux œuvres catholiques françaises (en particulier les écoles) un développement considérable dans tout le Proche-Orient.

À partir de 1880, la politique antireligieuse de la IIIe République, puis la rupture des relations avec le Saint Siège en 1904, l’abolition du Concordat et la « séparation de l’Église et de l’État » en 1905, vont gravement affaiblir le protectorat catholique de la France.

Lorsque la guerre 14 éclate, l’admiration des « Jeunes Turcs » pour les allemands amène la Turquie à se ranger de leur côté. En réaction, les Anglais et les Français décident d’attaquer la Turquie et tentent de s’emparer du détroit des Dardanelles ainsi que d’Istanbul : c’est l’expédition dite des Dardanelles qui sera un fiasco.

Les Allemands qui ont poussé les Turcs à se ranger à leurs côtés utilisent l’islam pour semer des troubles aux Indes contre les anglais et en Afrique du Nord contre la France. Les anglais de leur côté tentent de soulever le monde arabe contre les Turcs à l’intérieur de l’Empire Ottoman. Des opérations sont menées par les britanniques en Mésopotamie (actuel Irak et Iran), en Arabie, Syrie et Palestine ; les propos tenus par les anglais laissent penser au monde arabe que les anglais les aident à se libérer du joug ottoman et à prendre leur indépendance : des promesses à peine voilées qui seront lourdes de conséquences.

Les accords Sykes-Picot

Pendant ce temps des négociations plus ou moins secrètes entre anglais et français aboutissent en 1915 aux accords Sykes-Picot (du nom des négociateurs) : l’Angleterre se réserve la Mésopotamie (avec les ressources pétrolières considérables) et la France garde son protectorat sur la Grande Syrie, jusqu’à Mossoul en Irak.

Au début de la guerre 14, les juifs d’Amérique, d’Orient et des autres contrées sont en grande majorité acquis aux puissances germaniques, notamment par haine du tsarisme. Pour inverser cette situation les anglais se rapprochent du mouvement sioniste fondé en 1897 par un juif austro-hongrois, Théodore Herzl, mouvement développé ensuite par Chaim Weizmann, juif né en Russie mais vivant en Angleterre. Le terme de « sionisme » vient Sion, le mont de Jérusalem où fut édifié le 1er Temple par David.

Les sionistes militent pour l’établissement d’un foyer juif, c’est-à-dire en réalité un État juif indépendant ; les sionistes veulent que les juifs existent en tant que peuple et pas simplement en s’assimilant dans le pays où ils vivent. Le sionisme, qui n’est pas un mouvement religieux, se heurte à la diaspora juive pour qui la nouvelle « terre promise » est l’Amérique (6 millions de juifs installés et parfaitement intégrés). Les juifs religieux, c’est-à-dire les juifs qui pratiquent le judaïsme, sont également, pour des raisons théologiques, opposés aux sionistes ; en effet la revendication des sionistes d’établir un État juif en Palestine est assez paradoxale dans la mesure où depuis la captivité du peuple juif au cinquième siècle avant Jésus Christ, la Palestine a toujours été soumise à la domination étrangère, sauf dans le temps très court de la révolte des Maccabées.

Le retour à la Terre Promise

Les sionistes vont donc fonder leurs droits sur la Palestine sur des données faussement historiques, au regard notamment du protectorat de la France depuis François 1er et sur un slogan sans valeur théologique : « le retour à la terre promise ».

Rappelons les paroles de Notre Seigneur : « Jérusalem, Jérusalem, qui tue les prophètes et lapide ceux qui te sont envoyés ! Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! Voici que votre maison va être laissée déserte » (Évangile de saint Mathieu, chapitre XXIII, verset 37 à 39).

