Tamerlan, le fou d’Allah
Tamerlan ou Timur- « Leng » (Timour, le boiteux) est l’exemple type de chef d’État – chef de guerre, fou de Dieu. C’est également celui qui a créé un nouveau type de génocide.
Né en avril 1336, apparenté à Temudjin (Gengis Khan) – ils descendent tous deux, à un siècle de distance, du chef turco-mongol Tumenaï –, il ne partage pas les convictions racistes du premier empereur mongol, mais il se sent investi dès la fin de son adolescence d’une mission divine, celle de convertir à l’islam sunnite l’ensemble des peuples de la terre. Pour ce faire, il sait qu’il doit, dans un premier temps, devenir l’empereur de tous les musulmans.
Il a acquis ses grandes connaissances par la fréquentation des voyageurs et des caravaniers, bien plus que dans les livres. Chef d’un petit clan de Transoxiane (l’actuel Ouzbékistan), il utilise la secte des derviches (qui sont à l’islam sunnite ce que furent les frères prêcheurs pour le catholicisme médiéval) pour s’agréger d’autres clans. C’est un administrateur rigoureux et un fin politique, dressant ses gouverneurs et ses généraux les uns contre les autres : occupés à se chamailler, ils ne s’unissent pas contre lui ; il réalise ainsi le rêve de tout chef d’État.
C’est surtout le plus remarquable tacticien et stratège de son époque, qui doit son surnom de boiteux à une blessure reçue au combat à l’âge de 27 ans. Devenu l’émir de Transoxiane à 34 ans, il guerroie jusqu’à sa mort, survenue en 1405, de la Chine à l’Anatolie et à la Transcaucasie, soumettant 27 royaumes et empires sans jamais connaître la défaite.
Son armée jouit d’une énorme supériorité technique, en l’occurrence l’arc composite à double courbure (ce qui est la reprise d’une invention d’Européens : les Scythes), plus efficace encore que le célèbre Long Bow anglais des XIVe et XVe siècles : aucune autre arme de jet ne s’est avérée plus meurtrière. Avant chaque nouvelle campagne, il rappelle à ses troupes qu’étant l’élu de Dieu, il est invincible. Il fait partager sa conviction inébranlable aussi bien à ses partisans qu’à ses adversaires, ce qui les affaiblit avant même que ne débutent les opérations de guerre : c’est son premier moyen de propagande.
C’est pour limiter la durée et le coût de ses guerres qu’il invente le génocide de propagande. On ne note point de racisme chez lui, ni même de désir de dépeupler une région pour la repeupler différemment : il tue énormément, en début de campagne, pour raccourcir la durée et le coût militaire de celle-ci. Il enlève de vive force la capitale de l’État qu’il veut conquérir, la fait piller et incendier, et fait exterminer l’ensemble de ses habitants : ainsi de Bagdad, d’Alep, de Damas, de Delhi, de Tiflis… au total, il détruit une trentaine de grandes villes.
Le but de cette extermination est de frapper de terreur la population de la province, du royaume ou de l’empire convoités et d’obtenir rapidement et à faible coût la reddition des autres villes de la région et la conversion à l’Islam de la population, ce qui est son but essentiel. Les doctrinaires US (Philipp Sheridan) et allemands (Robert von Hartmann et Friedrich von Bernhardi) des années 1860-1914, théoriciens de la « guerre courte car féroce », ne feront que reprendre sans le savoir la doctrine militaire de l’empereur ouzbek.
Ce fou de Dieu, perpétuellement victorieux, conquiert ainsi la Perse, la Syrie, l’Anatolie, le Caucase, l’Afghanistan, le nord des Indes, le Kazakhstan et le Kirghizistan, imposant sa foi et massacrant sans remords au nom d’Allah le Tout-puissant et le Miséricordieux. À sa mort, ses nombreux petits-fils font éclater l’empire. Mais, cinq générations plus tard, l’un de ses descendants, Babur le Grand, fonde l’empire Moghol des Indes en reprenant la technique de son ancêtre. Lorsque la foi alimente un délire paranoïaque, il en résulte toujours de grands malheurs pour l’humanité.
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Philippe Randa,
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