12 juin 2017

Chanson, politique et perversion

Par Thierry Bouzard

La technologie a relégué les célèbres Stradivarius. Référence séculaire des violonistes, les instruments du luthier de Crémone ont été confrontés dans des tests à l’aveugle avec des productions modernes, à Paris et New York. Pas plus les violonistes que les auditeurs ne sont parvenus à identifier systématiquement les Stradivarius des violons modernes lors de ces expériences. La technologie aurait-elle vaincu la tradition ?

Pervertir les fillettes par la chanson

Un attentat suicide a clôturé le concert à Manchester de la pop star étasunienne Ariana Grande. Les médias n’ont pas évoqué l’arrière-cour de la jeune chanteuse (23 ans). Elle est inconnue des générations Madonna ou Lady Gaga, puisque sa voix exceptionnelle (elle couvre plus de 4 octaves) et ses tenues suggestives en ont fait une idole des très jeunes filles. Ses vidéos sur Youtube approchent le milliard de vues. Sans avoir des tenues ouvertement pornographiques comme Miley Cyrus ou Katy Perry, les paroles de ses chansons évoquent toujours l’acte sexuel sous toutes ses formes en y ajoutant systématiquement une allusion au satanisme, comme dans Side To Side:

 

Élevée dans la religion catholique, elle s’est tournée vers les enseignements du rabbin kabbaliste Philip Berg, mort en 2013 après avoir fait fortune dans la spiritualité judéo-new age. Le métissage fait-il partie de l’enseignement ? Ariana s’affiche le plus souvent avec des rappeurs. Faire chanter des obscénités à des fillettes, une des victimes avait huit ans, relève de la corruption de mineurs. « Mais, si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît au cou une grosse meule de moulin, et qu’on le jetât dans la mer » (Marc, 9,42). Les 45 000 places du concert du 4 juin au bénéfice des victimes se sont vendues en 6 minutes.

Le vendredi 2 juin, plusieurs dizaines de milliers de spectateurs du festival Rock am Ring qui se déroule sur le circuit du Nürburgring ont dû être évacués pour cause de menace terroriste. Les islamistes radicaux sont évalués à 10 000 en Allemagne, dont 1 600 capables de passer à l’action.

Les échos du rap

On n’en finirait plus de recenser les méfaits des rappeurs. Au Printemps de Bourges, festival connu aussi pour présenter des « jeunes talents », le rap y est introduit dès 1990. L’édition 2017 a distingué Ash Kidd et son parterre de gamines hurlantes sur son lover rap. Les rappeurs « les plus chauds de l’Ouest Cost » ne viennent pas des States, mais de Bretagne. Le collectif Colombine vient de sortir son 2e album en avril. Des garçons cultivés, le titre de leur album, Enfants terribles, fait référence au roman de Cocteau.

Fin mai à Vélizy, la police intervient lors du tournage d’un clip du groupe de rap Farwest. Installés sur le toit d’un immeuble de onze étages et surtout « sans volonté de nuire », ils arrosent de musique tout le quartier, renforcés de chiens d’attaque, d’armes factices et de drones au raz des balcons. Fianso, celui qui n’avait rien trouvé de mieux que de bloquer l’autoroute A3 pour tourner son clip, a été arrêté pendant le tournage d’un nouveau clip, à cause d’armes et de diverses substances illicites. C’est bon pour la promo… En passe de devenir un langage quasi-universel, le rap est utilisé en Colombie pour faire revivre la langue embera, parlée dans les montagnes d’Antioquia:

 

Hip hop et flûte de pan, une rare inculturation d’un genre mondialisé plutôt destiné à éradiquer les diversités culturelles qu’à les promouvoir. Un autre exemple en est donné avec Mona Haydar qui rappe avec son hijab contre l’islamophobie. Féministe et musulmane, elle ne craint pas les contradictions. On l’a vue dans un clip de Beyoncé et elle s’investit maintenant dans le combat contre Trump, la voie royale pour les Grammy Awards.

