Comme en Écosse ou en Italie du nord (voir mes précédentes contributions), la question économique s’avère prépondérante. En effet, la production de valeurs émane, pour 55 %, de la Flandre contre 25 % de la Wallonie, et 20 % de la région Bruxelles-Capitale. La dynamique industrielle flamande, qui n’a pas toujours été à l’ordre du jour, va entraîner une forme d’attitude xénophobe à l’encontre des populations francophones.
Le lien avec le conflit linguistique va se nouer, puisque le bilinguisme, notamment en matière administrative, est un combat permanent, ou en tout cas historique, des Flamands contre les francophones. Pour les Flamands, la langue française a toujours été considérée comme la langue utilisée par les élites.
Or, le nœud gordien du différend ethnique est la liaison entre un sentiment de frustration linguistique et un développement économique asymétrique.
Les partis d’intérêt flamand, parfois dénommés flamingants, ont toujours existé, mais, le plus souvent, ont été cantonnés à des mouvements marginalisés, car considérés comme extrémistes, ou réduits à des revendications purement régionalistes.
Après la IIe Guerre mondiale, la Ligue nationale flamande, fondée en 1933, qui avait obtenu 17 % des voix en 1939, mais dont la plupart des dirigeants furent condamnés pour collaboration avec l’occupant allemand, donna naissance au Parti de la Concentration flamande, la Christelijke Vlaamse Volksunie, un cartel électoral de nationalistes flamands qui obtinrent un député aux élections du 11 avril 1954, puis à la Volksunie (« Union Populaire Flamande » ou « Union du Peuple Flamand »), parti politique flamand (les élections belges étant régionalisées, ce parti s’inscrit dans la partie uniquement flamande) fondé le 14 décembre 1954, dissout depuis 2001.
Le parti Volksunie connaît une rapide ascension électorale et sera rapidement représenté au sein des deux Chambres belges. Il unit des courants de pensée très divers autour du nationalisme flamand et se range, au cours des années 1970, au concept de fédéralisme, laissant momentanément de côté le rêve d’un État flamand indépendant et participant même à plusieurs gouvernements fédéraux, avec les chrétiens sociaux et les libéraux composantes principales de la droite belge, mais aussi les socialistes, y compris dans le cadre d’une union nationale regroupant l’ensemble des principales forces électorales. Ces participations multiples montrent l’intégration de ce parti flamand, tant au sein de l’État fédéral qu’au sein de l’arc politique belge.
Au Parlement européen, la Volksunie obtint des élus dès 1979 et siégea dans le groupe des écologistes et régionalistes européens, « Arc-en-Ciel », puis « les Verts-Alliance libre européenne (ALE) » jusqu’en 2004 ; ce mouvement ayant implosé entre différentes tendances en 2001.
Les dissensions idéologiques, entre régionalistes et séparatistes, au sein de l’Union Populaire flamande (Volksunie), ouvrirent le jeu politique à un courant néerlandophone situé à l’extrême droite de l’échiquier politique, le Vlaams Block (le Bloc Flamand), qui deviendra, par crainte d’une dissolution pour apologie du racisme, en 2004, le Vlaams Belang (l’Intérêt Flamand).
Plus marqué par des thèmes liés à l’immigration ou à l’insécurité, ce mouvement, né dans les années 1980, siégea en 1989 avec le Front National français et l’extrême droite allemande, puis rejoint les non-inscrits au Parlement européen à partir de 1994, ce qui est toujours le cas aujourd’hui.
Le VB (qui, malgré son changement d’appellation, n’a pas changé d’acronyme, ce qui était probablement le but afin de maintenir l’identification électorale) estime que l’État fédéral belge est « une construction artificielle et incohérente », mais un nouveau parti, exclusivement flamingant et non connoté à la droite du système, fait son apparition en 2001.
Issu de la droite traditionnelle belge, son leader actuel, Bart de Wever, a été un élu libéral dès 1996 (dès l’âge de 26 ans) en qualité de membre du conseil communal de la ville de Berchem tout en préparant une thèse de doctorat sur le thème suivant : « Le Mouvement nationaliste flamand de l’après-guerre. »
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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.
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Franck Buleux, 50 ans, chargé d’enseignement, est diplômé en histoire, en droit, en sciences politiques et en criminologie. Il a publié, chez L'Æncre, "L’Europe des peuples face à l’Union européenne", préfacé par Georges Feltin-Tracol ; chez Dualpha "La Guerre sociale qui vient" (D’Action directe aux Black Blocs, la violence des ultras), également préfacé par Georges Feltin-Tracol et a dirigé chez Synthèse éditions le n°20 des Cahiers d'Histoire du nationalisme "Pierre Poujade. Union et Fraternité française". Auteur d’un mémoire sur les séparatismes européens, il se passionne pour les mouvements politiques favorables à « L’Europe aux cent drapeaux. »