Ou encore à propos de « la pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient » : « C’est pourquoi je vous le dis : le Royaume de Dieu vous sera ôté pour être donné à un peuple (les Gentils) qui en produira les fruits » (XXI, verset 43). Enfin Dom Marmion précise dans Le Christ dans ses Mystères, p. 151 : « Quand Notre Seigneur meurt sur la Croix, le Voile du Temple se déchire en deux pour montrer qu’a cessé l’Alliance antique avec le seul peuple Hébreu » et p. 356 « que non seulement l’Ancienne Alliance avec le peuple juif avait cessé, que les symboles faisaient désormais place à une réalité plus haute et plus efficace, mais encore que le Christ nous rouvrait les portes du Ciel et nous rendait l’entrée dans l’héritage éternel. »

À noter que le culte juif, c’est-à-dire les holocaustes offerts à Dieu, n’existe plus depuis la destruction du Temple de Jérusalem en l’an 70, destruction prédite par Notre Seigneur ; les juifs se contentent depuis de se réunir dans les synagogues pour lire la Thora. Pourquoi les juifs qui occupent de nouveau Jérusalem et les lieux saints n’ont-ils pas reconstruit le Temple et rétabli le culte ? C’est un sujet sur lequel les juifs ne veulent pas répondre ; un Rabin m’a quand même dit curieusement « parce qu’ils n’en sont pas dignes ! » ; les juifs se contentent d’aller au « mur des lamentations » (qui est en fait le soubassement du Temple). L’aveuglement des juifs ne nous empêche pas d’écouter les paroles très éclairantes du Christ rappelées par Dom Marmion p313 « Père, vous ne voulez plus d’holocaustes d’animaux : ils sont insuffisants pour le péché… mais vous m’avez donné un Corps, alors j’ai dit : Me voici …Voici que je viens pour faire votre volonté » « Il abolit ainsi le premier point (la Loi), pour établir le second (la nouvelle Alliance) » (Épître aux Hébreux, X , 5 à 9).

Autres slogans des sionistes tout aussi démagogiques que « le retour à la terre promise » ou « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », ce qui sous- entend de chasser les non-juifs de Palestine et que dans les pays où vivent les juifs, les États-Unis par exemple, ils n’auraient pas de biens immobiliers.

La déclaration de Balfour

Au départ Hertzl a le soutien du Kaiser Guillaume II. Voyant cela Chamberlain, 1er ministre anglais, négocie l’ouverture d’un « foyer juif » en Palestine non sans avoir au préalable proposé comme terre d’accueil l’Ouganda, ce qui dans un premier temps convenait à Hertzl. Celui-ci meurt en 1904 et c’est l’anglais Weizmann qui reprend le flambeau du sionisme.

Lord Balfour, ministre anglais des affaires étrangères, adresse une lettre en date du 2 novembre 1917 à Lord Walter Rothschild, chef de file des banquiers juifs et grand financier du sionisme : « le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». Chef d’œuvre de duplicité, en totale contradiction avec les promesses faites aux arabes et au mépris du protectorat de la France.

L’entrée en guerre des États-Unis en 1917 aux côtés des français et des anglais et la prise du pouvoir par les bolcheviks en Russie (beaucoup de dirigeants bolchevicks étaient juifs) fait basculer les masses juives américaines du côté des anglo-saxons ; c’est d’autant plus urgent que l’Angleterre, au bord de la banqueroute, a besoin du financement des banques juives américaines. La France a elle aussi besoin de nouveaux prêts pour faire face aux dépenses considérables engendrées par la guerre qui s’éternise.

En France, Georges Clemenceau arrive au pouvoir le 16 novembre 1917 avec l’unique pensée d’une guerre intégrale, balayant toutes les initiatives de paix, en particulier celles venant du Saint Siège. La France anticléricale balaie la politique qui était celle de François 1er pour se rallier au principe révolutionnaire du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » qui a ensanglanté l’Europe depuis 1789.

Clémenceau, qui a apporté un soutien sans faille à la politique anticléricale de la troisième République, l’homme des loges maçonniques, qui vouait une haine féroce à l’Église catholique, déclare « qu’il ne veut pas être le sacristain des Lieux Saints » !

Dans un accord secret avec Chamberlain, Ier ministre anglais, Clémenceau abandonne la Palestine aux anglais ; la France reste seulement présente en Syrie, comprenant le Liban, et dans le nord de l’Irak, la région de Mossoul.

