Coronavirus : la Roumanie fait mieux que la France

par Olivier Bault.

Dimanche sur la radio anglaise LBC, un auditeur appelait de Roumanie. Le journaliste de la radio s’étonnait que le gouvernement britannique n’envisage que maintenant, et pour dans une semaine seulement, d’imposer une quarantaine pour toutes les personnes arrivant de l’étranger par avion. L’auditeur expliquait : « J’ai atterri le 20 mars en Roumanie, et j’ai été immédiatement placé en quarantaine à domicile. Pendant quatorze jours, j’avais un contrôle médical et des contrôles de police quotidiens et l’on m’a testé plusieurs fois au Covid-19. »

La Roumanie ne passe pas pour être parmi les pays les mieux gouvernés d’Europe, ni même de l’ancienne Europe de l’Est. La situation décrite par cet auditeur britannique caractérise pourtant bien la crise sanitaire actuelle. « Les nations plus pauvres de l’est de l’Europe pourraient donner une leçon à l’Ouest en matière de coronavirus », titrait le 12 avril le Wall Street Journal.

Grâce aux mesures strictes adoptées à un stade précoce, la progression de l’épidémie de Covid-19 a été linéaire en Roumanie, après avoir fait son apparition le 10 mars. Aujourd’hui, ce pays de 19,5 millions d’habitants vient seulement de dépasser la barre des 11 000 cas confirmés, sans que l’on observe une accélération de la propagation.

À côté de cela, il y a eu à ce jour plus de 3 000 guérisons et quelque 620 décès attribués au coronavirus chinois. Par ailleurs, déjà près de 140 000 tests de dépistage ont été réalisés depuis le début de l’épidémie en Roumanie, soit quelque 7 100 par million d’habitants, comme en France.

Pourtant, avec le retour d’Italie d’une partie de sa très nombreuse population émigrée, la Roumanie était particulièrement exposée au risque de catastrophe sanitaire, mais ces émigrés ont justement été mis en quarantaine à leur arrivée, alors que la France avait laissé le virus traverser sa frontière avec l’Italie sans lui opposer de résistance.

Si bien que l’Allemagne dont les frontières avec la France restent fermées cherche aujourd’hui à faire revenir des travailleurs roumains très utiles au moment des récoltes, provoquant des mouvements de foule pas toujours compatibles avec les règles de distanciation sociale, comme l’ont montré les images de l’aéroport de Cluj publiées pendant la deuxième semaine d’avril sur les réseaux sociaux. Ceci alors que les non-émigrés ont affaire à une police très rigoureuse et ont même été privés d’église et rencontres familiales pour la Pâque orthodoxe.

Article paru dans les colonnes du quotidien Présent.

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