Heidegger et l’École de Kyôto de Bernard Stevens
Bernard Stevens est chercheur à l’université de Louvain-la-Neuve et ancien directeur de programme au Collège international de philosophie. Il est, entre autres, l’auteur d’Invitation à la philosophie japonaise, et le traducteur de Qu’est-ce que la religion ? de Nishitani Keiji.
Dans son dernier opus intitulé Heidegger et l’École de Kyôto et sous-titré Soleil levant sur forêt noire (Cerf), Stevens revient sur l’ouverture de Heidegger à la pensée orientale, d’abord prudente, puis manifeste durant la dernière période de sa vie.
Ces réflexions communes et partagées ont sans nul doute créé un pont intellectuel entre l’Europe et l’Asie. Le sous-titre prend ici tout son sens. Nous lisons avec intérêt : « Reinhard May, Ex Oriente Lux, cherche à prouver que Heidegger doit la quasi-totalité de son inspiration à l’influence taoïste ; ce qui m’a animé dans cette entreprise est davantage la question des congruences réelles au sein d’une commune quête philosophique de l’universel et du vrai. »
Stevens précise que « la lecture de Heidegger a été décisive ».
Il explique aussi « comment elle avait pu déterminer la perspective selon laquelle j’abordais Nishida et l’école de Kyôto ».
L’auteur estime que « la pensée de Martin Heidegger se présente en grande partie comme une traversée de l’histoire de la métaphysique occidentale depuis l’émergence de la philosophie jusqu’à l’ère technique ».
Il ajoute : « Le philosophe allemand a retracé les origines profondes d’une époque contemporaine dominée par la technique où l’humain, originellement destiné à n’être que le berger de l’être, est aliéné au profit d’un processus de mise au pas de tout, y compris l’humanité elle-même. »
De fait, il n’est guère surprenant qu’en « parlant de la question du rapport entre la lettre des Écritures Saintes et la pensée spéculative de la théologie comme source de son questionnement », Heidegger ait écrit : « Sans cette provenance théologique, je ne serais jamais arrivé sur le chemin de la pensée. Provenance est toujours avenir ».
Continuant sa réflexion, Stevens propose cette analyse : « Lorsque au Moyen Âge, à la lumière de la tradition judéo-chrétienne, on s’interrogera sur la dimension essentielle de l’être, on l’interprétera à travers le fondement déjà établi de l’essentialité : Dieu sera l’étant suprême dont l’essence est d’exister ».
De même, l’auteur revient sur ce qu’il définit comme « une énigme de l’histoire ».
Selon lui, nous assistons au VIe siècle de « l’ère commune » – pour reprendre son terme – à « un mûrissement culturel, inconnu jusque-là et inégalé par la suite ».
Il évoque « le miracle grec qui s’étend d’Homère et des présocratiques jusqu’à Sophocle et Socrate, et le prophétisme juif qui, avec Ezéchiel et Jérémie, transmue la religion de la Loi en un messianisme eschatologique ; la Perse entend la prédication de Zarathoustra, initiateur du mazdéisme, sol à partir duquel croîtront, au cours des siècles, le culte de Mithra, l’islam shiite et le soufisme. La même époque voit naître en Extrême-Orient l’enseignement de Confucius et celui de Lao Tseu, fondateur du taoïsme ».
Longue citation qui illustre le foisonnement intellectuel de l’époque. Bien évidemment dans la suite de son propos, Stevens n’oublie pas non plus « la prédication » de Bouddha qui a véritablement changé le visage de l’Asie.
Pour conclure, j’écris sans réserve que cet ouvrage se montre très intéressant. Il permet d’aller à la rencontre de Hegel, Heidegger ainsi que de penseurs japonais : Suzuki, Imamichi, Nishida et Nishitani. Les questions sur l’être, l’essence, l’art, l’esthétisme sont soulevées avec pertinence et talent, que j’approuve ou non les positions exprimées dans cette étude. De même, le lecteur comprendra mieux comment le philosophe allemand a influencé certains penseurs du Japon, en fournissant une innovante matière intellectuelle, qui leur a rendu possible de participer aux débats philosophiques contemporains…
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