4 février 2025

L’Amérique maitresse du monde, dollar et bellicisme

Par Philippe Joutier

Par le dollar, base du système monétaire international et les armes, les États-Unis dictent leur loi au reste du monde. C’est le 15 août 1971 que le dollar s’est libéré de sa garantie sur l’or, ouvrant la possibilité d’un déficit budgétaire illimité, pour la remplacer par une garantie sur la puissance militaire. À partir de cette date, les États-Unis vont disposer du pouvoir exorbitant de vivre à crédit sans risque de voir leur monnaie se déprécier. La dette américaine ne va cesser de grimper, mais peu importe puisque le déficit budgétaire est comblé autant que de besoins par l’émission de billets alimentant sans restriction le moteur de la croissance américaine. Les États-Unis se contentent d’aspirer les capitaux excédentaires des autres pays, puis d’émettre de la monnaie de façon illimitée. L’arrivée de Trump et sa volonté annoncée de baisser à 15 % l’impôt sur les sociétés va encore augmenter ce déficit avantageux pour les américains, mais pour que ce système perdure il leur faut conserver à tout prix l’hégémonie du dollar et la menace militaire.

La courbe des dépenses militaires suit exactement celle de la dette américaine

Concrètement les outils utilisés sont le budget militaire, les chambres de compensation et le système SWIFT.

Créé en 1974 Swift sécurise la transmission des ordres de paiement internationaux. (C’est le code BIC qui figure sur les relevés d’identité bancaire). Swift est l’un des moyens par lesquels les États-Unis entretiennent leur domination.

En effet, toute opération bancaire dans le monde impliquant des ordres de paiement en dollars passe par SWIFT pour aboutir dans les fameuses chambres de compensation américaines, infrastructures privées qui garantissent les transactions boursières en apportant l’argent si l’une des parties est défaillante.

Ainsi, même les opérations de transferts entre des banques non américaines transitent forcément par les États-Unis puisqu’elles doivent être libellées en dollars. Les États-Unis peuvent donc imposer leur politique étrangère au reste du monde sous la menace d’exclure SWIFT des opérations avec les banques américaines.

SWIFT a la forme d’une coopérative de droit belge ayant son siège près de Bruxelles. Il existe d’autres système qui tentent une alternative : SPFS développé par l’État russe, le système chinois CIPS, ou encore INSTEX, créé en 2019 à l’initiative de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, mais dédié à l’humanitaire et excluant les transactions sur le pétrole. Des concurrents qui pèsent peu contre la domination du dollar qui impose SWIFT.

Quelques exemples :

Les poursuites intentées devant les juridictions américaines contre la SNCF qui organisait le transport des victimes de la Shoah pendant la IIe Guerre mondiale. Malgré sa souveraineté, la France a dû donner 60 millions de dollars pour éteindre les poursuites aux États-Unis.

L’affaire Alstom, avec la prise de contrôle de cette entreprise française par General Electrics, conséquence d’une procédure judiciaire menée devant les juridictions américaines. Alstom dut payer 772 millions de dollars, supérieure aux 500 millions d’euros mis sur la table par le contribuable pour essayer de sauver l’entreprise.

La Deutsche Bank, condamnée par les États-Unis à un redressement de 14 milliards de dollars avec comme conséquence une crise financière majeure en Europe.

En 2014, BNP-Paribas, 9 milliards de dollars d’amende pour ne pas s’être soumise à l’embargo décidé par les États-Unis contre l’Iran, pays qui n’était pas sous embargo Français. L’Iran, mais curieusement pas l’Arabie Saoudite. Les entreprises européennes ont dû verser en quelques années 20 milliards de dollars au titre d’infractions aux embargos décidés par les seuls États-Unis.

Autres dispositions répressives, les réglementations américaines des exportations, applicables n’importe où dès lors que ces exportations intègrent 10 % de contenu américain ;

Les poursuites individuelles : cas de Julien Assange, citoyen non américain traqué par la Justice américaine jusque dans les pays étrangers, obligés de mettre un terme à son accueil sous la menace américaine.

En résumé, tout lien de rattachement, même la simple utilisation d’une messagerie américaine, place sous le coup de la loi américaine. Même s’il s’agit d’une société étrangère et pour une action étrangère qui ne concerne pas le territoire américain.

Peut-on se défendre ? Parfois.

Au début des années 1980, la France et l’Allemagne négociaient avec l’URSS pour accroître la fourniture de gaz soviétique à l’Europe occidentale, avec la construction d’un gazoduc depuis le gisement d’Ourengoï en Sibérie. Un consortium fut alors constitué, comprenant plusieurs filiales européennes d’entreprises américaines.

L’administration américaine devait à tout prix bloquer le projet. Le président Reagan décréta des sanctions économiques contre l’URSS, qui furent imposées aux Européens. L’Europe ne céda pas et les États-Unis révoquèrent les licences d’exportation de certaines entreprises européennes. Mais la Communauté européenne ne se dégonfla pas et réquisitionna les entreprises.

Autre option : des paiements non bancaires. Utilisée par la Turquie qui règle en or une part importante de son commerce avec l’Iran.

C’est par le dollar garantit par la puissance militaire US et qui représentant 86% des échanges internationaux de devises que l’Amérique assure son pouvoir extraterritorial. Elle ne peut tolérer le risque de le voir remis en cause par l’émergence d’une monnaie étrangère associée à une puissance militaire concurrente d’où son intérêt de faire monter la tension internationale. La crainte vis-à-vis de l’Euro, dont la volonté de Saddam Hussein de le substituer au dollar ne fut pas étrangère à l’attaque de l’Irak est aujourd’hui dissipée. En s’emparant des entreprises européenneS, en siphonnant l’épargne européenne et grâce à l’OTAN, aux risque des sanctions et à la bienveillance des dirigeants européens, l’Amérique contrôle aujourd’hui suffisamment l’Euro, lequel, dans sa part de marché arrive en seconde position à 6 %. Reste la Chine. La Chine, a une posture défensive très efficace contre les intrusions extraterritoriales des États-Unis en s’opposant à toutes transmissions de documents aux autorités américaines et le Yuan n’a qu’une part de marché de 5% mais grimpe régulièrement, d’autant que le yuan est une nécessité pour la Russie, coupée des circuits de paiement en dollars ou en euros du fait des sanctions

Un souci pour les États-Unis dont l’intérêt est de fomenter une tension internationale contre la Chine, chronique d’une guerre annoncée. Les Chinois ont bien compris la menace et se réarment depuis 2015, avec un budget militaire qui augmente annuellement de 7 %. Dans ces enjeux, quelle position adoptera le nouveau président ? Mais dormons en paix, quelle qu’elle soit, ce sera au nom de la Liberté. Naturellement.

Sources :

L’extraterritorialité de la législation américaine – Rapport d’information Assemblée nationale n° 4082 (2016-2017) du 5 octobre 2016,

et aussi : N° 393 SÉNAT

Rapport d’information fait au nom de la délégation sénatoriale à la prospective :

Une crise en quête de fin. Quand l’Histoire bégaie

https://www.opex360.com/2024/03/05/la-chine-va-officiellement-augmenter-son-budget-militaire-de-72-en-2024/

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