Les sionistes ont la voie libre pour créer, avec la complicité des britanniques, un « foyer » juif. Les grandes Puissances se réunissent à San Rémo en 1920, officiellement pour parler du Proche-Orient, en réalité pour entériner, sans le savoir, les accords secrets Chamberlain-Clémenceau.

Droits politiques aux seuls juifs

Un incroyable « tour de passe-passe » va se jouer : il y a à cette époque en Palestine 60 000 juifs et 600 000 non-juifs, musulmans et chrétiens ; sur la pression des anglais et à la demande des sionistes on accorde les droits politiques aux seuls juifs et on concède aux non-juifs, pourtant très majoritaires, les seuls « droits civils et religieux », c’est-à-dire en réalité aucuns droits ; et la situation est toujours la même aujourd’hui. Déjà en France en 1870, le juif Adolphe Crémieux, ministre de l’Intérieur, par décret gouvernemental donne la nationalité française à ses coreligionnaires juifs résidant en Algérie, excluant les autochtones non-juifs de la nationalité française.

Cette victoire à court terme des sionistes en Palestine prépare des lendemains sanglants dont on n’est toujours pas sortis aujourd’hui ; et qu’en aurait-il été en Algérie si tous les résidents avaient eu les mêmes droits, certainement une toute autre évolution.

Il ne restait plus aux sionistes qu’à coloniser la Palestine par une immigration massive financée par les banquiers juifs comme Walter Rothschild, au travers de l’Agence juive qui se charge dès 1901 d’acheter les terres des anciens maîtres de l’empire ottoman. Les implantations juives se font sous forme de fermes collectives, les Kibboutz ; le premier est fondé en 1909 ; ce sont autant de bases militaires pour l’armée clandestine, la Haganah, qui se présente comme une milice d’auto-défense.

Les premiers incidents entre colons juifs et palestiniens interviennent dès 1921. À partir de 1939 les anglais veulent contingenter l’entrée des juifs en Palestine. L’Irgoun, milice juive dissidente de la Haganah, devient une véritable organisation terroriste, ayant à sa tête Menahem Beghin. L’Irgoun multiplie les attentats, souvent meurtriers, contre les anglais qui bloquent l’immigration. Le 22 juillet 1946, l’Irgoun fait sauter à Jérusalem une aile de l’hôtel du roi David dans lequel est installé le quartier général des forces britanniques tuant 110 soldats anglais. Camions piégés, bombes camouflées sur un marché ou un arrêt de bus, l’Irgoun aura tout inventé.

À partir de 1946, l’agence juive médiatise les opérations d’immigration entravées par les Anglais avec notamment l’Exodus, cargo parti de Sète avec 4500 migrants, arraisonné par les anglais et ramené à Porc de Bouc, en France. Les migrants sont transférés dans des camps près de Hambourg en Allemagne. Exodus deviendra un film et un livre totalement romancés à la gloire du sionisme. Sur un autre navire, parti des côtes chypriotes, Ari Ben Canaan organise une grève de la faim avec 300 enfants. Les Nations Unies votent le 20 novembre 1947 le partage de la Palestine entre juifs et arabes avec un découpage territorial d’un invraisemblable irréalisme pour un territoire aussi petit.

Ben Gourion proclame l’État d’Israël

L’Irgoun poursuit les attentats pour obtenir le départ des anglais : les britanniques jettent l’éponge et quittent la Palestine le 14 mai 1948. Ben Gourion, leader sioniste, proclame l’indépendance : « en vertu du droit naturel et historique du peuple juif nous proclamons la fondation de l’État juif en Terre Sainte. Cet État portera le nom d’Israël ». Il y a maintenant 650 000 juifs vivant en Palestine et 1,3 millions de non-juifs mais les juifs possèdent désormais l’essentiel des terres cultivables.

Les anglais partis c’est désormais la guerre ouverte entre les juifs et les arabes ; ceux-ci sont soutenus par l’Égypte, la Jordanie, la Syrie, au travers de la Ligue arabe et la Légion de Glubb Pacha. Les israéliens avec la Haganah, devenue Tsahal, vont sans attendre s’emparer d’une grande partie des territoires concédés aux arabes par les Nations Unies, où les juifs ont déjà implanté des colonies de peuplement.

