Vague populiste en Europe : le ressac ?
Dès qu’on parle d’Europe, l’éternelle question à double face est immanquablement au rendez-vous. Pour les technocrates, l’Europe n’est qu’un vaste espace de libre-échange ouvert aux quatre vents. Pour d’autres, parfois europhiles, le Vieux continent demeure bloc civilisationnel, culturel et religieux. D’où cette autre éternelle question : de quelle Europe parlons-nous ?
Les récentes élections, avec les échecs conjoints du populiste autrichien Norbert Hofer et de l’européiste Matteo Renzi paraissent avoir brouillé les cartes en attendant de les redistribuer. Les médias évoquaient une vague populiste, allant du Brexit à Donald Trump ; voire jusqu’à François Fillon, miraculé de la primaire de la droite et du centre, même si dans la primaire en question, personne ne vit la queue d’un centriste.
Pour revenir aux élections de ce dimanche dernier, un fait s’impose : il n’y a pas une Europe, mais au moins trois Europe. Pour aller de haut en bas ou du Nord au Sud, il y a celle, nordique et protestante, source de tant de réglementations entendant nous dicter à nous, les Français, la façon de fabriquer nos magrets de canards et d’aller ou non à la corrida. C’est l’hygiénisme de la Commission européenne, étonnant et détonnant mélange de pornographie et de pudibonderie, de fromages à pâte molle et de cerveaux réchauffés au micro-ondes.
La deuxième se résume à la grande Allemagne, naguère géant économique, mais nain politique. Vent de l’histoire aidant, elle vise désormais au gigantisme en ces deux domaines.
Et la troisième ? Celle de ces pays européens ayant, à plus ou moins long terme, vocation à quitter l’Europe technocratique, alors qu’ils en forment le noyau historique : Grèce, Espagne, Italie, Portugal et… France. Soient autant de nations dont la structure politique nous ramène plus aux côtes de la Méditerranée qu’aux rives du Rhin. Bref, la Mare Nostrum contre la Mitteleuropa, en d’autres termes.
Et voilà qui permet de mieux comprendre les résultats de ces élections dominicales. L’Autriche a largement dit « oui » à l’Europe. Quels étaient les arguments de Norbert Hofer, candidat populiste malheureux ? La question des « migrants » et une vague interrogation identitaire… Pas de quoi fouetter un chat, sachant que l’Autriche n’est jamais rien de plus qu’une proche province de la puissante Allemagne. Que l’euro n’est pour elle qu’un mark déguisé et que, de tous les pays européens, il est un des rares à encore profiter de la mondialisation. Anschluss un jour, Anschluss toujours.
Le cas de l’Italie relève d’une tout autre problématique. À l’instar de la France, cette nation était naguère forte d’un tissu industriel des plus performants ; lequel, ainsi qu’en nos contrées, est en train de se déliter peu à peu, d’où victoire logique des opposants à Matteo Renzi, homme qui, à défaut de murmurer à l’oreille des chevaux, demeure celui dont les esgourdes ne cessent de retentir des oukases de la finance internationale. La victoire du non en Italie relève donc avant tout d’une problématique sociale, problématique qui ne se posait pas, du moins pas encore, en Autriche ; d’où cuisante défaite de Norbert Hofer, ayant fait campagne sur de seuls arguments « identitaires », dont on a vu, ce dimanche, les limites intrinsèques. Trois Europe pour le prix d’une, écrivions-nous plus haut…
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