Climat et migrations. Une vision africaine
Entretien avec Abdou Berber, auteur de Climat et migrations. Une vision africaine, préface de Mohammed Abbou, ancien recteur, ancien ministre, aux éditions Dualpha.
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul.
« On ne peut pas reprocher aux seuls Européens
le déplacement forcé des esclaves africains.
Les Arabes, les Ottomans et les Musulmans en général
ont pratiqué une traite des noirs
MAIS AUSSI des Blancs ;
une vérité systématiquement occultée »
Le climat et les migrations de population sont des sujets de préoccupations très actuelles… En a-t-il été de même dans le passé ?
Cela dépend des peuples et de leurs vécus. La France est historiquement caractérisée par ses terroirs. La majorité de la population française dite « de souche » est d’origine celte, gallique (qui a donné Gaulois), venue du sud de l’Allemagne et de l’Autriche et arrivée vers le XVIIIe siècle avant J.-C.. Les Français se sentaient dans le passé appartenir à un terroir qui peut être multiple. Mais l’introduction des moyens de communication modernes et surtout la guerre de 1914-1918 ont changé cet état de fait et les campagnes françaises ne se sont pas relevées du traumatisme de cette guerre.
En Afrique la réalité historique est différente. Elle est fondée sur la tribu. Jusqu’au début du XXe siècle après J.-C., un individu ne pouvait survivre en dehors de l’appartenance tribale. Ces tribus constituent une réalité complexe, dans laquelle chaque personne doit concourir à l’intérêt général bien compris, s’il le faut au prix de sa vie. Ce que Ibn Khaldoun appelle la « Asabiya » et qui peut se traduire par « esprit de corps ».
Lorsqu’on parle de « climat » aujourd’hui, on songe immédiatement au réchauffement climatique… Quelle est votre opinion ?
J’estime que le débat est biaisé. Tout d’abord il faut distinguer entre le débat sur le changement climatique et celui plus spécifique sur le « réchauffement climatique dû à l’action de l’homme moderne », c’est-à-dire le réchauffement climatique anthropique.
La théorie scientifique sous-jacente me paraît peu crédible. Pour illustrer mon scepticisme, je relèverai deux points peu cités :
D’abord, les conséquences de la teneur en vapeur d’eau de l’atmosphère. Cette molécule a un effet de serre plus important de celui du CO2. En moyenne dans l’atmosphère H2O représente 15 % alors que le CO2 est limité à 0.04 %. Si la théorie des gaz à effet de serre était opérante, avec un effet catastrophique sur le climat, il faudrait examiner la répartition de H2O dans l’atmosphère, avec bien entendu des effets beaucoup plus importants que le CO2. Le Sahara qui a un air très sec devrait être froid, et Oslo qui subit une pluviométrie très forte et donc un taux d’H2O très élevé devrait être une étuve. Bienvenue en Absurdie !
Ensuite, M. Abdussamatov, directeur de l’institut Pulkovo, près de Saint Pétersbourg, spécialisés (le directeur et l’institut) dans l’étude du Soleil a fait remarquer que la planète Mars a subi un réchauffement climatique suivant une courbe qui évolue comme celle de la terre. Il en conclut que le responsable est le soleil, seul élément commun, en termes d’apports d’énergie, aux climats des deux planètes.
Beaucoup ont cru au discours sur l’origine anthropique du réchauffement car, a priori, ils n’avaient pas de raison de mettre en doute les informations. Puis au fur et à mesure, les discordances des affirmations réchauffistes apparaissant, la Terre avec une majuscule refusant de se conformer aux prédictions du GIEC, le discours se fit alors plus pressant, l’urgence augmentait. Les journalistes, les scientifiques étaient sommés de répéter le catéchisme sous peine de licenciement, de coupure des crédits.
Les écologistes, transformés en millénaristes exaltés, se sont mis à insulter toute personne mettant en doute ou même en perspective la doxa du CO2. Pour eux, le seul objectif raisonnable serait de se débarrasser avant 2030 des énergies fossiles sinon le ciel nous tombera sur la tête.
En fait, je suis à présent convaincu que la solution, décarboner l’énergie – c’est-à-dire supprimer l’usage du pétrole et du gaz – est en fait le véritable objectif. Il doit être réalisé à marche forcée et les récalcitrants mis au pas par la force si nécessaire. De plus, ce plan n’est viable que si nous instituons un gouvernement mondial. Est-ce être « complotiste » ? Peut-être…
Nos gouvernants actuels ont prévu que le prix de l’énergie, devenue renouvelable, subirait une augmentation très importante. Mais ils n’avaient pas imaginé que la technique de production de l’énergie renouvelable n’était pas viable. Aujourd’hui ils sont contraints de compter sur le gaz russe principalement, en attendant de relancer dans les trois décennies qui suivent la production massive du nucléaire.
En attendant ce futur, nous pouvons compter sur eux pour nous pourrir consciencieusement la vie.
L’immigration est un sujet au cœur des passions politiques… Pensez-vous qu’une immigration contrôlée soit encore possible ou doit-on s’attendre à un déferlement migratoire, sans doute facteur de chaos comme certains le prédisent ?
Regardons l’histoire des migrations. Cela a comme avantage de relativiser la situation actuelle et de parler des temps présents sur ce sujet avec sérénité.
Écartons d’abord le sujet de la traite. On ne peut pas reprocher aux seuls Européens le déplacement forcé des esclaves africains. Les Arabes, les Ottomans et les Musulmans en général ont pratiqué une traite des noirs MAIS AUSSI des Blancs ; une vérité systématiquement occultée.
Aujourd’hui, les travailleurs immigrés renoncent à retourner au pays une fois constitué un pécule et utilisent le regroupement familial pour vivre définitivement en Europe car la situation continue à se dégrader en Afrique. Même si le chômage devient endémique en Europe, son attractivité perdurera donc, particulièrement pour la jeunesse qui subit dans le même temps une terrible propagande audiovisuelle.
En conséquence, les jeunes Africains, appartenant aux catégories sociales dont les parents ont la capacité de vendre des biens ou du bétail pour rassembler quelques milliers d’euros font pression pour migrer et sont alors la proie facile de passeurs professionnels.
En zoomant à plus grande échelle, nous constatons que la géopolitique du chaos d’une part (en Libye, par exemple) et la Françafrique avec une tournure de plus en plus néocolonialiste d’autre part, contribuent grandement à générer les flux migratoires Sud-Nord.
L’exemple de l’Afghanistan et du Mali montre que ces politiques se retournent à présent contre leurs promoteurs et les obligés de ces promoteurs, même si elles doivent s’éteindre à plus ou moins brève échéance. Les Africains devront alors devenir maîtres de leur destin et montrer ce dont ils sont capables.
Enfin, n’oublions pas qu’il existe des États et même certaines institutions qui utilisent les migrants avec des objectifs géopolitiques. La Turquie par moments, certaines ONG en mer Méditerranée et le milliardaire George Soros jouent un rôle très trouble sur la question.
Les États européens, en adoptant des choix désordonnés, s’exposent hélas à subir les évènements plutôt qu’à les contrôler.
Climat et migrations. Une vision africaine d’Abdou Berber, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 404 pages, 35 euros. Pour commander ce livre, cliquez ici.
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