Les juifs ont aussi leur guerre interne : Ben Gourion, avec les sionistes du courant dit « travailliste » que sont Golda Meir ou Shimon Pérés, craignent une dissidence armée de l’Irgoun avec à sa tête Mehanem Beghin. Ben Gourion donne l’ordre de couler l’Alkalena, bateau affrété par l’Irgoun, chargé d’armes et de volontaires, avec à son bord Mehanem Beghin. Ajoutons enfin au chapitre du terrorisme l’assassinat le 17 novembre 1948 par le groupe sioniste Stern du comte Folke Bernadotte, médiateur de l’ONU, et l’un de ses collaborateurs le colonel français André Sérot.

Une autre tragédie commence, celle des réfugiés palestiniens qui sont déjà 700 000 en 1948, et qui s’entassent dans des camps, pour la plupart en Jordanie d’où ils seront chassés en 1973 ; ils gagnent alors le Liban-sud et pour partie Beyrouth.

Les guerres d’Israël

Les autres événements sont mieux connus avec en particulier en juin 1967 « la guerre des 6 jours » dont le chef militaire israélien Moshe Dayan (il est borgne) devient un héros de légende ; Israël s’empare de la Cisjordanie (partie Est de la Palestine, concédée par les Nations Unies aux arabes) de la bande de Gaza (aux arabes) du Sinaï égyptien et au nord du Golan syrien.

En 1973 c’est la guerre du Yom Kippour ; l’Égypte et la Syrie profitent de cette fête juive pour attaquer Israël dans le Sinaï et le Golan afin de reconquérir leurs territoires : nouvelle défaite arabe. En 1978 Mehanem Beghin (chef du Likoud, parti arrivé au pouvoir après 29 ans de prééminence des travaillistes) au nom de l’État d’israël et Anouar El sadate, président égyptien signent sous l’égide des américains un traité de paix : ce sont les accords de Camp David. Mehanem Begnin accepte de restituer aux égyptiens le Sinaï mais dans le même temps poursuit l’implantation de colonies juives de peuplement en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Il annexe en 1980 la partie arabe de Jérusalem, en1981 l’ensemble du plateau du Golan syrien et fait détruire par l’aviation la centrale nucléaire d’Osika en Irak. Anouard El Sadate, considéré comme traître à la cause arabe, est assassiné par les « frères musulmans », mouvement fondamentaliste égyptien.

En 1982 l’armée israélienne, avec à sa tête Ariel Sharon qui plus tard succédera à Beghin à la tête du Likoud, envahit le Liban pour « liquider » les combattants palestiniens. Yasser Arafat, fondateur du Fatah, et les dirigeants de l’OLP (organisation de libération de la Palestine créée à l’initiative de la Ligue Arabe) sont contraints à l’exil. Sharon ne se contente pas d’une offensive limitée aux bases militaires de l’OLP mais détruit au cours des bombardements beaucoup d’installations civiles libanaises et commandite le massacre des réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila dans la banlieue de Beyrouth.

À partir de 1987 la guerre reprend dans les « territoires occupés » par les israéliens en Cisjordanie et à Gaza sous une autre forme : c’est le début de l’intifada ou « guerre des pierres ». En 1993, toujours sous la pression des États Unis, grand financier de l’État juif, Israël et l’OLP parviennent à un accord de « reconnaissance mutuelle ». Yasser Arafat et son « gouvernement » sont autorisés à rentrer en Palestine mais assignés à résidence.

Un autre mouvement de libération de la Palestine, plus radical, le Hamas supplante, y compris dans les élections, le Fatah de Yasser Arafat. Le Hezbollah libanais financé et armé par l’Iran est la « base arrière » du Hamas.

En 2006, Israël décide de bombarder le Liban pour anéantir le Hezbollah mais cette fois c’est un échec pour Israël. Sous pression des État-Unis, Israël doit se retirer du Liban-sud qu’il a envahi, sans avoir détruit ni même affaibli le Hezbollah.

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