L’Unité normande, réalité historique et incertitude politique
Votre essai, L’Unité normande, réalité historique et incertitude politique, paru chez L’Harmattan en décembre dernier, vient de recevoir le prix André-Maurois décerné par la Société des écrivains normands. Pourquoi avoir postulé à un prix ?
La Normandie, réunifiée depuis janvier 2016, plus ancienne terre de France, a besoin de livres, de revues, de travaux qui valorisent la permanence de son identité. Insérée dans le magma du roman national (de plus en plus contesté…), la Normandie, née en 911, doit être reconnue, certes par le pouvoir jacobin, mais d’abord par ses propres enfants, ceux « qui en sont » et ceux qui l’ont adoptée. Or, un travail sur la Normandie a besoin d’être reconnu pour faire partie, en quelque sorte, de notre patrimoine culturel vivant !
Votre essai fait partie du patrimoine normand ?
En tout cas, mon essai tente de faire naître l’idée qu’un territoire ne peut pas s’incarner sans des hommes. Chaque pierre posée pour faire connaître la Normandie est un élément positif ! Mon livre est un apport.
Pourquoi la Société des écrivains normands ?
En faisant des recherches sur les individus « qui ont bien mérité de la Normandie », je me suis longuement arrêté sur des poètes qui, à l’aube du XXe siècle, ont fait vivre l’identité normande victorieuse face à une Europe déclinante en pleine guerre civile. L’esprit des poètes normands était de retrouver l’esprit de conquête, de Rollon, notre yarl (duc) fondateur jusqu’à Guillaume le Conquérant, fondateur d’un Empire anglo-normand en 966.
Parmi ces poètes, celui qui a le plus attiré mon attention fut Charles-Théophile Féret (1858-1928). Ses poèmes, notamment regroupés dans La Normandie exaltée (1902) sont des hymnes à une terre conquérante, à des hommes vaillants. L’exemplaire en ma possession de ce recueil est ainsi dédicacé « Hommage nordique de Charles-Théophile Féret ». La fierté nordique tranche alors avec la défaite de la France en 1871.
Et quel est le lien de Charles-Théophile Féret avec cette société d’érudits locaux ?
Eh bien, c’est Charles-Théophile Féret qui créa cette société en 1923, cinq ans seulement avant son départ vers le Walhalla. Féru de religion primordiale, Charles-Théophile évoquait ainsi fréquemment les dieux du Nord.
Il créa cette société savante pour rassembler tous les écrivains normands ou installés en Normandie. Et cette société existe toujours, près de cent ans après… N’est-ce pas un gage de permanence ?
Où exactement cette société a-t-elle vu le jour ?
Dans la belle cité fleurie et côtière d’Honfleur, chez Lucie Delarue-Mardrus. Qui se souvient de cette poétesse, romancière, historienne et journaliste normande (1874-1945) ? Savez-vous qu’elle faillit devenir « Madame la Maréchale » ? En effet, Lucie Delarue refusa les avances du capitaine Philippe Pétain, probablement parce qu’il n’était, alors, que « capitaine »…
Savez-vous également que des écrivains comme Michel de Saint-Pierre et Pierre de Villemarest en furent d’éminents membres ?
Pour en revenir à Charles-Théophile Féret, il fut longtemps présent dans la revue du Mouvement normand (MN), L’Unité normande, via cette sublime citation qui s’étalait à chaque une jusqu’en 1997 : « Servir la Normandie et non s’en servir. »
Qu’allez-vous faire de ce prix ?
Je vais le recevoir le 8 octobre prochain à Lisieux des mains du président de la Société des écrivains normands, Claude Le Roy. Je ne peux que le dédier à mes proches, à la Normandie et aux Normands… et à Charles-Théophile Féret !
Une « suite » sera-t-elle donnée à votre essai ?
La Normandie est une vieille terre. Je compte bien encore mettre en valeur cette terre qui m’a vu naître et grandir et les acteurs qui l’ont incarnée et qui l’incarnent encore aujourd’hui.
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Philippe Randa,
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