Cette France de l’hypocrisie et de l’abandon
Dans un article de Dominique Moïsi dans Les Échos du lundi 12 décembre, nous pouvons constater qu’il a une opinion clairement anti-Russe et anti-Poutine. C’est donc bien dans toute la presse et classe politique de gauche et centriste, que cette quasi-haine de la Russie peut s’étaler sans que personne ne s’en offusque vraiment.
Vladimir Poutine y est traité de révisionniste et est mis au même niveau que le nouveau sultan Erdogan. Rien que ça ! Exit la Turquie islamiste qui agresse les Kurdes sans mandat, a financé l’État islamique en lui achetant le pétrole volé en Irak, en laissant passer les tarés de l’islam venu de France et d’ailleurs, l’emprisonnement des journalistes indépendants, la mise à mort de la République laïque d’Atatürk, etc.
Monsieur Dominique Moïsi est professeur au King Collège de Londres et conseiller « spécial » à l’institut Montaigne. C’est dire qu’il est tout empli de connaissance et qu’il est pour moi difficile, petit Français, de tenter de lui dire qu’il est à côté de la réalité, du vécu des citoyens et de leur perception de cette réalité.
Ce n’est pas être révisionniste que de redécouvrir les Nations et leurs intérêts particuliers. Ce n’est pas être révisionniste que de penser que l’équilibre, le désir de statu quo d’aujourd’hui, n’est pas la solution pour demain. Pas plus que de redécouvrir que la diplomatie du XVIIIe siècle est le naturel qui revient au galop parmi les nations plusieurs fois centenaires en Europe et dans le Monde.
Il est vrai que l’Union européenne n’y trouve aucune place et que ma foi, c’est bien normal pour une construction qui n’a pas eu l’aval des peuples et fut imposée par la ruse le plus souvent, la trahison en particulier. Reste, Monsieur Moïsi, que les Nations sont les seuls espaces valides et reconnus par les peuples et les cultures de ces peuples.
Vous affirmez que l’identité nationale française passe par son image internationale. C’est vrai. Mais que vous disiez : « L’action extérieure pour la France est l’équivalent des performances économiques de l’Allemagne » me choque. L’une par ses engagements extérieurs se paie par les contribuables, l’autre par des records de PIB. Pire, l’une et l’autre n’ont aucun lien, surtout pas financier.
Pour vous, il ne faut pas renouer de liens avec la Russie de Poutine car nous ne pouvons pas, dites-vous, nous mettre en contradiction avec « la centralité de la relation franco-allemande » et se faire l’avocat d’une politique unilatérale de levée de sanctions à l’égard de la Russie. Là aussi, exit les difficultés des entreprises françaises, les agriculteurs qui subissent de plein fouet les réalités de ces sanctions, tandis que l’Allemagne a une économie florissante. Jusqu’où doit aller cette solidarité avec Angela Merkel ?
La seule solidarité qui doit compter pour des dirigeants politiques français, c’est celle qu’ils doivent avoir envers le peuple de France. La charité bien ordonnée, commence par soi-même ! C’est d’ailleurs ce que fait Angela Merkel.
Monsieur le professeur Moïsi veut-il nous amarrer totalement à l’Allemagne ? Ne voit-il rien d’autre qu’un couple franco-allemand qui ferait de l’Allemagne la tête pensante et industrieuse et la France son bras armé ? La France doit redevenir indépendante et souveraine. Elle doit pouvoir faire des choix de politique internationale comme ce fut toujours le cas pendant des centaines d’années. Elle doit pouvoir avoir des relations avec tous, y compris la Russie de Vladimir Poutine.
La France n’a pas à donner des leçons de maintien à la Russie en Syrie, sous prétexte de Bachar Al Assad, de la guerre de Tchétchénie, et oublier ce qu’elle a fait à la Serbie hier, en participant au démembrement de celle-ci, en créant l’État musulman du Kosovo, et en bombardant la Libye, en renversant et en assassinant Kadhafi.
Le professeur Moïsi oublie sans doute les liens que nous avons avec l’Arabie Saoudite qui a le record absolu, avec l’Iran, des exécutions capitales. Oublie sans doute que cette Arabie fouette, lapide, décapite 10 à 15 personnes par mois, qu’elle bombarde le Yémen sans que les médias ne s’en offusquent vraiment et hurlent à l’assassinat de femmes et d’enfants. Les mêmes qui s’étalent pourtant à longueur d’antennes comme ils le font pour les bombardements sur Alep, sans que l’on sache finalement qui bombarde quoi avec la guerre des images et des intox qui vont avec. Oublie qu’avec son alter ego le Qatar, tous deux ont financé l’État islamique.
Non Monsieur le professeur Moïsi, vous n’avez pas raison de croire que la France serait plus faible si elle devenait pleinement souveraine.
Vous avez tort de croire que la France ne serait pas plus forte en étant véritablement indépendante et libre de ces choix. Plus respectée sans avoir à demander l’avis de l’Allemagne de Merkel.
Vous avez tort de penser que ce serait un mince profit de décider par nous-mêmes, pour nous-mêmes et il est donc inutile de citer l’Impératrice d’Autriche Marie Thérèse : « On ne saurait pour un profit mince, perdre sa réputation devant Dieu et devant les hommes ». Car la réputation de la France a perdu de sa valeur en perdant de sa liberté d’action. La France n’a pas de compte à rendre à qui que ce soit si ce n’est à son peuple, à ses lumières, à son universalité.
La France n’a jamais été aussi grande que lorsqu’elle assumait pleinement ses responsabilités. Aussi admirée que lorsqu’elle était dirigée par des hommes d’État ayant placé les intérêts de la France avant les leurs.
Alors oui, tous les dirigeants ne peuvent pas être des Louis XIV, des Napoléon, Clémenceau, de Gaulle. Tous ces dirigeants ont eu un point en commun, même s’ils eurent des défauts : l’amour quasi charnel de la France, elle fut toujours leur amour premier, avant même leur mère, leur fille, leur femme, leur maîtresse, la seule véritable qui a compté pour eux.
Ce que ne sera jamais cette Europe castratrice et liberticide que nous ont fabriquée ces soudards européistes, ces janissaires de l’Union Européenne ces dernières années, ces dirigeants du socialisme qui vomit chaque jour, dans les médias mainstream, sa logorrhée mortifère.
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Philippe Randa,
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