Rencontre avec quelques Grands Excentriques
« “Excentrique”, cela signifie précisément s’éloigner du centre ;
bref, être à la marge »
Entretien avec Nicolas Gauthier, auteur du livre Les Grands Excentriques, (éditions Dualpha), préface d’Alain de Benoist
(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de vous intéresser à de tels personnages… et pourquoi ceux-là et pas d’autres ?
Quelle question ! Il paraît que les pays heureux n’ont pas d’histoire, exemple suisse à l’appui, nation dont les seules inventions notoires demeurent la démocratie et le coucou ; soit des avancées assez anodines, à l’exception de la seconde, évidemment. Il doit sûrement en aller de même de nos contemporains. Ceux qui n’ont pas d’histoires que l’on puisse conter ne suscitent pas toujours les meilleurs livres. Voilà pourquoi, pour de basses questions commerciales, je me suis intéressé à des personnages aux itinéraires plus baroques, plus imprévus ; bref, ces personnalités « excentriques » ayant donné le titre à l’ouvrage qui leur est consacré. Après, pourquoi eux plutôt que d’autres, dans le grand troupeau des foutraques de tous poils ? Peut-être parce que je les trouvais plus emblématiques de leurs époques et de leurs environnements respectifs. Ou plus simplement parce que je les aimais bien.
Après les avoir étudiés, pensez-vous qu’ils étaient heureux de se démarquer de leurs contemporains ? Conscients de leur excentricité ? Fuyaient-ils une réalité dans laquelle ils ne se sentaient pas à l’aise ?
Trois questions en une seule ! Lesquelles appellent autant de réponses.
La première : je ne crois pas que l’on se démarque de ses contemporains pour le simple plaisir de la pose. On le fait seulement parce que ce qui vous entoure ne vous convient pas. Comme le disait souvent un certain Jean Mabire, lui aussi « excentrique » à sa façon : « Je ne changerai peut-être pas le monde. Mais le monde, lui, ne me changera pas ! »
La deuxième : je crois volontiers que l’on est plus ou moins conscient de son « excentricité ». Pour certains des farfelus qui nous occupent, c’est une sorte de feuille de route ; pour les autres, un simple accident de parcours. C’est-à-dire que certains en font délibérément un métier, voire une marque de fabrique, tels Salvador Dali ou Jean Cocteau. D’autres le sont à leur insu, tels Bela Lugosi ou Liberace.
Quant à la troisième : il est logique de fuir un monde dans lequel on se sent à l’étroit et de se retrancher dans une sorte de for intérieur, au risque de pousser ses contemporains à la grimace. C’est à l’évidence le cas des artistes sur lesquels je me suis penché. Mais c’est tout aussi vrai en d’autres disciplines ; la politique au premier chef. « Excentrique », cela signifie précisément s’éloigner du centre ; bref, être à la marge. Napoléon Bonaparte ou le général de Gaulle ne parvenaient pas à se résoudre à l’abaissement de la France ? Ils ont donc quitté le centre pour la périphérie de l’histoire avant de revenir au cœur de cette même histoire. Par définition, les grands hommes ne se sentent jamais à leur aise dans ces circonstances qui, grandes ou petites, entravent l’idée qu’ils se font de la marche du monde. Pour en revenir à des événements plus récents, il me semble qu’un Jean-Marie Le Pen demeurera, pour la postérité, l’un des plus grands excentriques de ce régime finissant, une sorte de hippie réactionnaire des plus fascinants qui, sous des aspects parfois déroutants, a des fulgurances, des presciences, des visions. Jean-Marie Le Pen, c’est l’Andy Warhol des temps nouveaux. Quand Warhol anticipe la société du spectacle, Le Pen prévoit la mondialisation migratoire. Chacun à leur manière, ils définissent les contours du monde de demain et les bouleversements allant avec. En ce sens, ils sont parfaitement « excentriques », puisque tenus à l’écart du centre décisionnel, ce qu’Alain Minc appelle le « cercle de la raison », pour demeurer dans la rhétorique de la géométrie.
Vous considérez-vous vous-même comme un excentrique (à vos heures seulement, peut-être) ? Regrettez-vous de ne pas l’être un peu, pas assez ou beaucoup ?
Vaste question… Au risque du truisme, je répondrais que je suis tel que je suis, tel que Dieu m’a fait et tel que la vie m’a façonné. Après, à défaut de ne pas toujours savoir où je vais, je sais exactement là où je ne veux pas aller. Certes, il est un fait que plus de trente années passées au service de la « dissidence » politique et culturelle demeurent un indéniable brevet d’excentricité. Pour le reste, je persiste à estimer que « penser » consiste avant tout à penser contre « soi » autant que contre les « autres ». C’est-à-dire que si certaines personnes de droite me rendent de gauche, d’autres personnes de gauche me feraient plutôt glisser à droite. C’est ainsi que lors de mes jeunes années, un environnement scolaire, politique et sociétal m’a obligé à me réfugier dans ce qu’il est convenu de surnommer « l’extrême droite ». Une sorte « d’excentricité », alors que s’annonçait la grande vague mitterrandienne. Après, j’ai souvent l’impression de faire figure d’OVNI en mon propre milieu professionnel, milieu de « droite », voire à « la droite de la droite ». Ce n’est pas de la posture, juste une sorte de sauvegarde vis-à-vis du prêt à penser, d’où qu’il vient. On peut éventuellement y voir une autre forme « d’excentricité ».
Les Grands Excentriques, Nicolas Gauthier, éditions Dualpha, Préface d’Alain de Benoist, 208 pages, 25 €. Pour commander ce livre, cliquez ici.
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