Alors que le scrutin du 26 mai devrait être l’occasion d’une communion de peuples au corps glorieux d’une institution prétendument rédemptrice, tel un vol de gerfauts hors du charnier natal (merci José-Maria pour cet emprunt), un nuage de volatiles frappés de psittacisme s’est abattu sur une Europe millénaire désormais livrée aux soins palliatifs d’eurocrates euthanasistes.
Quel casse-tête pour le CSA, arbitre d’une répartition équitable des temps de parole entre des listes aux origines politiques le plus souvent incertaines, hormis leur affiliation tacite à la famille de pensée du PCCP (Pour ce qui est contre et contre ce qui est pour).
Quelle épreuve pour les maires des 34 968 communes françaises ? 34 listes, autant de panneaux électoraux, autant d’hectomètres linéaires pour les y installer ! Que d’efforts pour afficher des professions de foi que personne ne lira ! Ne parlons pas de l’impact désastreux sur des poubelles jaunes déjà encombrées.
Comment expliquer pareille prolifération de candidatures ? Engouement démocratique spontané ? Parthénogenèse politicienne ? On ne peut s’empêcher d’exhumer de ses « Grands cimetières sous la lune » une remarque plaisante du joyeux drille et « ambianceur » que fut Georges Bernanos : « Il est clair que la multiplication des partis flatte d’abord la vanité des imbéciles. Elle leur donne l’illusion de choisir. »
Dans ces conditions le chiffre croissant des abstentionnistes s’expliquerait-il par une baisse aussi sensible que réjouissante du nombre d’imbéciles dans notre pays.
Montesquieu, sur le ton de la confidence, avouait une prédilection pour le monde rural de son époque : « J’aime beaucoup les paysans, ils ne sont pas assez savants pour être bêtes. »
Voilà qui, presque trois siècles plus tard, mérite réflexion lorsque glougloutent dans leur enclos parisien des troupeaux de dindons intellos et bobos au label rouge, garantissant une origine universitaire incontestable. Le Baron de La Brède n’est-il pas encore considéré comme un inspirateur de la Sociologie et de la Démocratie françaises ? Aujourd’hui n’aurait-il pas beaucoup plus d’esprit que certaines de nos lois ?
On imagine volontiers les affres de quelque électeur invétéré devant choisir un bulletin au moment d’entrer dans l’isoloir. En philanthrope convaincu et pour soulager sa conscience, je propose que dans chaque bureau de vote soit affichée une citation de ce bon Machiavel : « En politique le choix est rarement entre le bien et le mal mais entre le pire et le moins mal. »
De là à rappeler que dans le doute il serait bon de s’abstenir il n’y a qu’un pas, que beaucoup franchissent.
Quel que soit le message des urnes notre dynamique président de la République, deux ans à peine après son apothéose, ne manquera pas de se rappeler une vérité intangible formulée par Rivarol : « Le peuple donne sa faveur, jamais sa confiance. »
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