Contrôler les foules

La musique est un moyen d’apprécier la sensibilité des populations. SOS Racisme a échoué en tentant de retrouver l’affluence des concerts qui avaient lancé le mouvement en 1984. Seulement quelques « centaines de personnes » sur la place de la République le jeudi précédant le 2e tour de la présidentielle pour un concert républicain contre le FN. Deux jours plus tôt, un « rassemblement citoyen » dans la salle des concerts de la Cité de la musique avait voulu réunir des associations censées représenter les arts et la culture qui, « par leurs valeurs de diversité, de partage et d’épanouissement des libertés sont indissociables d’une société démocratique d’égalité et de fraternité », tout cela pour « faire barrage au FN ». Là encore, trente ans de retard dans les modes d’action comme dans les argumentaires.

Le nouveau président est musicien — il joue du piano — et il a lui-même choisi la musique de sa cérémonie d’investiture. Un programme très classique avec Saint-Saëns, Mozart, Offenbach, Brahms. Mais pas sûr qu’il touche au budget de l’IRCAM. L’Institut de recherche et coordination acoustique/musique, fondé par le compositeur par Pierre Boulez, a fêté ses 40 ans début juin. L’institut occupe une place unique dans le monde et emploie quelque 110 personnes à plein temps, pour l’essentiel des chercheurs. Parmi ses dernières productions phares, le logiciel Max utilisé dans les concerts d’électro et dans le cinéma le logiciel Tracks qui permet de modifier les voix.

Les initiatives se multiplient dans l’Église. Le père Stéphane Epanda, curé d’Houplines a lancé une « messe qui zouke » qui a rempli l’église comme jamais. Saxophone, clavier et tambourin ont accompagné la liturgie ordinaire, pour ensuite passer aux chansons et à la danse. À Cambrai, le père Robert Wrona, de la Fraternité missionnaire Saint-Jean-Paul II, a organisé une christothèque. Tout simplement une discothèque animée par DJ Padre sur des musiques chrétiennes remixées. Le 31 décembre dernier, il était à Paris pour plus d’une heure d’un mix de louange avec deux pasteurs dont un comédien.

Le nouvel album des Brigandes

J’élucubre à Sion, les Brigandes ont sorti un nouvel album. Le 4e en deux ans ! Outre cette productivité, Les Brigandes sont actuellement le seul groupe de musiciens professionnels de la dissidence. Dans le contexte de totalitarisme culturel qui sévit en France, cette situation doit être soulignée. Car toute la culture est subventionnée, tous les concerts sont soumis à autorisation, les groupes « alternatifs » sont à la musique ce que les antifas sont à la culture, et les rave parties illégales se déroulent sous la surveillance de la gendarmerie. Il est donc extrêmement difficile d’exister et de faire perdurer un projet musical politiquement dissident dans cette France républicaine et totalitaire. Les Brigandes n’en sont que plus admirables car leur dernier album est engagé sans complexes. 11 titres, plus un bonus, ils ne font pas dans le détail : « Avec Arlette un soir on était en goguette/ Elle me dit : « Camarade, j’en ai marre des tapettes/ Y’a pas de révisionnisme dans la fornication » ». En politique, rien que du vécu : « Le jour de l’élection, la France est en haleine/ Mais toujours le champion, c’est le menteur suprême » et encore « Ce parasite ne sert à rien/ C’est juste un politicien », l’adversaire est désigné : « Picsou est en campagne/ A toutes les élections/ Rothschild l’accompagne/ Pour élire son larron ». Elles ne font pas de concession sur les principes : « Droits de l’Homme, liberté/ Justice, égalité/ Et par esprit civique,/ Ils passent à la pratique/ A coups de trique », pour en revenir à l’essentiel : « On fera des prières…/ Mais ce que je préfère :/ Le combat en guise d’oraison./ Je déteste les pleurs… ». Une chanson sur les sévices à l’encontre des animaux, une autre qui évoque Louis XX pour terminer avec un peu d’humour sur Ségolène. Tous les titres, paroles et musiques, sont de Joël Labruyère, le mentor des Brigandes. Sulfureux pour certains, mais authentique anticonformiste. Si dans Catho Spleen, elles s’en prennent au pape et aux Marie-Chantal, ça ne suffira pas pour leur ouvrir les médias. Vu que les dénonciations de leurs débuts n’ont pas réussi à les éliminer, elles ont droit maintenant à l’omerta. Sur les photos de l’album, les chanteuses sont dans une 2 CV, la dissidence ne se démode jamais. Pour commander c’est ICI.

Les Brigandes – J’élucubre à Sion

Les Brigandes – J’élucubre à Sion

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