Vous avez détesté le TAFTA ? Vous adorerez le CETA
Au hasard d’une actualité dont la profusion bouillonnante et anarchique, la tendance à la jactance incontinente et à la vacuité aux limites sans cesse repoussées, on apprend que le Ministre-président de la Wallonie, le socialiste Paul Magnette, vient de rejeter le traité de libre-échange Union européenne-Canada (CETA).
Le CETA ? Quid ? Le CETA, pour « Comprehensive Economic and Trade Agreement », ou Accord Économique et Commercial Global (AECG) se présente comme un accord commercial dit « de nouvelle génération » conclu entre l’Union européenne et le Canada.
Comprendre que ce traité, préparé et négocié, depuis 2009, par la Commission européenne, sans mandat des peuples européens pour ce faire, a pour objectif clairement établi de réduire à la portion congrue ce que l’on appelle classiquement les barrières douanières non tarifaires, c’est-à-dire, les réglementations nationales et européennes qui feraient obstacle à la libre circulation des produits, marchandises et capitaux.
Histoire de faire passer la pilule auprès d’une opinion publique à peu près ignorante (et, sans doute, indifférente) de ce qui se trame derrière son dos, les technocrates de la Commission emploient une rhétorique digne des meilleures officines communicantes de la place. Ainsi, nous assurent-ils, comme si nous devions automatiquement les croire, qu’« en ouvrant les marchés, l’AECG devrait soutenir la croissance et l’emploi dans l’Union et apporter d’autres bénéfices aux consommateurs européens. Il devrait permettre de maintenir des prix bas et de proposer aux consommateurs un choix plus large de produits de qualité ».
Il est vrai, qu’en France, nous sommes à la veille d’une élection présidentielle qui voit déjà s’affronter, avec force promesses enchéries et mirifiques annonces d’éclatants lendemains qui chantent, toute la coterie blanchie sous le harnais du mensonge et de la duplicité, de bonimenteurs, bateleurs et autres charlatans de la politicaillerie professionnelle.
Pour autant, doit-on raisonnablement, se laisser engluer dans la sauce jargonnante d’un traité qui nous explique que, dorénavant, les différends et litiges qui surviendraient à l’occasion de son application, seront tranchés par « un système juridictionnel indépendant en matière d’investissements – composé d’un tribunal permanent et d’un tribunal d’appel – dans le cadre duquel les procédures de règlement des différends seront conduites de manière transparente et impartiale ». Interdiction de rire (même jaune) !
Toujours est-il que ce merveilleux conte de fées conventionnel n’a manifestement pas convaincu par son « happy end ». Si la Bulgarie et la Roumaine finirent par y consentir, ce ne fut pas le cas de la Belgique qui n’a pas su ôter l’épine wallonne de son fragile pied d’argile, l’État fédéral ne pouvant s’engager internationalement qu’avec l’accord de ses régions wallonnes et flamandes.
Mais surtout, s’inquiète Paul Magnette, « comment s’assurer que le CETA ne sera pas le cheval de Troie du TTIP [appelé aussi Tafta], l’éventuel traité de libre-échange avec les Etats-Unis ? Comment faire en sorte que des multinationales ayant un siège au Canada n’utilisent pas le CETA pour bénéficier de tous les avantages qu’offrirait celui-ci et anticiper le TTIP ? » (Le Monde, 20 octobre ?).
Crainte d’autant moins infondée que, nonobstant les longues procédures d’approbation par le Parlement européen et de ratification par les 27 parlements nationaux, « il est d’usage d’appliquer provisoirement une partie des accords commerciaux après l’approbation du Parlement européen, sans attendre celle des parlements nationaux Une bizarrerie démocratique qui ferait entrer en vigueur en France un CETA qui n’a pas encore été approuvé par tous les représentants du peuple français », comme le relève très justement le journaliste Maxime Vaudano (Le Monde, 18 octobre).
En tout cas, ce CETA est la preuve supplémentaire que l’Europe de Bruxelles – nonobstant les coups de semonces populistes traduisant le rejet ad nauseam massif dont elle est l’objet – s’acharne, envers et contre tous, à détruire, tout à la fois, l’Europe et les nations, dans sa folle ascension du Babel mondialiste.
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Philippe Randa,
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